3-6-2-5-3-3/ La fertilisation et les interactions entre
éléments
Il est connu que la fumure influence la teneur en
éléments minéraux des feuilles, soit directement par
l'élément apporté, soit indirectement par antagonisme avec
un autre élément (DETOMASI et SCHWARZ, 1995).
Généralement, une augmentation ou une diminution
dans l'application d'azote de 10% change la teneur des feuilles en azote de
0,1% (ANONYME, 2003b) in (BENSAADI, 2004).
CHEVALIER (1969) in DUDE (1978), indique que
la réponse au phosphore est très difficile à montrer en
arboriculture, en raison de la faible efficacité des apports d'engrais
phosphatés en surface. Leur action serait lente, de même que pour
le calcium.
VAN DER BOON (1964) in BENTAYEB (1998), note
que la teneur en potassium de la feuille du pommier (variété
Jonathan greffée sur M9) augmente, suite à des apports de
potasse, par contre, les teneurs en magnésium et calcium de la feuille
diminuent.
BRETAUDEAU et FAURÉ (1992),
signalent que l'utilisation des formes sulfatées des engrais se
répercute positivement sur la réserve des arbres en soufre.
Les effets de concentration et de dilution des
éléments minéraux dans les plantes sont des
phénomènes communs qui doivent être attentivement
considérés dans l'interprétation des résultats en
terme d'antagonisme ou synergisme pendant l'absorption (Anonyme.,
2006).
La théorie de l'absorption d'un élément
minéral par les végétaux montre qu'elle ne se fait pas de
manière indépendante des autres éléments. Le plus
souvent on a un antagonisme : une teneur élevée de l'un
d'entre eux dans la plante peut freiner, voir empêcher la
pénétration d'un autre élément (LOUE et
al., 1984).
3-6-2-5-3-4/ L'état de santé et Les
traitements phytosanitaires
Les maladies infectieuses et parasitaires ainsi que les
ravageurs induisent des troubles physiologiques qui se traduisent le plus
souvent par des symptômes de carences (KHELIL, 1989), il
en est de même pour les traitements phytosanitaires (TROCME,
1970) in (LOUE, 1993).
BOYNTON et COMPTON (1975) in DUDE (1978), ont
montré que des perturbations dans le fonctionnement des racines et des
tissus conducteurs et assimilateurs étaient susceptibles
d'entraîner une diminution de la teneur des feuilles en K, Mg et N.
Pour l'abricotier, le premier travail à ce propos a
été réalisé par CHANDLER et al.
(1935) in (MATRIN PRÉVEL et al.,
1984) et qui a abouti à corréler le
phénomène de feuilles en rosettes ou "Little leaf" et les
très faibles teneurs en zinc de ces organes.
Et comme les perturbations sanitaires provoquent des
variations de la composition minérale des feuilles, les traitements
phytosanitaires le font aussi. (LEFEVRE et CHAMET,
2002), publiant des résultats des essais conduits sur
abricotier, ont signalé que l'application d'engrais foliaire à
base de manganèse pour traiter la rouille, la variété
Bergeron connue par sa grande sensibilité à cette maladie,
présente une phytotoxicité. Aussi, Monilia laxa sur
fleur est l'un des problèmes les plus difficiles à gérer
en agrobiologie. Le seul moyen de lutte autorisé contre cette maladie en
agriculture biologique est le cuivre avec le risque de phytotoxicité
qu'il peut occasionner.
3-6-2-5-3-5/ La taille
Chez les plantes pérennes cultivées, la taille
peut également modifier l'absorption et l'accumulation des
éléments nutritifs (MARTIN PREVEL et al.,
1984).
GAUTIER (1987) indique qu'une taille courte
en hiver augmente le taux d'azote, la taille d'été souvent
recommandée, elle contribue à diminuer le rapport
K+/Ca++ du fruit (PERRING et al., 1974.,
BUNEMANN et al., 1980) in (MARTIN PREVEL et al.,
1984).
LAMONARCA (1985), affirme que la taille des
arbres à une influence considérable sur les exigences
nutritionnelles.
3-6-2-5-4/ Facteurs dus aux conditions du
milieu
3-6-2-5-4-1/ Le climat
GALLIA et al., (2004), signalent que
la composition minérale des feuilles est cohérente avec les
conditions climatiques de l'année précédente. Des
conditions climatiques défavorables conduisent à de faibles
teneurs en bore et en zinc des feuilles d'abricotier.
Les étés secs favorisent l'apparition d'une
carence en bore, parfois les températures anormalement basses au
printemps provoquent également cette carence (COC et COPPNET,
1989).
RYSER et HELLER (1997b), signalent que le
climat peut jouer un rôle déterminant dans la disponibilité
du manganèse pour les plantes, en effet, une déficience en
manganèse peut être aggravée quand le climat est froid et
humide, ou lors d'étés secs.
TREMBLAY et al. (2001), indiquent
qu'un temps ensoleillé et chaud améliore l'absorption de l'azote
puisque la vitesse de la photosynthèse est plus élevée
dans de telles conditions
3-6-2-5-4-2/ Le sol
Nous savons que la richesse du sol et les proportions des
bases échangeables influencent directement la nutrition minérale
de la plante. Les interactions et antagonismes entre éléments
très complexes au niveau du sol parfois ne permettraient cependant pas
d'utiliser le diagnostic foliaire comme un guide de fertilité
très fiable (FORESTIER, 1986).
