CHAPITRE 5- Les cultures
fourragères dans l'intensification de la production
L'intensification de la production est le
résultat d'un comportement qui cherche à obtenir d'un facteur sa
capacité maximale de production.
Donc, il n'existe pas de seuil minimal à atteindre pour
pouvoir parler d'intensification. On peut intensifier avec un seul facteur de
production comme on peut aussi le faire en combinant plusieurs facteurs
(matériel de travail, sélection génétique,
engrais,...).
Ce n'est pas par rapport au nombre de facteurs de production
que l'on définit l'intensification mais c'est par rapport au niveau
d'exploitation de chaque facteur.
Dans notre échantillon, nous pouvons dire que tous les
producteurs cherchent à intensifier, mais que aucun parmi eux n'a
atteint un niveau élevé dans l'intensification.
*Les producteurs du pôle J cherchent à
intensifier leur production agricole en essayant d'obtenir le meilleur rapport
surface cultivée/actif. Cette intensification se base sur une meilleure
utilisation de la main d'oeuvre qui intervient par surface cultivée.
*Les producteurs du pôle « VIV-»
cherchent quant à eux à intensifier leurs productions agricoles
en mettant des engrais, et en faisant recours à la main d'oeuvre
temporaire.
En ce qui concerne l'élevage, les villages de Mbam et
de Ndiaye Ndiaye sont sur une voie d'intensification grâce au programme
d'insémination artificielle (intensification de la production de lait)
dont ils ont bénéficié, 18% des producteurs
concernés par nos enquêtes ont des métis.
Dans les villages, l'intensification de l'élevage se
manifeste aussi par la pratique de l'embouche, bovine ou ovine (intensification
de la production de viande).
Les cultures fourragères, à elles seules,
semblent ne pas pouvoir apporter une notable intensification agricole par les
gains de rendements qu'elles permettent sur les cultures qui leur
succèdent : les engrais minéraux en permettent beaucoup
plus.
Pour qu'elles puissent induire, à elles seules, de
manière significative, une intensification agricole, il faudrait les
utiliser comme engrais verts, c'est-à-dire les enfouir dans le sol
après fauche, sauf peut être pour certaines graminées comme
Andropogon sp., Panicum sp.,...
Or, dans cette zone, le bétail est si important et son
alimentation si difficile à obtenir au long de l'année. Les
producteurs tendraient plutôt à utiliser les fourrages pour
nourrir le bétail que pour l'enfouir dans le sol.
Toutefois, ces types de cultures peuvent participer en partie
à une intensification de la production agricole, lorsqu'elles sont
cultivées en association avec d'autres cultures dans le cadre du
transfert d'azote et de matière organique vers les autres cultures et
vers le sol.
L'intensification de l'élevage, elle, ne pourra se
faire sans intégration dans l'exploitation des cultures
fourragères.
En effet, l'insuffisance des ressources fourragères est
le problème majeur empêchant de satisfaire la demande accrue de
lait et de viande (Shelton, 2000).
En outre, de nombreuses études sur ces cultures
fourragères ont recommandé une intensification de la production
eu égard à l'évolution du contexte économique et de
la croissance démographique (Rippstein, 2000).
Cette intensification de l'élevage est une pratique qui
exigera que les métis soient nourris exclusivement en stabulation et que
les autres animaux reçoivent en quantité suffisante leurs besoins
alimentaires d'entretien et de production.
Et même lorsqu'ils ne sont pas en production, ces
animaux devront toujours être nourris convenablement, car l'expression et
la conservation de leurs performances zootechniques dépendent en grande
partie de l'hygiène dans laquelle ils sont élevés, mais
aussi et surtout de leur alimentation.
Pour pouvoir réussir cette intensification de
l'élevage, il faudrait en plus des cultures fourragères,
introduire dans l'exploitation un système de complémentation
alimentaire pour les animaux : sous-produits agro-industriels (comme la
farine de riz, la bagasse, ...), pierres à lécher,
compléments vitaminés,...
Ceci permettra de remédier à certaines carences,
surtout en phosphore se traduisant par une pathologie multiforme depuis le pica
(prédisposant au botulisme) jusqu'à la fièvre vitulaire en
passant par la tétanie de lactation (Valenza, 1981).
Le producteur pourra plus facilement atteindre la couverture
des besoins azotés et énergétiques de ses animaux
(spécialement des ruminants), en intégrant dans leurs rations de
l'urée (46 % N), et de la mélasse.
Ces deux éléments sont digestibles chez les
ruminants et constituent des sources d'éléments azotés et
énergétiques à haute valeur et à prix
compétitifs par rapport à une alimentation exclusivement
fourragère.
Il faut remarquer que, pratiquement, tous les producteurs de
la zone, qui ont bénéficié du programme
d'insémination artificielle ont intégré leurs métis
dans les troupeaux de bovins locaux.
Les rigueurs du soleil, combinées à la fatigue
générée par les longs déplacements dans les
parcours à la recherche de l'herbe (qui d'ailleurs est pauvre et ne peut
à elle seule satisfaire les besoins des animaux) sont autant de facteurs
qui atténuent le potentiel de production escompté avec ces
animaux.
L'introduction des cultures fourragères, qu'elles
soient des légumineuses ou des graminées peut participer à
une lutte contre l'érosion, hydrique ou éolienne. Ces plantes,
quand elles sont des herbacées couvrent ou ombragent le sol de
manière à le protéger de la dessiccation et de
l'exposition directe au soleil (Bayer et al.1999)..
Ceci est de nature à protéger la faune du sol,
responsable en grande partie de la décomposition de la matière
organique dans le sol.
Dans l'ensemble, on note une tentative chez tous les
éleveurs à intensifier leurs productions, mais le manque
d'informations par rapport aux techniques appliquées, de formation, est
une limite sérieuse à l'atteinte des résultats
attendus.
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