Section III:Bilan des stratégies de
développement adoptées
La Guinée-bissau à l'instar des jeunes Etats
issus de la colonisation, a entrepris plusieurs stratégies de
développement en vue d'assurer son progrès
socioéconomique.
Ces stratégies ont permis le pays de pallier quelques
instabilités macroéconomiques et de se lancer dans une voie de
progrès et de stabilisation. Néanmoins, ces stratégies
n'ont pas réalisé de grand changement et ont conduit le pays dans
une situation de dépendance. Celle-ci s'explique tout d'abord par le
manque d'un cadre favorable à la mise en place desdites
stratégies. Ensuite, leurs limites s'expliquent par inadéquation
de ces politiques aux réalités du
Pays. 10
9 Source : rapport de mise en oeuvre du programme d'action de
Bruxelles en faveur des Pays les moins avancés pour la décennie
2001-2010, juin 2006.
10 Source : Afrique histoire, économique, politique
1998-2001.
Pour une meilleure compréhension, nous repartirons
cette section en deux volets: le premier analyse l'impact de ces
stratégies sur le plan politique, économique et social. Et le
deuxième analysera l'origine théorique de l'échec.
A/ L 'impacts politiques et socioéconomiques des
stratégies retenus
Les stratégies adoptées notamment celles des
années 1987 et 1988 ont donné des résultats
considérables. Leur application a permis une augmentation notable de la
production et des exportations du pays, une ouverture de l'économie de
marché et au secteur privé. Le programme d'ajustement structurel
a entraîné des changements très profonds dans
l'économie du pays et presente des aspects incontestablement positif au
niveau macroéconomique (taux de croissance compris entre 4 et 5% ;
réduction de l'inflation de 65% en 1996 à 17% fin 1997 ;
amélioration des avoirs extérieurs).1 1
Toutefois, la dette extérieure s'est fortement accrue
au cours des dix dernières années correspondant aux phases
d'ajustement structurel, le stock de la dette(moyen et long terme pour
l'essentiel) passant de 424 millions de dollars en 1987 à 914 en 1996.
La dette bilatérale est désormais largement supérieure
à la dette multilatérale alors qu'elles étaient
pratiquement identiques en 1987. Le niveau d'endettement qui atteignait
prés de deux fois le PIB en 1987 et dépasse actuellement 3,5 fois
celui-ci, pèse lourdement sur une économie nationale peu
diversifiée où le poids du secteur primaire est
prédominant.
En plus, le prix du riz a évolué en
conséquence. Ajouté aux effets du désengagement de l'Etat
de circuits de commercialisation et à une bonne pluviométrie,
cela a permis une croissance substantielle de la production rizicole.
Cependant, ce plan presente des insuffisances, car l'inflation
n'a pas pu être maîtrisée, ni la politique d'octroi des
crédits au secteur privé. Il a eu des conséquences
sociales négatives : une pression fiscale accentuée pour les
paysans et une baisse du pouvoir d'achat pour les fonctionnaires. Ces
conséquences négatives sur le plan social, ont
tout particulièrement touché la fonction publique et les
entreprises publiques avec notamment le licenciement de quelques 1500 agents de
la fonction publique.11
De ce fait, pour compenser les effets néfastes du plan
au niveau social, les aides bilatérales ou multilatérales ont
élaboré des projets visant la conversion des personnels dans des
programmes de travaux publics, des petites entreprises, le marché
privé de l'emploi, en ayant recours principalement à la formation
professionnelle. Trois programmes sont à cet égard significatifs
: le programme spécial de travaux publics, le projet cellule de
reconversion, le projet banque mondiale d'aide sociale et d'infrastructure.
Mais ces programmes ont eu de rendements peu nsignificatifs sur le plan de la
réinsertion dans le meilleur de cas, les emplois procurés aux
« déflatés » ont été des emplois
temporaires et les objectifs fondamentaux des programmes n'ont pas
été remplis.
Ainsi, la mise en place des politiques et stratégies de
développement depuis l'accession à l'indépendance ne s'est
pas traduite, au cours des décennies passées par un
progrès économique et social à l'hauteur des
espérances. Une analyse des insuffisances desdites stratégies
serait à cet égard nécessaire en vue d'en éventuel
apport d'alternatifs susceptibles de combler ces lacunes.
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