B/ Les stratégies globales de
développement
La population Bissau-guinénne était de 767 000
habitant en 1979, repartie entre la capitale et 3 600 petites
agglomérations.
Du point de vue de l'emploi, signalons qu'en 1986, on estimait
à 395 600 les personnes actives effectivement une population
virtuellement active de 668 500 personnes.5 Le secteur informel
représente 80% des emplois, contre 20% au secteur moderne
formalisé. Bissau la capitale est le noyau de l'économie
monétaire de l'administration publique, du secteur des entreprises.
Toutefois, au niveau des qualifications, l'emploi formel fait
appel à 2% du personnel hautement qualifié, le reste étant
peu ou pas qualifié. Se pose de plus en plus le problème du
chômage notamment des cadres hautement qualifiés,
5 Source : Etude concernant la dimension, le coût et
l'efficacité de la fonction publique de la Guinée-Bissau
réalisée par le département de la coopération
technique au développement et le PNUD, avec le projet INT/90/R78.
mais aussi des jeunes attirés par les centres urbains
sans y trouver d'emploi. De plus, le secteur public étant en crise par
la restructuration ou la liquidation notamment des entreprises publiques,
l'Etat a pris des mesures et politiques pour faire face à cette
situation.
De 1974 à 1980, on assiste à la phase de
nationalisation de toutes les infrastructures économiques et sociales du
Pays avec un interventionnisme remarquable du gouvernement. Mais le cadre
économique du Pays présentait de très graves
altérations(bas niveau de production interne, déficit du budget
de l'Etat, haut niveau d'endettement extérieur) les autorités
adoptèrent en 1983 un programme de stabilisation économique et
financière, suivi en 1987 d'un vigoureux plan d'ajustement structurel
visant un rééquilibrage des balances de payements à partir
d'un développement de l'agriculture et des exploitations, la limitation
de la demande interne, la réduction progressive du poids du secteur
public, en faveur du développement de l'initiative privée. Ce
plan impliquait outre une politique de change adéquate, une politique de
libéralisation progressive des changes, une politique fiscale et
monétaire, axée sur la priorité aux infrastructures de
production économique et de restructuration de la dette
extérieure.
En 1987, l'application de ce plan permit une augmentation
notable de la production et des exportations du Pays, une ouverture à
l'économie de marché et au secteur privé. Le plan, on l'a
dit, a entraînées des changements très profonds dans
l'économie du Pays, et presente des aspects incontestablement positif
mais aussi des insuffisances au niveau macroéconomique.
Par ailleurs, la décennie 90 a été
marquée par l'adoption de plusieurs stratégies de
développement dont nous citons les plus importantes : la
stratégie du premier gouvernement issu des premières
élections pluralistes organisées dans le Pays s'appuyant sur les
processus de décentralisation politique démarré en
novembre 1994 avec l'objectif, concourir à la restructuration de
l'économie tout en essayant de répondre à une pression
politique grandissante pour une plus
grande démocratisation des institutions. De même
que, renforcer les capacités d'initiative des structures administratives
locales. La loi de décentralisation n'a cependant été mise
en application qu'en 1997.
La période poste électorale était
caractérisée par le retour à la priorité
économique. C'est ainsi, qu'en 1995, un deuxième programme
d'ajustement structurel a été négocié avec les
institutions internationales à l'instar de la Banque Mondiale et le Fond
Monétaire international, visant à prendre d'urgentes mesures
sociales dans un Pays où le chômage frappait 40% de la population
active.6 Cette année a été aussi marquée
par un débat chaud concernant la mise en oeuvre d'un plan
d'aménagement du territoire appelé plan d'occupation du sol dont
l'application est encore à désirer.
