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Capital public et productivité en zone CEMAC( Télécharger le fichier original )par Jean Patrick Mfoulou Olugu Université de Yaoundé II soa - DEA 2008 |
Deuxième partie :ANALYSE EMPIRIQUE DU LIEN ENTRECAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITÉL'idée que les investissements d'infrastructure peuvent influer sur la productivité est naturellement séduisante : il suffit d'imaginer une économie avec des camions mais sans routes ou des bateaux mais pas de ports. S'efforçant de cerner plus étroitement cette relation, Aschauer (1989) a supposé une technologie globale de type Cobb-Douglas, où la production est le fruit des apports habituels de capital et de travail du secteur privé, complétés par les équipements, ou infrastructures, du secteur public. Dans le cas des Etats-Unis, Aschauer est parvenu à la conclusion que les infrastructures ont un effet positif très marqué sur la productivité totale des facteurs du secteur privé; c'est ce que l'on a appelé «l'hypothèse d'Aschauer». Bien que récemment confirmée par Munnel (199O), cette proposition continue de susciter des controverses, notamment parce que beaucoup d'économistes estiment que la productivité marginale des infrastructures qu'impliquent les estimations est exagérément élevée. Toutefois, si les retombées sont aussi fortes que le laissent supposer les résultats d'Aschauer, les implications pour la conduite de la politique économique sont évidentes et importantes : En donnant un coup de pouce aux investissements d`infrastructure, les pouvoirs publics peuvent faire progresser de façon substantielle la production réelle et la productivité17(*). Compte tenu des enjeux pour les politiques gouvernementales et le bien-être économique, il est important d'évaluer les fondements empiriques d'une recommandation en faveur de l'accélération des investissements publics en zone CEMAC. Mais avant, examinons certaines études élaborées aux Etats-Unis et dans les pays membres de l'OCDE. CHAPITRE IIICAPITAL PUBLIC ET PRODUCTIVITÉ :UNE REVUE EMPIRIQUE DES TRAVAUX ANTERIEURSIntroductionLes économistes ont proposé diverses explications au ralentissement de la croissance observé aux Etats-Unis et dans la plupart des grands pays industrialisés depuis le début des années soixante dix. Cependant, c'est sans doute celles qui impute ce déclin à la diminution des efforts publics d'investissement, notamment en matière d'infrastructures, qui a suscité la plus abondante littérature ces dernières années (Hurlin, 1999). L'intuition économique est très simple et consiste à penser que certains aménagements publics d'infrastructures génèrent des externalités qui améliorent la productivité des facteurs privés, les exemples les plus fréquemment cités étant ceux des réseaux routiers et autoroutiers, des réseaux d'approvisionnement et des traitements des eaux, etc... De ce fait, l'analyse du lien entre la croissance et le capital public a connu un vif regain d'intérêt notamment grâce aux travaux théoriques de Barro (1990) qui montrent que les dépenses publiques productives assimilées au capital public d'infrastructure peuvent jouer un rôle moteur dans un processus de croissance auto-entretenu. Mais si, l'intégration au niveau théorique des effets productifs de l'investissement public pose aujourd'hui peu de problèmes, il n'en va pas de même à la validation empirique de tels effets. Nous parlerons dans ce qui suit des problèmes méthodologiquement posés par la détermination de l'élasticité de production du capital public et des enseignements généraux sur l'infrastructure et la productivité. I- ELASTICITE DE PRODUCTION ET LES PROBLEMES METHODOLOGIQUESDe manière concomitante, au développement de la théorie de la croissance endogène avec capital public, s'est développée une importante littérature empirique visant à examiner les effets des infrastructures publiques sur la croissance des nations. Mais aussi des régions, en particulier à l'échelle des Etats américains. Les premières études nationales (Aschauer, 1999) et régionales (Munnell, 1990) ont mis en évidence un effet positif du capital public sur la production, en estimant des fonctions de productions à trois facteurs. Ces premiers résultats ont donné lieu à de vives controverses, quant à leur robustesse statistique (Evans et Karrs, 1994 ; Holtz-Eakin, 1994, etc...). Nous développerons ici, les travaux s'appuyant sur les problèmes de causalité et sur les problèmes d'agrégation des données utilisées pour l'estimation de la fonction de production. * 17 Munnel (1991) plaide fortement en faveur d'une telle politique |
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