CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
Il apparaît au terme de l'analyse, que les producteurs
de cultures fourragères dans le Sud du Bassin arachidier du
Sénégal, peuvent être classés dans trois grands
groupes dont l'âge semble être le critère
déterminant.
Les producteurs plus âgés sont ceux qui se
tournent vers l'agriculture, font recours à la main d'oeuvre temporaire,
possèdent beaucoup d'animaux, avec un système d'élevage
extensif, et gagnent les plus petits revenus des activités extra
agricoles : Ce sont de vrais agro-pasteurs traditionnels.
Les producteurs les plus jeunes sont ceux là qui
gagnent de grandes sommes de la terre avec l'intensification en utilisant des
produits phytosanitaires, des engrais. Ils ne conservent d'habitude dans leurs
exploitations que peu d'animaux, bien souvent destinés à la
traction animale.
Ces jeunes producteurs sont aussi ceux qui gagnent le maximum
de revenus extra agricoles par le commerce et les autres activités hors
exploitation.
Toutefois, il apparaît aussi que les revenus issus de
ces activités hors exploitation servent au réinvestissement dans
les activités de production en augmentant le nombre d'animaux dans
l'exploitation, et le matériel agricole.
Entre ces deux entités, existe une autre qui peut
être considérée comme intermédiaire. Ce groupe est
celui des agro-éleveurs cherchant à intensifier toutes les
productions : ils utilisent la main d'oeuvre temporaire, les engrais,
possèdent le plus grand nombre d'animaux et ont des exploitations bien
équipées. Leurs revenus extra agricoles sont importants tout de
même, mais leurs principaux revenus leur proviennent de
l'élevage.
L'élevage apparaît donc ici comme étant
« une banque » pour les producteurs : leurs
épargnes sont représentées par les animaux et les revenus
qu'ils en tirent en constituent « les
intérêts ». C'est pourquoi les cultures
fourragères jouent un grand rôle dans ce système car il
permet de sécuriser « l'épargne ».
En dehors du rôle qu'elles jouent pour améliorer
la fertilité des sols, les cultures fourragères n'a de valeur
appréciable, que dans la mesure où elles sont converties en
produits animaux.
Le rendement des investissements pour une telle entreprise
dépend donc de l'aptitude de l'exploitant à la convertir en
produits commercialisables, ainsi que du temps pendant lequel il peut le
maintenir en production.
L'exploitation rationnelle des cultures fourragères est
donc un compromis entre les besoins des plantes et ceux des animaux : il
s'agit de comprendre quand on doit sacrifier la plante au profit de l'animal et
quand on doit accepter un préjudice immédiat pour le
bétail en vue d'avantages ultérieurs pour la plante.
L'amélioration des conditions de vie de cette frange de
producteurs peut être diversement obtenue. Cependant, pour tout projet de
développement, la méthode la moins pénible pourrait
être celle qui part des réalités socioéconomiques du
milieu d'impact.
Dans cette zone, l'élevage est
considérée comme étant le moyen d'épargne le plus
sûr, c'est pourquoi, nous avançons que toute initiative qui
développerait cette activité va dans le sens d'une
amélioration du niveau de vie des populations. Et dans un tel contexte,
les cultures fourragères prennent une autre dimension.
Néanmoins, les difficultés majeures d'adoption
de ces cultures sont de trois ordres : le problème foncier, le
problème de temps dans le calendrier cultural et le problème
lié à la multiplication semencière.
La faible disponibilité des terres cultivables
favorise systématiquement les emblavures
céréalières au détriment des parcelles
fourragères pérennes.
Dans un environnement incertain comme c'est le cas au
Sénégal en général et dans la zone
étudiée en particulier, la stratégie de gestion des
risques commande que le producteur accorde la priorité sinon
l'exclusivité aux cultures vivrières.
Dans ce sens, on observe que les producteurs de cette zone
adoptent plus facilement le niébé et l'arachide à double
fin (production de fanes et production de graines servant à
l'alimentation humaine) que les cultures fourragères strictes (herbes
destinées uniquement à l'alimentation animale).
Le calendrier cultural des espèces fourragères
est pratiquement le même que celui des céréales. Il se pose
alors un problème d'allocation de la main d'oeuvre qui se fait au
détriment de la culture fourragère, le plus souvent.
Enfin, la faible disponibilité en semences constitue
la contrainte majeure au développement des cultures fourragères.
En effet, la demande est largement supérieure à
l'offre et les coûts sont prohibitifs. L'essor de tout programme
fourrager devra donc passer par la maîtrise de la production
semencière, par les paysans eux-mêmes.
Aussi, pensons nous que, pour une adoption à grande
échelle des cultures fourragères dans cette zone, il serait
bon :
· d'y introduire des variétés à
cycle plus court, car le déficit pluviométrique est
particulièrement important dans la zone, et l'irrégularité
des pluies récurrente.
· De mieux former les producteurs aux techniques
d'exploitation de ces types de cultures. Ils pourront ainsi mieux produire (en
qualité et en quantité) en suivant les normes
recommandées.
· De mieux former les producteurs aux techniques de
productions animales (alimentation, hygiène et prophylaxie, embouche,
exploitation du troupeau...).
· D'améliorer les parcours naturels, par
l'introduction de graminées et de légumineuses
fourragères, herbacées ou ligneuses pour mieux combler le
déficit alimentaire des animaux.
· D'aider les producteurs à mettre en place un
système organisationnel pour qu'ils puissent eux-mêmes assurer la
pérennité du système en produisant par leurs propres
moyens les semences pour les plantes annuelles.
· De chercher à étendre les surfaces
fourragères par une introduction de graminées et
légumineuses vivaces, qui ne demandent donc pas un re-semis pour chaque
nouvelle année.
· De mette en place un dispositif qui permettrait de voir
l'apport réel de ces cultures en terme de transfert d'azote sous nos
conditions de culture.
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