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Gouvernance locale en Guinee Bissau

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par Quade QUINTINO
Université Mohammed V - Maitrise 2002
  

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B/ La cristaiisation de la gouvernance

Dans cette section, il n'en sera pas question de plonger dans les siècles pour chercher les origines de la gouvernance. Nous la cherchons tout simplement dans le dernier quart du 2oème siècle.

L'idée de gouvernance indique au moins deux évolutions : les frontières entre public et privé se sont effacées sous l'emprise de la globalisation. Public et privé s'interpénètrent. Le public requiert aujourd'hui, la participation du privé : par exemple, quête de parrainages, en particulier financiers. Le privé se trouve conduit à assurer des tâches publiques ; Ainsi l'entreprise dite citoyenne, assumant des actions de charité ou des opérations culturelles.

En somme, « le public, désacralisé, n'est plus au-dessus de la société, il en est une des dimensions, essentielle mais coopérer, sur une base de moins inégale, avec le privé ».17

La deuxième évolution s'explique par la transformation de l'intérêt général, car celui-ci, est devenu une construction multiforme ouverte et permanente. Ce qui justifie son passage de l'ère des gouvernements à l'ère de la gouvernance

17 Philippe Moreau DEFARGES la gouvernance, éd. PUF 2003.

(l'intérêt général se construit et circule appartenant temporairement à celui que l'exploite).

C'est dans cette perspective que J.P. Gaudin nous dit : << la gouvernance, ce serait tout bonnement de l'action publique en réseau, une pratique relationnelle de coopération non prédéfinies et toujours à réinventer, à distance des armatures hiérarchiques du passé et des procédures de négociation, l'ajustement entre acteurs n'en reste pas moins nécessaire. La négociation en réseaux apparaît comme un mode de coordination entre action, impliquant objectifs et moyens, systèmes de valeurs et logique d'intérêts. Et cela par des procédures d'interaction et de négociation systématique>>.18

Toutefois, cette construction et affirmation de la gouvernance se sont réalisées dans les différents domaines au cours de l'histoire. Le mot << gouvernance >> apparaît en 1937 dans un article << the nature of de firme >> écrit par Ronald COASE, économiste américain.

Dans les années 70, certains économistes définiront la gouvernance comme des dispositifs mis en oeuvre par l'entreprise pour mener de la coordination interne en vue de réduire les coûts de transaction que génère le marché. On parle alors de gouvernance de l'entreprise.

Aujourd'hui, la << corporate gouvernance >> a pour objet de fixer de nouvelles règles du jeu entre les dirigeants et les actionnaires. En fait, sur le triple effet de la mondialisation, de la globalisation financière et de la circulation accélérée des capitaux, les actionnaires exigent un modèle de << gouvernement d'entreprise >> prenant acte des nouvelles perspectives offertes par la globalisation financière sous l'influence de la réglementation des marchés financiers, la << corporate gouvernance >> vise à supplier les manques du droit des sociétés les devoirs des dirigeants vis-à-vis des actionnaires : loyauté, transparence, efficacité, etc.

Dans les années 80, les institutions internationales à l'instar, de la Banque Mondiale et du fond Monétaire International, s'emparent de l'expression << good

18 Gaudin J.-P. (2002), pourquoi la gouvernance ? Paris, presses des sciences PO.

gouvernance >> pour définir et préciser les critères d'une bonne administration publique applicables à des Pays fortement incités en échange de prêt à mettre en place des reformes institutionnelles utiles à la réussite de leurs programmes économiques.

Cette perspective pénètre l'espace étatique, selon une logique analogue à celle des entreprises. L'Etat n'est plus une entité fermée et souveraine, ne rendant de compte qu'à elle-me. << La souveraineté étatique, dans son sens le plus fondamental, est en plein redéfinition. Les Etats sont maintenant largement considérés comme des instruments au service de leur peuple et non l'inverse. Au même moment, la souveraineté de l'individu est renforcée par une conscience nouvelle et en plein diffusion des droits individuels >>.19

L'accord de Cotonou (juin 2000) partenariat entre l'Union européenne et 77 Pays de ACP(Afrique, Caraïbe et pacifique), définit dans son article 9, la bonne gouvernance comme << gestion transparente et responsable des ressources humaines, naturelles, économiques et financières dans des buts de développement équitable et durable>>.

En 1997, lors de la crise asiatique, la Banque Mondiale reconnaît que le marché ne peut assurer une allocation optimum des ressources et réguler les effets pervers de la globalisation.

Définir une doctrine de << gouvernance mondiale >>, c'est admettre le postulat que les pratiques traditionnelles de gouvernement fondées sur la coopération internationale entre Etats-Nations ne permettent plus de résoudre les problèmes issus de la mondialisation. Il s'agirait donc de définir un corps de valeurs universelles qu'inspirerait les bonnes pratiques tant au monde des affaires qu'aux gouvernements aux organisations chargées de la régulation de la mondialisation.

19 Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies, 1999.

Par ailleurs, pour des raisons analytiques, il est souhaitable de distinguer entre trois dimensions de la gouvernance, que l'on désigne souvent comme gouvernance politique, gouvernance économique et gouvernance sociale. La gouvernance politique se rapporte au processus par lequel la société s'organise et gère ses affaires ; la gouvernance économique à l'articulation de politique, se rapporte à des procédures et mécanismes organisationnels nécessaires pour la production et la distribution des biens et des services ; et la gouvernance sociale au système valeurs et croyances sur lequel reposent les comportement sociaux et la prise de décision politique.

Ces trois dimensions sont interdépendantes. La gouvernance sociale est responsable de la base ou fondation morale de la gouvernance économique et politique. De son coté, la gouvernance économique fournit la fondation matérielle des gouvernances sociale et politique. Quant à la gouvernance politique, elle représente la dynamique organisationnelle de base pour les gouvernances sociale et économique. Elle est, par conséquent le facteur de l'ordre et de la cohésion d'une société.

Nonobstant l'importance des différentes sphères de gouvernance citées plus haut, notamment, la bonne gouvernance et la gouvernance mondiale associées aux trois dimensions que nous venons juste d'analyser, il me semble que la sphère locale qui est le terrain le mieux adapté pour renforcer des liens sociaux et maintenir la cohésion sociale afin de construire une conscience collective. Elle constitue de ce fait, une « école de formation » et de prise de conscience de la nécessité de bâtir un monde dans lequel tout être aura la possibilité de combler ses aspirations et besoins.

Conscient de l'importance de cette sphère de gouvernance, nous allons dores et déjà la définir et essayer de démontrer ses rapports avec le développement.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault