3-3/ L'estimation des exportations
Les arbres fruitiers restent longtemps sur le même
terrain, les éléments qu'ils prélèvent dans le sol
chaque année servent à la constitution ou au grossissement des
différents organes qui restent sur la parcelle (charpente, racines et
feuilles) ou sont exportés (fruits et parfois bois de taille).
Les besoins réels en éléments
fertilisants correspondent donc à la somme des
prélèvements exportés et des prélèvements
immobilisés. Ce mode de calcul conduit à surestimer les besoins
réels car dans les prélèvements destinés aux
parties ligneuses une certaine proportion correspond à des
réserves, sans doute, réutilisables (HUGUET,
1978).
La connaissance de ces exportations en différents
éléments notamment au niveau des organes pérennes, permet
d'ajuster les doses des essais de fertilisation et donc de mieux
contrôler l'état nutritionnel du verger.
3-4/ Le profil cultural
Toute nouvelle plantation doit être
précédée de la réalisation d'un profil cultural,
seul capable d'apporter un certains nombre de renseignements précis sur
l'état physique, chimique et biologique du sol. De nombreux conseilles
proposés doivent être corrigés en fonction de
critères appréciables aux moyen du profil.
La profondeur utile du sol, son état structural,
l'importance de l'activité biologique, la circulation de l'eau, sont des
éléments qui agissent sur la disponibilité en
élément fertilisants. Enfin, le choix d'un mode d'irrigation ou
d'une technique d'entretien du sol peut être facilité par la
connaissance de l'état de la parcelle au moyen du profil cultural.
Des problèmes agronomiques particuliers
(dépérissement, tassements, problèmes nutritionnels....)
peuvent être mieux expliqués par l'observation de
différents horizons du sol d'un verger en place.
Dans tous les cas, la réalisation et
l'interprétation d'un profil cultural demandent, outre de bonnes
connaissances en pédologie et en agronomie et une expérience
certaine afin d'en tirer le maximum d'enseignements (GERMAIN et
al., 1999).
3-5/ L'analyse du sol
Une analyse complète du sol et du sous-sol est
indispensable avant plantation, elle permet d'établir la "carte de
visite" de la parcelle, et comprend au minimum une analyse
granulométrique, la teneur en matière organique, le pH, le
calcaire total et éventuellement le calcaire actif, la CEC, et la teneur
en éléments majeurs assimilables.
Un contrôle périodique de la fertilité du
sol doit ensuite être réalisé sur le verger en place, au
minimum tous les cinq ans, il est alors inutile de refaire une analyse
granulométrique.
Le prélèvement des échantillons du sol
revêt une grande importance, il est indispensable de constituer autant
d'échantillons qu'il y a de types de sols homogènes dans la
parcelle. De plus, chaque échantillon doit comporter un minimum de 10
à 12 prises réparties sur toute la surface fertilisée de
la parcelle homogène, et les contrôles périodiques seront
faits autant que possible aux mêmes endroits (GERMAIN et
al., 1999).
Donc, l'analyse du sol indique les potentialités de
fourniture du sol en éléments nutritifs. (GERARD et
GERMAIN, 1994).
La structure du sol exerce une action directe sur le
développement des racines par l'ameublissement et la porosité.
Un sol meuble offre peu de résistance à l'extension des racines,
la porosité facilite le drainage naturel du sol et entretient une
aération nécessaire à la vie radiculaire (GAUTIER,
1987).
Les argiles et la matière organique du sol sont en
mesure de fixer Les éléments fertilisants contenus dans les
engrais épandus sur la parcelle, et de les transmettre à la
solution du sol sur une longue durée. La plante absorbe les
éléments nutritifs essentiellement à partir de la solution
du sol (BERTSCHINGER et al., 2003).
La connaissance de la teneur en argiles permet une meilleure
appréciation de la fertilité du sol (CALVET et VILLEMIN,
1986).
La matière organique favorise l'alimentation
minérale de la plante, sa minéralisation est une source continue
d'éléments minéraux assimilables par les plantes. L'humus
étant un colloïde, il augmente le pouvoir absorbant du sol, la
fixation des ions échangeables apportés par les fertilisants se
trouve améliorée. La matière organique a également
des effets favorables sur les propriétés physiques du sol
(amélioration de la perméabilité, de la stabilité,
et de la capacité de rétention en eau) (SOLTNER,
2000).
Le pH est un facteur important de l'assimilabilité des
éléments minéraux. En effet, un pH relativement neutre ou
peu acide, est favorable à l'assimilation de la plupart des
éléments nutritifs (SOLTNER, 2000).
Alors que, la teneur du sol en calcaire est
déterminante pour le choix de la forme des engrais à
préconiser et notamment celle des fertilisants phosphatés
(GAGNARD et al., 1988), il joue également un
rôle prépondérant dans l'immobilisation du phosphore sous
forme de phosphate de calcium, avec le blocage des oligo-éléments
(KLEIBER et KLEIBER, 1996).
Au niveau des sols à pH trop faible
(sol acide) ou, plus fréquemment élevé, sol alcalin, cas
plus répandue en Algérie (F.A.O., 2003),
les carences en oligo-éléments sont fréquents
suite à la formation d'hydroxydes insolubles (HELLER et
al., 1998).
Suite à tout l'intérêt que revêt
l'analyse du sol dans le diagnostic nutritionnel des plantes, cependant
certains auteurs notent qu'elle est d'une utilité limitée pour
les arbres fruitiers, cultures dont les racines s'enfoncent loin à
travers plusieurs couches du sol, parce qu'il est difficile de constituer des
échantillons de sol représentatifs de cette rhizosphère.
Aussi, pour certains éléments l'analyse et l'appréciation
restent délicates. En effet, pour l'azote, élément
nutritif essentiel aucune méthode ne permet de doser correctement cet
élément, de même pour le potassium, il est souvent
difficile de déterminer la partie assimilable (CLINE et BURKE,
1996).
D'autre part, HUGUET et COPPENET (1992)
signalent que l'analyse de sol est moins adaptée au diagnostic de
carence en magnésium. Aussi, un manque de phosphore est difficile
à diagnostiquer en arboriculture fruitière par la seule analyse
du sol (LICHOU et AUDUBERT, 1989).
Enfin la connaissance de la réserve du sol ne suffit
pas à apprécier la part réelle des éléments
qui participent à la nutrition des arbres d'autant plus qu'il existe au
niveau des racines des phénomènes d'antagonismes qui limitent
l'absorption de certains éléments, et que l'excès d'eau,
la sécheresse du sol, l'état sanitaire, modifient le
fonctionnement des racines (LICHOU et AUDUBERT, 1989).
|