II- L'oeuvre et la réalité
La réalité est toujours la première
source d'inspiration pour l'élaboration d'un roman. L'oeuvre et la
réalité sont deux choses inséparables car elles se
complètent. Dans cette partie du devoir, nous allons étudier la
traduction de la réalité dans le roman. Pour cela, nous allons
voir en premier « l'oeuvre et la réalité », puis en
second « l'oeuvre et l'auteur ».
1- L'oeuvre et la société
L'oeuvre est l'expression de la réalité. Bien
qu'elle ne reflète pas exactement cette réalité, on peut
tout de même, à partir des indices inclus dans le roman, retracer
la vérité. Comme nous le savons, l'oeuvre est tiré de la
réalité, et concernant cette traduction de la
réalité dans l'oeuvre, l'auteur n'a pas trop
déformé la réalité. En effet, si on compare tout ce
qui est dit dans le roman avec les données historiques du Cameroun, on
constate que la vérité est là mais seulement dit d'une
autre manière. Elle n'a pas subi de modification mais il y a aussi des
choses qui ont été mise sous silences, c'est-à-dire qui
n'a pas été mentionné dans le roman, comme la façon
dont on traitait les jeunes Noirs dans les écoles par exemple. Pour
pouvoir approfondir l'oeuvre alors, il faut mettre beaucoup d'importance sur
les mots clé car ils ont dans la majeure partie des cas des
significations qui n'ont pas été évoqué dans le
roman. Prenons par exemple le mauvais état des routes dans roman
(pp.14-1 7); il est bien vrai qu'au Cameroun les routes sont en piteux
état (34 300 km dont seulement 4288 km sont
goudronnés)20, mais le fait d'évoquer cela dans le
20 Statistique issue du CIA World Facts Report en 1999
roman a une autre signification. L'état des routes
n'est qu'un prétexte, mais le vrai but c'est de dire indirectement que
les colons français ne se sont pas donné la peine de construire
de bonnes routes comme au Congo Belge. A part les routes, la présence de
champs de cacao est aussi significative. Si on synthétise ce qui est dit
dans le roman sur ce sujet, c'est que la majorité des paysans cultivent
le cacao et que même les champs sont à perte de vue (comme ceux du
père de Medza). Ce qui n'est pas mentionné c'est que la culture
vivrière est devenue secondaire et marginale puisque tous les paysans se
sont tournés vers les cultures d'exportation (cacao et café),
imposées par les colons. La présence de personnages typiques
comme le chef de canton dans le roman est aussi symbolique. Si on se
réfère au roman sur ce sujet, il est dit que le chef de canton
est « adulé par l'administration coloniale qui l'avait
nommé, sûr de n'être jamais révoqué par cette
administration à laquelle il obéissait comme un robot
idéal, [...] » (p.34) ; mais ce qu'on ignore c'est que son
existence dans le village est purement politique. C'est un système
politique mise en place par les colons pour assurer une présence
permanente de leur autorité dans les régions enclavées. Et
concernant cette politique donnant tout droit à ces individus Noir
représentant de l'administration coloniale (le chef de canton et le chef
de village de Kala), un indice dans le roman évoque la fin des droits de
ces personnages; il s'agit de la Constitution d'octobre 1946. La seule chose
évoquée sur cette fameuse date est le rapport qu'il y a entre
cette Constitution et les guignols des colons. Or, cette Constitution d'octobre
1946 va encore plus loin et est parmi les évènements le plus
marquant de l'histoire de l'Afrique colonisée. Elle supprime le statut
de l'indigénat et le travail forcé, proclame
l'égalité des droits des citoyens « autochtones », mais
la tutelle de la métropole reste entière.
Si tel est l'oeuvre face à la société,
voyons à présent l'oeuvre et la vie de l'auteur.
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