2- La description
Une description est une représentation d'objets, de
lieux ou de personnages. Pour décrire ce dernier, on parle alors de
portrait. La description a deux fonctions : une fonction essentiellement
esthétique qui constitue une interruption ou un ornement plus ou moins
étendu du récit, une autre fonction symbolique : la description
d'un personnage agit comme un révélateur du personnage en
question, de ses actions, du milieu dans lequel il évolue. Lorsque la
description s'attache au même espace, au même objet ou au
même personnage, à deux instants différents, elle permet
d'en mesurer l'évolution.
Le car, moyen de locomotion commun, vieux, accepte tout :
voyageurs, bagages, état des routes. Il n'y a aucun confort pour les
voyageur : « [...] la banquette de bois », une vraie
patache, c'est-à-dire une voiture publique peu confortable.
Néanmoins ce véhicule inconfortable fait nourrir Kritikos et ses
deux employés Noirs. On peut se demander pourquoi il y a toujours cet
asservissement du Noir au Blanc. L'état des routes
laissent à désirer, et Kritikos vante les routes du Congo Belge :
« [...] il y a des routes et des vraies, avec du
goudron [...] tandis que les Français ici, ils n'ont
que ça, la grande gueule. »
(pp.15-16). Kritikos compare les colons Belges aux colons
Français qui semblent n'avoir rien fait pour améliorer
l'état des colonies, du moins les routes.
Concernant la description des personnages qui est le portrait,
voyons l'exemple de Niam : dans la force de l'âge, à peu
près trente cinq ans, se souciant très peu de sa femme, un
fainéant qui ne veut pas « prendre la houe et travailler »
(p.25), est quand même rendu cocu. Bien que crâneur (p.23),
rien ne va plus chez lui : « [...] depuis le départ de madame,
tout allait sens dessus dessous » (p.21). Orgueilleux
intéressé et rusé, Niam appela tout le monde à son
aide pour récupérer sa femme qu dit travailler pour lui.
Concernant par exemple Pétrus Fils-de-Dieu : il n'est
pas du tout du type Zambo qui est tout de muscle, comparé à un
baobab bien que rien d'un Adonis (p.41). Pétrus lui est traité de
gigolo qui couche avec toutes les femmes. Quant au moral, il est loin
d'être au zénith : « [...] une si mauvaise conduite
[...] » (p.55). L'adverbe si indique une grande quantité et
peut être remplacé par
tellement.
Les pages 58, 59 présente feu grand père commun.
Pour tracer son portrait, l'auteur utilise l'hyperbole afin de mettre en
évidence sa force : « [...]
c'était un homme terrible ! quand il tonnait, les
baobabs se fendaient en deux, de haut en bas, des incendies s'allumaient sur le
ciel que dévoraient d'immenses flammes de fin du monde, [...]
»
La description est aussi perçue dans d'autre domaines tel
les repas et la
façon de manger. « Ils mangeaient
énormément au petit déjeuner [...] ne prenaient que deux
repas dans la journée » (p.86). Sans retenue, sans finesse,
sans modération, presque goulûment, les paysans
mangent d'une manière grotesque ; vu aussi l'ampleur du travail qu'ils
doivent effectuer, ils mangent beaucoup mais doivent sauter un repas, celui de
midi : ils n'ont pas le temps de le préparer, le travail les accapare
toute la journée.
Les Noirs aimeraient bien passer ou même habiter dans
une maison de Blanc, ou d'un Noir ayant acquis le statut de Blancs comme Medza
mais ils ont
peur. Ils veulent avoir l'assurance qu'ils peuvent
pénétrer dans un tel lieu sans
être importunés : « [...] pourrons-nous
dans vos maisons comme nous entrons dans les maisons de nos enfants - librement
? » (p.118). Medza lui-même doute de la
véracité de la réponse qu'il a donnée : «
elle avait bien raison d'être sceptique. » (p.119).
Effectivement ; comment quelqu'un qui a un statut de Blanc pourrait-il se
mélanger, pourrait-il avoir des relations étroites de nouveau
avec les Noirs ?
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