Chapitre II : Les conditions pour la mise en oeuvre de
la gouvernance locale
Au niveau de ce chapitre il est question d'analyser le cadre
pratique afin de voir les possibilités nécessaires pour asseoir
la gouvernance locale. Sur ce, la première section décrit et
analyse le contexte global du pays dans le domaine des politiques publiques et
la faisabilité de cette démarche. La deuxième section
abordera les conditions pour l'assis de la gouvernance locale.
Section I: Analyse du paysage politico administratif et
des possibilités de l'application de la gouvernance locale
A/ Paysage politico administratif
A l'indépendance du pays en 1974, le parti africain
pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, d'orientation
marxiste n'a pas pour autant supprimé le modèle d'administration
indirecte, mais appliquait une administration directe et centralisatrice. Dans
les années 80, une tentative de mise en place des mesures de
déconcentration et de décentralisation a été
initiée dans les régions, avec l'objectif de renforcer les
capacités d'initiative des structures administratives locales, mais
encore dans une phase très embryonnaire.
Il convient de signaler que le processus de
déconcentration s'est démarré avant celui de la
décentralisation. Initié dès 1986 leur forme
prédominante en fait unique, a été une forte
déconcentration des services centraux de l'Etat. Celle-ci, est purement
formelle dans la mesure où les échelons locaux étaient
complètement marginalisés.
La décentralisation malgré la place qu'elle
occupait dans l'imaginaire des autorités publiques, son processus s'est
démarré qu'en décembre 1994 comme un complément du
processus de privatisation et de deconcentration initié dès 1986.
La loi de la décentralisation n'a cependant était mise en
application qu'en 1997.
Cette loi attribuait aux régions et aux secteurs de
nouvelles fonctions de décision, exécution et contrôle,
laissant toutefois la responsabilité de gérer le financement du
développement au niveau central. La décision de
décentralisation s'est révélée être plus
clairement encore, une décision purement formelle dans la mesure
où aussi bien le niveau intermédiaire que le niveau local n'ont
reçu aucune nouvelle ressource les permettant de faire face aux
nouvelles fonctions impliquées par la décentralisation. Les
pouvoirs des autorités en charge des entités
décentralisées sont donc quasi-inexistants.
Face à cette réalité, peut-on parler de
la décentralisation ? Certes que non, car la décentralisation
suppose avant tout un transfert de pouvoir aux entités
décentralisées et une application de ce dernier pour assurer la
gestion des affaires publiques. Aussi, elle suppose un exercice de la
démocratie locale et participative. Or, tel n'est pas le cas en
Guinée-Bissau. On assiste l'insuffisante volonté politique de
prendre en compte les aspirations des populations dont témoigne
l'inexistence d'élection communale et locale. L'absence combinée
de modalité de coordination entre les trois niveaux du gouvernement,
faible représentativité de la société civile et
manque de tradition de participation des organes locaux dans les processus
décisionnels. Face à ce constat, il n'est nullement question de
parler de la décentralisation. D'où la nécessité
d'envisager des possibilités susceptibles de favoriser la mise en oeuvre
de la gouvernance locale.
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