GRILLE D'ENTREVUE (version
anglaise)..........................................158Résumé
Cette analyse de discours de leaders africains et
afro-descendants, sur la thématique du «devoir de
mémoire», visait à recomposer la représentation que
ceux-ci se font de l'histoire de leurs peuples en général, et en
particulier de l'histoire de l'esclavage et de la colonisation. Cette tranche
de l'histoire africaine et de ses ramifications américaines, est
aujourd'hui objet d'un «Nouveau mouvement noir» qui s'observe et se
développe à travers la planète, tel qu'illustré par
l'aventure de la Conférence de Durban en 2001. Le but de cette
recherche était donc, à l'échelle microcosmique de
Montréal, d'étudier la rhétorique derrière cette
revendication de l'histoire, ainsi que la logique derrière les
démarches de sa revendication politique à l'échelle
québécoise. Malgré son cadre géographique
limité, le contexte montréalais et québécois de
cette enquête présente une originalité certaine : le
Québec est une des rares nations d'Occident à avoir vécu
la colonisation ; et encore sous domination politique du Canada majoritairement
anglophone, cette province francophone d'Amérique du Nord a connu
l'esclavage des Africains dans une proportion très limitée.
Dès lors, le discours des afro-descendants québécois sur
le devoir de mémoire a exigé plus de rigueur dans sa
formulation et plus de perspicacité dans sa revendication politique.
Pour le démontrer, nous avions adopté la méthode
qualitative qu'est l'analyse de discours, et comme cadre théorique, la
Sociologie de l'action dont Touraine et Wieviorka sont les
références les plus connues, ayant réfléchi sur
l'action collective. Par cette technique de recherche, nous avons pu
déterminer et mesurer trois facteurs clés dans la revendication
de mémoire : l'identité, les contenus factuels et
sémantiques de la mémoire collective, et enfin la démarche
de la revendication politique. Cette enquête révèle alors
que les leaders afro-descendants de Montréal assument l'identité
«Noire» autant qu'ils revendiquent des identités nationales ou
ethniques. Cette attitude est justifiée par l'histoire de la traite
négrière et les stigmates qu'elle a laissés sur les
populations africaines et afro-descendantes. Mais en fin de compte, même
si elles évoquent la nécessité d'une «certaine forme
de réparation», les représentations du devoir de
mémoire chez ces leaders sont polarisées, et nous renvoient
à la typologie des leaderships proposée par Gunnar Myrdal
dès 1962. Nous avons identifié, comme Myrdal, la
représentation activiste du devoir de mémoire
(protest leadership) des leaders radicaux, se distinguant par leur
idéalisme et leur militantisme, et la représentation conciliante
(accommodation leadership) où les leaders se veulent
pragmatiques et négociateurs.
Mots clés (par ordre de pertinence):
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