En outre, la dépréciation continue du Peso
guinéen (la monnaie nationale de cette époque là), non
convertible a dissuadé les investisseurs étrangers, malgré
les opportunités offertes par le secteur touristique, halieutique et
minier. Pour remédier cette situation, le gouvernement a plaidé
en faveur de son intégration au sein de la zone franc. Le principe d'une
adhésion à l'union économique et monétaire ouest
africaine (UEMOA) a été acquis le 10 mai 1996, à l'issu du
sommet des chefs d'Etat de cette communauté.7
Demandée depuis 1986, l'entrée a
été officialisée le 31 mars 1997. Cette adhésion
s'est traduite par l'admission de Bissau le 2 janvier de la même
année au sein de l'UEMOA. On se demande alors quels sont les enjeux de
cette intégration régionale ? Selon Mustapha Ka « en Afrique
en cette aube du 21 siècle, l'heure est à la définition
des alternatives aux stratégies actuelles de développement. Car,
aussi bien les Etats et les peuples reconnaissent la faillite des choix
opérés jusqu'ici. Faillite largement imputable à la
faiblesse intrinsèque
6 Source : Afrique histoire économique et politique
1998-2001.
7 L'union économique et monétaire Ouest africaine
se compose avant l'adhésion de la Guinée-Bissau de 7 Etats
membres (Bénin, Burkina Faso, Cote d'Ivoire, Mali, Niger,
Sénégal et Togo).
des micros nations nées des indépendances.
D'où un intérêt accrû pour les modèles
privilégiant l'interdépendance et le co-développement
>>.8
L'intégration est un préalable au
développement, car elle donne toujours le primat à la
justification et aux remèdes économiques.
Dans son livre au titre évocateur « l'Afrique
a-t-elle besoin d'un programme d'ajustement culturel ? >> Daniel Etounga
Manguelle nous rappelle opportunément que c'est grâce au
marché commun européen que des pays comme la Grande Bretagne ou
l'ancien République Fédérale d'Allemagne ont pu augmenter
de façon spectaculaire leur productivité agricole.
L'intégration régionale représenterait donc pour la
Guinée-bissau, un moyen de maximiser sa performance productive à
l'heure de la mondialisation d'une part, et de minimiser les risques de rater
les opportunités offertes par ce processus d'autre part.
Toutefois, dans le cadre des engagements pris lors de la
troisième conférence des Nations Unies sur les Pays les moins
avancés à Bruxelles en mai 2000, la Guinée-Bissau a
déployé des efforts particuliers en dépit d'une situation
politique difficile pour définir les politiques devant contribuer
à la reforme de l'administration publique, la réduction de la
pauvreté et la réalisation des objectifs du millénaire
pour le développement (OMD).
La stratégie nationale de réduction de la
pauvreté (DENARP) dont la version intérimaire avait
été élaborée en 2001 a été
finalisée en 2004. Elle a pour principaux axes renforcer la gouvernance,
moderniser l'administration publique et assurer la stabilité
macroéconomique, promouvoir la croissance économique et la
création d'emploi, augmenter l'accès aux services sociaux et aux
infrastructures de base ainsi qu'améliorer les conditions de vie des
groupes vulnérables.
8 Développement et société,
l'intégration un préalable au développement Ethiopiques
n°54 revue semestrielle de culture negro-africaine nouvelle série
volume 7 2ème semestre 1991.
Nonobstant son importance, la mise en oeuvre de cette
stratégie reste compromise. Car les difficultés
financières que connaît le pays depuis quelques années dues
à l'instabilité politique ne l'ont pas permis jusque là de
mettre à terme cette stratégie dont le financement devait reposer
à plus de 80% sur les ressources extérieures.9
En somme, les différentes stratégies de
développement précitées ont donné de fruit, car
elles ont permis d'une part au gouvernement de renoncer depuis 1986 son
dirigisme économique grâce à l'application de programme
d'ajustement structurels successifs, touchant l'agriculture et
accompagné d'une politique de stabilisation économique. D'autre
part, elles semblent porter leurs fruits mais n'ont pas réussi à
réduire l'extrême fragilité de l'économie.
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