Cette perspective tient en considération deux
réalités : l'une est en rapport aux exigences d'un monde de plus
en plus bouleversé par les processus de la mondialisation et
démocratisation. L'autre tient en considération aux
réalités internes du Pays en ce qui concerne l'inexistence de la
démocratie locale et participative.
Face à cette situation, la politique de centralisation
politique et administrative n'est plus viable car l'Etat centralisé
apparaît de plus en plus comme un frein au développement local.
Celui-ci est incapable de réaliser le développement
économique et social et de lutter contre la pauvreté sans aucune
action participative accentuée des populations.
Cependant, l'implication des différentes franges de la
population à tous les niveaux (surtout dans la prise de décision
des affaires les concernant) par leur
participation aux audiences publiques, qui a comme
préalable l'information et la consultation, et à toutes les
étapes de la réalisation de leur projet social, est-elle une
règle sur laquelle la Guinée-Bissau doit s'accorder.
Il est donc opportun voire nécessaire d'harmoniser la
collaboration des différents acteurs(Etat-population) par l'instauration
d'un cadre participatif permettant à chaque composante de la
société d'apporter sa pierre à l'édifice social en
création.
Il est donc à souligner, sans retenue aucune et avec
une assurance certaine, qu'aucune révolution, qu'aucune reforme,
qu'aucun programme ou projet social, en somme aucun développement
à travers une bonne gouvernance ne peut être un succès
durable dans la lutte contre la pauvreté sans l'engagement des
populations à le porter. Et, dès qu'elles cessent de l'assurer,
il s'alourdit, s'essouffle et s'effondre.
La démocratie locale et participative apparaît en
effet comme le mode de gouvernement et de gestion locale le mieux adapté
à cette thématique.
Il convient de noter que l'expression « démocratie
participative » recouvre des réalités fort
différentes selon les contextes où elle est mise en
place.26
L'expression démocratie participative est en
réalité souvent employée pour designer l'ensemble des
mécanismes de participation mis à disposition de l'ensemble des
acteurs locaux pour influencer le processus décisionnel local. Il existe
ainsi des mécanismes d'information, de consultation, de
délibération ou bien encore de concertation.
Parmi les nouveaux acteurs de la scène politique
locale, figure le citoyen qui retrouve dans l'éventail des
mécanismes de participation décrits plus haut les moyens de faire
connaître son opinion et influencer la prise de décision des
élus locaux. Des instances spécifiques sont à créer
pour permettre l'existence de cette nouvelle forme de citoyenneté :
conseils de quartier, comités de citoyen etc.
26 Bherer et Collin, 2004.
Toutefois, il est important de signaler que, comme en
Guinée-Bissau il n' y a pas encore eu, une politique de
décentralisation dans le vrai sens du terme, associée à
l'inexistence totale des élections communales et locales, l'instauration
de cette démocratie locale et participative est une condition sine que
non pour la réussite de cette perspective qui est la gouvernance
locale.
La démocratie participative coffrerait la
possibilité de créer des cadres susceptibles de favoriser la
culture démocratique et participative, à titre d'exemple ; mis en
place de conseils de quartier, des conseils communaux des jeunes, association
d'éducation populaire et d'animation des jeunes.
L'importances de ces structures pour la promotion de la
démocratie locale et participative s'explique par ce qui suit :
l'initiative appelle l'initiative. Elle donne des idées, des envies et
des désirs d'agir dans un territoire où on sent que les choses
bougent, que des choses sont possibles. Deux conditions toutefois pour
réussir : se rassembler, agir collectivement, et travailler en
permanence à la démocratisation interne et externe de ce
collectif (interne : prise des décisions / externe : s'ouvrir à
l'ensemble des catégories pouvant être intéressés,
de près ou de loin, pour l'action du collectif).
Ainsi, il importe de prendre conscience du fait que la mise en
oeuvre de la démocratie participative ne s'opposera pas à la
démocratie représentative. Elle la complète en permettant
aux citoyens d'avoir une prise sur leur environnement local, et d'exercer un
certain pouvoir sur la décision à l'échelle locale. Elle
suscitera une transformation du rôle du citoyen, appelle une
redéfinition de la citoyenneté et pose largement la question du
pouvoir.27
En somme, pour un éventuel mis en oeuvre de la
gouvernance locale en Guinée-Bissau, les pouvoirs publics doivent
inscrire leurs démarches et perspectives de développement dans la
logique de ce que nous avons soulignés ci-dessus. L'application de ces
conseils est l'une des conditions capitale pour la mise en oeuvre et le
succès de la gouvernance locale.
27 Bacqué et Sintomar, 2005.