Quel questionnement philosophique sur les conflits en Afrique ?( Télécharger le fichier original )par Emmanuel MOUTI NDONGO Grand seminaire - Fin cycle de philosophie 2006 |
TROISIEME PARTIEALTERNATIVES PHILOSOPHIQUES FACE AU DRAME DES CONFLITSEN AFRIQUEPRESENTATION DU PROBLEME Dans la partie antérieure, nous avons pu identifier les différentes sources des affrontements. Ceci nous a permis de comprendre les origines des conflits africains. Cette étape était nécessaire dans la mesure où nous avons pu poser le diagnostic de la tragédie africaine afin de pouvoir en proposer une cure. Nous le savons, nous ne pouvons prétendre guérir un malade si nous nous trompons sur le diagnostic de son mal. A ce niveau de notre réflexion, nous voulons suggérer les voies idoines que les Africains devraient emprunter pour juguler cette avalanche de déchirements que connaît le continent. C'est grâce à cela que les relations entre africains loin d'être hostiles, pourraient être empreintes d'aménité et de tolérance. Aussi est-il opportun de souligner que dans le cadre de la réflexion que nous menons, nous exclurons toute alternative qui vise la destruction, la soumission de l'homme, et qui cherche à imposer la paix par la force. Nous ne nous intéresserons qu'aux alternatives qui façonnent l'homme, l'élèvent, le respectent, le valorisent, le conduisent à la vertu et à un dépassement de son ego. A cet égard, l'éducation apparaît comme l'antidote efficace pour réduire au maximum les désordres existants en Afrique. CHAPITRE 7VERS UNE TRANSCENDANCEDE L'INDIVIDUL'individualisme et le rejet de l'altérité, semblent être à n'en point douter les sources des conflits en Afrique. Dépasser l'individu apparaît alors nécessaire pour que les relations intersubjectives soient moins conflictuelles. III.7.1. S'éduquer à la réciprocitéL'éducation est le chemin que doivent emprunter les Africains pour mettre fin aux individualismes. Elle est la voie par laquelle l'individu meurt en lui et sort de ses cercles égoïstes. Pour ce faire, l'Africain doit s'éduquer à la réciprocité. Par celle-ci, l'individu cesse de se renfermer sur lui-même et s'ouvre à l'autre malgré la différence qui les caractérise. A cet égard, la société humaine cesse d'être un champ de luttes des intérêts subjectifs pour devenir un lieu de partage et d'échange. Cette éducation à la réciprocité doit amener les Africains à accéder à la valeur humaine qu'est la solidarité. Si l'Africain s'approprie cette valeur, il pourra désormais se dépasser et « s'ouvrir à tous et oeuvrer pour tous dans un engagement personnalisé et communautaire »42(*). Ainsi tout en gardant son individualité, l'homme africain deviendra un être communautaire qui tait les intérêts particuliers, générateur de luttes ; pour faire prévaloir l'intérêt de tous. En s'éduquant à la solidarité, l'Africain fera naître en lui les qualités que sont : L'amour, la charité, l'assistance et la parenté humaine. C'est alors que les individus peuvent vivre ensemble, s'ouvrir mutuellement et s'engager à édifier une Afrique plus humanisée. A ce titre, l'éducation à la solidarité fonde la paix et appelle à l'altérité. Il faut que l'Africain s'éduque à l'altérité pour dédramatiser le continent. Celle-ci convie à une ouverture qui attribue à l'autre une place dans mon être. Avec elle, l'homme africain reconnaîtra que le bien être de l'Afrique passe par la contribution de tous et l'acceptation de l'autre. Ainsi tous les Africains peuvent s'accueillir et s'unir sur l'unique base universelle de leur identique nature et de leur égale dignité. Et c'est au nom de cette altérité que les Africains « sont appelés à dépasser les différences qui les séparent qu'elles soient naturelles (familles, tribus, ethnies, race...) ou conventionnelles (associations, religions, nations) »43(*) pour rejoindre l'autre dans sa divergence, sa particularité et construire une société universelle. * 42 Z. BERE, Op. cit., p. 249. * 43 J. MBARGA, Op. cit., p. 51. |
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