2- L'oeuvre et la vie de l'auteur
Le roman est le reflet de la société, mais elle
peut aussi retracer la vie de l'auteur. Face aux nombreuses biographies de
Mongo Béti qu'on a consulté pour l'élaboration du
mémoire, nous avons remarqué qu'aucunes d'elles ne parlaient de
l'enfance et de l'adolescence de l'auteur. Toutes ne faisaient qu'un
aperçu bref de sa vie, et ne détaillaient pas les informations.
Chacune évoque la date et le lieu de naissance de l'auteur, et tout de
suite après elle nous renvoie directement au moment de son entrée
au lycée. Nous constatons donc qu'il y a une grande lacune dans ces
biographies car toute une partie de la vie de Mongo Béti est
ignorée du public puisqu'elle n'est mentionnée nulle part. Par
ailleurs, la lecture de Mission Terminée nous a
révélé l'histoire, l'incroyable aventure du héros
pendant sa jeunesse ; un héros qui est avant tout un jeune camerounais,
d'origine bantou, mais surtout de sexe masculin. D'ici, on peut
déjà faire un rapprochement entre l'auteur et le héros car
Medza, comme Mongo Béti est de la tribu pahouin que l'on appelle
actuellement Béti, identique au pseudonyme de l'auteur.
Dans les biographies sur Mongo Béti, comme nous l'avons
dit, il manquait l'enfance et l'adolescence, or dans le roman, nous avons un
récit qui parle de la jeunesse du héros du livre. C'est de cette
constatation qu'est survenue l'hypothèse que la partie manquante des
biographies pourrait bien être l'histoire racontée dans le roman,
d'autant plus que certains éléments du roman ressemblent
vaguement à ce qui sont dit dans les biographies. A partir de ces
ressemblances, nous allons vérifier notre hypothèse en fusionnant
les deux parties, c'est-à-dire celle du roman et celle des biographies,
tout en essayant de trouver des liens logiques, et afin de savoir si
derrière Medza se cache Mongo Béti.
D'après les biographies, Mongo Béti est
né le 30 juin 1932 à Akometam, un petit village situé
à 10 km de Mbalmayo, lui-même distant de 45 km de Yaoundé
la capitale du Cameroun. Comparé à ce qui est dit dans le roman,
le village natal de Medza est à 10km de Vimili (p.18) qui est
lui-même se situant à 50 km d'Ongola (p.14). La ressemblance est
frappante que l'on peut supposer
que dans le roman, Ongola représente Yaoundé la
capitale du Cameroun, tandis que Vimili, Mbalmayo, et enfin le village natal de
Medza (qui n'oublions pas n'a pas de nom) Akometam, lieu de naissance de
l'auteur. Si on pousse un peu plus loin notre analyse, on constatera toujours
des ressemblances, telles que : d'après les biographies, Après
ses études primaires à l'école missionnaire de Mbalmayo
(peut-être Vimili), Mongo Béti entra en 1945 au lycée
Leclerc à Yaoundé pour poursuivre ses études secondaires.
Medza lui aussi a quitté son village natal pour aller faire ses
études secondaires à Ongola, et l'on peut même supposer que
Medza avait fait ses études primaires à Vimili étant
donné que Vimili est « la ville de mon pays »
possédant « un marché et quelques boutiques [...]
le bureau administratif, le commissariat de police et la prison »
(p.18) ; et pourquoi pas donc aussi une école primaire, d'autant
plus il est dit après que « [...] tous les privilèges
qui suffisent [...] » or la présence d'une école est un
grand privilège pour les Noirs. A part cela, Mongo Béti lui,
obtient son baccalauréat en 1951, soit six ans après son
entrée au lycée. On peut dire qu'il a mis beaucoup de temps
à avoir son baccalauréat car il a mis six ans pour sortir du
lycée. Il n'est donc pas un bon élève comme Medza car ce
dernier a aussi mis du temps à avoir son baccalauréat.
Après l'obtention du Bac, Mongo Béti quitte le Cameroun pour
poursuivre ses études universitaires en France ; par contre Medza lui,
après avoir eu son diplôme de baccalauréat resta en ville,
mais n'oublions pas que le désir de son père est qu'il aille en
Europe pour poursuivre ses études à l'université (p.231).
Peut être donc pour se faire pardonner par son père et
lassé de la liberté, une vie d'errance sans fin (p.250), il s'est
décidé de réaliser le souhait de son père.
D'après ce qui a été tout dit, la
biographie de l'auteur et le parcours d'adolescence du héros ont des
points communs et peuvent se compléter. Il est donc difficile de croire
que les éléments manquants dans la biographie de l'auteur ne
soient pas les choses évoquées dans le roman. Donc, tant que
personne ne peut démontrer le contraire, on peut dire que notre
hypothèse de début sera toujours valable.
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