La dimension esthétique de la voix du chanteur de charme dans la musique congolaise electro-acoustique moderne( Télécharger le fichier original )par Issa ISSANTU TEMBE Faculté des Lettres et Sciences Humaines/Unikin - Licence 2001 |
CHAPITRE DEUX. LE TALENT MUSICALLe caractéristique principale qui rend remarquable un artiste musicien que nous appelons ici « chanteur de charme » se résume dans ce que Teplov 43(*)appelle : le talent musical. Il le définit comme la combinaison qualitative originale d'aptitudes dont dépend la possibilité de pratiquer avec succès l'activité musicale, qui se déploie selon lui travers :
· l'audition ; · l'exécution ; · la composition d'oeuvres musicales. Pour Teplov, tout grand musicien doit être un homme d'âme et d'esprit vastes, affectivement et intellectuellement. Or, pour « ressentir affectivement »44(*) la musique, il faut d'abord percevoir le tissu sonore proprement dit. Une personne peut bien réagir affectivement à la musique si elle ne distingue, n'entend que très peu de choses du tissu sonore. Elle n'atteindra évidemment qu'une part insignifiante du contenu expressif de cette musique. Un autre concept très proche du « talent musical » est celui que le musicologue allemand REVESZ a introduit. Il s'agit du sens musical. Ce concept inclut l'aptitude à tirer de la musique un plaisir esthétique. De plus, c'est sur lui que repose la compréhension intime de formes musicales et de la structure de la phrase musicale. Avoir le « sens musical », c'est être profondément sensible au style ; Sentir les contrastes, la portée des oppositions, tout en saisissant de l'intérieur celle de l'équilibre. Mais c'est aussi se mettre dans l'ambiance de la musique, et instituer avec celle-ci un commerce interne agissant sur toute l'organisation de l'âme. Mais ce concept de « sens musical global » est combattu. Mainwaring 45(*) dit sèchement qu' « il sera manifestement erroné de considérer le sens musical comme une aptitude fonctionnant à la façon d'un tout » Dans un article collectif Lamp et Keys 46(*) fustigent : « on ne peut exprimer le talent musical en termes de don spécifique pour un instrument donné et non dans le sens d'une hypothétique aptitude générale à la musique. » Quelques autres auteurs ont eu un discours un peu modéré face à cette situation. C'est le cas de König . Ce dernier dit : « pour reconnaître l'existence du sens musical, il faut que se manifeste tout un ensemble d'aptitudes. Le sens musical n'est pas une aptitude simple mais une aptitude complexe » (lire à ce sujet : Etude expérimentale du sens musical, traduit de l'allemand : « Zur experimentellem untersuchung der musikalität »). König poursuit que ce terme est « tout juste bon à désigner la somme des aptitudes musicales particulières » II.1. Le point de vue de SeashoreAprès avoir dégagé la point de vue commun issu de la discussion du point précédent sur le talent musical, nous tirons sagement notre équilibre avec ces propos de Seashore 47(*) : « le talent musical n'est pas quelque chose d'unique ; c'est une hiérarchie de talents ... ». Bien que traité d'atomistique, le point de vue de Seashore est arrivé à disséquer le « talent musical » en vingt-cinq talents. Dans son ouvrage de 1938 48(*) Seashore a réajusté son tir en disant : « Le talent musical n'est pas une somme de talents spécifiques, il forme un tout organique » C'est alors que son point de vue est devenu systémique. Teplov 49(*) fait savoir que : « la musique ne peut faire partie de l'instruction générale. Un art, une science ou généralement une activité dont la pratique exige une prédisposition spéciale, innée, n'existant chez tous. Il ne peut être accessible qu'aux élus » En même temps, il semble adopter cette définition du sens musical proposé par Seashore. Le sens musical est défini par lui comme « le talent d'une personne pour la musique résultant de la combinaison qualitativement originale d'aptitudes musicales » Dans son ouvrage publié en 1938, Seashore souligne que : « Le talent est par définition un trait héréditaire » 50(*) * 43 Teplov, B.M, op.cit * 44 Expression qui revient à dire non seulement auditionner mais, se laisser entraîner par la musique dans une de sorte de pérégrination * 45 J. Mainwaring, Kinesthétic factors in the recall of musical experience, in the British journal of psychology, 23, 1933. * 46 C.L. Lamp & W. Keys, Can aptitude for specific music instruments be predicted ? in the journal of education & Psychology, 26, 1935. * 47 Seashore(C.), The psychology of musical talent in Psychology & Monog. , 53, 1919. * 48 Idem, Psychology of music, N.Y & London, 1938, p. 305. * 49 Teplov (B.M), Op. cit, p. 49. * 50 Seaashore (C.), Op. cit., p. 330 |
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