La faiblesse des teneurs en argiles dans un sol a un effet
bénéfique sur l'alimentation de la culture en potassium, puisque
un sol léger contenant peu d'argiles (mois de 100%o) assurera une
meilleure alimentation potassique qu'un sol contenant plus de 400%o d'argiles
(CALVET et VILLEMIN, 1986).
Le pH du sol exerce également une influence sur
l'assimilation et la disponibilité des éléments
minéraux et par conséquent, influence la composition de la plante
(HELLER, 1977) et (MARTIN PREVEL et al.,
1984).
3-6-2-6/ Notion de normes ou valeurs
standard
Les résultats de l'analyse foliaire sont
exprimés en pour cent de matière sèche (%MS) ou en ppm
pour les oligo-éléments, une analyse foliaire ne peut être
interprétée que comparativement aux données de
référence locale. Celles-ci recueillies par
expérimentations spécifiques ou par enquêtes sur des
vergers en bon état et peuvent servir de base à
l'établissement de valeurs standards de référence
(tableaux : n° 11 et n° 12), elles sont encore peu nombreuses sur
l'abricotier.
GAUTIER (1975) signale qu à l'aide du
diagnostic foliaire nous cherchons à établir pour chaque
élément minéral des niveaux critiques (Figure n° 07),
c'est à dire une limite supérieure et une limite
inférieure, entre lesquelles l'état de santé de l'arbre
est jugé satisfaisant.
Ce qui est important dans le diagnostic des désordres
nutritionnels par l'analyse de la plante c'est les niveaux critiques de carence
et de toxicité de chaque élément nutritif dans la plante.
La croissance est maximale entre les niveaux critiques de carence et de
toxicité (figure n° 07). En pratique et pour plusieurs raisons, les
niveaux critiques ne sont pas des valeurs fixes mais des intervalles de
valeurs. D'habitude, les niveaux critiques sont définis comme des
niveaux auxquels la croissance ou le rendement est 5 à 10 % au dessous
du maximum (Anonyme, 2006).
Donc, la zone limitée par les niveaux critiques de
carence et de toxicité corresponde les valeurs d'alimentation optimale
que l'on considère comme satisfaisante (consommation de luxe),
l'étendue de cette zone varie selon les espèces et peut aussi
être différente suivant les variétés et le climat
(MARTIN PREVEL et al., 1984).
LEECE (1975) in LICHOU et AUDUBERT (1989),
propose l'utilisation de norme (tableau n° 11) pour
l'interprétation des résultats du diagnostic foliaire sur
l'abricotier (feuilles médianes, d'un verger de pleine production).
De même, la station de recherche agronomiques de
Changins-Suisse (R.A.C., 1976) in
(BERTSCHINGER et al., 2003), propose des
références du diagnostic foliaire en arboriculture, stade 75
à 105 jours après la plaine floraison, pour l'abricotier les
normes sont mentionné dans le tableau n° 12.
Tableau n° 11: Classe des teneurs en
éléments minéraux des feuilles d'abricotier en
Australie.
Elément :
|
Déficient
|
Faible :
|
Normal :
|
Elevé :
|
Excessif :
|
Pour cent de matière sèche
|
N
|
<1.7
|
<1.7 - 2.3
|
2.4 - 3.0
|
3.1 - 4.0
|
>4.0
|
P
|
<0.09
|
<0.09 - 0.13
|
0.14 - 0.25
|
0.26 - 0.40
|
>0.40
|
K
|
<1.0
|
<1.0 - 1.5
|
1.6 - 3.0
|
3.1 - 4.0
|
>4.0
|
Ca
|
<1.0
|
<1.0 - 1.4
|
1.5 - 3.0
|
3.1 - 4.0
|
>4.0
|
Mg
|
<0.20
|
<0.20 - 0.29
|
0.30 - 0.80
|
0.81 - 1.10
|
>1.10
|
|
|
|
<0.02
|
0.02 - 0.50
|
>0.50
|
|
|
|
<0.3
|
0.3 - 0.6
|
>0.6
|
ppm de matière sèche
|
Fe
|
<60
|
<60 - 99
|
99 - 250
|
251 - 500
|
>500
|
Cu
|
<4
|
<4 - 5
|
5 - 16
|
17 - 30
|
>30
|
Mn
|
<20
|
<20 - 39
|
39 - 160
|
161 - 400
|
>400
|
Zn
|
<15
|
<15 - 19
|
19 - 50
|
51 - 70
|
>70
|
B
|
<20
|
<20 - 24
|
24 - 60
|
61 - 80
|
>80
|
(LÉECE et al., 1975) in
(LICHOU et AUDUBERT, 1989).
Tableau n°12 : Classe des teneurs en
éléments minéraux des feuilles d'abricotier.
Elément :
|
Très faible
|
Faible
|
bon
|
élevé
|
Très élevé
|
N
|
<2.19
|
2.19-2.40
|
2.40-2.80
|
2.80-3.01
|
>3.01
|
P
|
<0.133
|
0.133-0.159
|
0.159-0.209
|
0.209-0.235
|
>0.235
|
K
|
<2.30
|
2.30-2.58
|
2.58-3.14
|
3.14-3.42
|
>3.42
|
Ca
|
<1.61
|
1.61-1.90
|
1.90-2.46
|
2.46-2.75
|
>2.75
|
Mg
|
<0.276
|
0.276-0.347
|
0.347-0.487
|
0.487-0.558
|
>0.558
|
(R.A.C., 1976) in (BERTSCHINGER et
al, 2003).
PREVOT et OLLAGNER, (1956) in MARTIN PREVEL et
al., (1984).
Figure n° 07 : Croissance et rendement de la
plante en fonction des teneurs en éléments minéraux
foliaires.
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