INTRODUCTION
Le Sénégal est le pays situé entre les
latitudes 12°10' et 16°40' Nord et les longitudes 12°10 et
17°30 Ouest totalisant une superficie globale de 197 000
Km2.
L'économie sénégalaise est
essentiellement agricole : 70% de la population totale se concentre dans
le secteur agricole, secteur qui fournit 17 % du PIB (Anonyme, 1994).
Dès l'indépendance, le Sénégal a
adopté une politique de développement axée sur
l'agriculture. L'arachide constituait le moteur de l'économie de traite
héritée du système colonial. Mais cette politique n'a pas
donné les résultats escomptés.
En effet, le non remboursement des dettes a fini par avoir
raison du système de crédit à la production, et l'Etat
s'est désengagé en laissant les producteurs prendre leurs propres
initiatives.
Les grandes surfaces emblavées d'arachide se sont
concentrées essentiellement, pendant longtemps, dans la zone qui couvre
approximativement, les régions administratives de Fatick, de Kaolack, et
des portions de Thiès et Louga : c'est le Bassin arachidier du
Sénégal.
De nos jours, ce bassin connaît une forte pression
démographique sur ses terres, entraînant la disparition des
jachères.
Le manque de pâturages fait que les troupeaux se
déplacent sur de longues distances, alors que les aléas
climatiques, les impacts de la monoculture et la très faible utilisation
des engrais due à leur coût élevé ou à leur
indisponibilité récurrente dans la zone contribuent toujours
à y tempérer la productivité des terres.
Il est apparu alors que l'amélioration de la production
agricole et la fourniture au bétail d'un fourrage de qualité
passe par une introduction de cultures fourragères dans
l'exploitation.
PREMIERE PARTIE : CONTEXTE DE
L' ETUDE
CHAPITRE 1 :
Présentation de l'étude
1-
Problématique
Le Bassin arachidier (près de 30% de la superficie
géographique nationale) produit environ les trois quarts de la
production vivrière (céréales), et de la production
arachidière. Fortement peuplé et cultivé en continu dans
les zones les plus exploitées, il est en voie de dégradation et
de paupérisation.
Le modèle d'exploitation mis en place depuis des
décennies en remplacement de la pratique de la jachère, est
basé sur une culture principale mécanisée et
fertilisée : l'arachide cultivée en rotation avec le mil,
qui n'a pas résisté aux évolutions climatiques.
Dans les années 80, les rigueurs du Programme
d'ajustement structurel, allant de pair avec la pression démographique
croissante, ont définitivement compromis le fragile équilibre
antérieur. Malgré les nombreuses recherches et projets
réalisés dans cette zone au cours de ces derniers temps, peu de
solutions ont été trouvées pour enrayer le processus en
cours, et en particulier freiner la dégradation de l'environnement, et
donc des terres cultivées.
En outre, le nombre croissant du bétail depuis
plusieurs années, conjugué à une démographie
galopante, a aboutit à l'urbanisation poussée et à la mise
en culture des terres jadis laissées pour le pâturage (Calkins,
1990). Cette urbanisation a conduit à une réduction des terres
cultivées et des zones pâturables.
La forte pression exercée sur ces terres s'est par la
suite traduite par une baisse des potentiels de production de cette zone
(Buldgen et al, 1990 ; Guerin et al. 1986 ; Lhoste et al.,
1993 ; Pelissier, 1966).
Par ailleurs, le programme d'insémination artificielle
sur les bovins, initié par le gouvernement dans la zone pour permettre
aux producteurs de mieux intensifier leur élevage appelle certaines
mesures d'accompagnement pour sa bonne marche, notamment du point de vue de
l'alimentation des bovins pour qu'ils puissent conserver et exprimer leurs
capacités de production.
Il s'agit dès lors de trouver des technologies
solutionnant l'un (restauration de la fertilité des sols), l'autre
(alimentation des bovins), ou les deux problèmes à la fois.
Une approche possible aurait été de mettre les
terres dégradées en jachère et de trouver une autre
méthode pour alimenter le bétail.
Mais, Masse et al. (1998) ont montré qu'il
faudrait 19 ans de temps de jachère dans un sol ferrugineux tropical du
Sénégal, pour n'augmenter le stock organique du sol que de 50%.
Floret et al. (2000), vont plus loin et disent que
dans le sud du Bassin arachidier, la mise en jachère des terres ne
permet ni la reconstitution de la fertilité, ni une production
fourragère significative : cette alternative n'est pas rentable.
Les cultures fourragères apparaissent dès lors
comme une alternative à prendre en compte en ce sens qu'elles se
présentent comme solution aux deux problèmes que sont :
l'alimentation du bétail et la restauration de la fertilité
dégradée des sols (Burton, 1976 ; Musa et al.,
1974 ; Oke , 1967 ; Whiteman, 1971).
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