TROISIEME PARTIE
LA CREATION LITTERAIRE
Dans cette dernière partie de notre travail, nous
allons voir comment est traduite la réalité à travers les
mots employés par l'auteur, par conséquent, la linguistique sera
mise à contribution pour tester la validité de nos
hypothèses. Afin de bien partitionner les idées, nous allons
étudier dans le premier chapitre s'intitulant « l'oeuvre et
l'auteur » le style de l'auteur, et dans le second, s'intitulant «
l'oeuvre et la réalité » les rapports qui peuvent exister
entre ce qui se passe réellement et ce que l'auteur raconte dans son
livre.
I- L'oeuvre et l'auteur
Dans ce chapitre, nous allons décortiquer la
façon dont l'auteur utilise les mots et les figures de styles pour
donner vie à son oeuvre. Pour cela, nous allons étudier en
premier lieu « les procédés stylistiques » puis en
second lieu « la description » afin de connaître le
mécanisme de traduction de la réalité à partir des
mots.
1- Les procédés stylistiques
Dès le prologue, qui est un ensemble de
répliques (chaque élément du dialogue), plus exactement de
tirades (une réplique longue), le narrateur expose un point de vue
omniscient : il donne une connaissance totale non seulement des faits mais
aussi de ce que peuvent penser et ressentir les personnages.
Dans ce prologue se trace une gradation qui pousse le lecteur
à imaginer déjà un drame comme dans la page 9 qui dit :
« [...] tous mes souvenirs se
désagrègent, se liquéfient et
finalement s 'estompent au soleil [...] remplit les vide, m 'envahit, m
'imprègne. ».
Les comparaisons citées dans cette partie donne au
lecteur des images qu'il va voir à travers le récit. Le chapitre
premier, quant à lui, dès les premières pages montre la
richesse de l'oeuvre en comparaisons et en métaphores. A la
page 14 par exemple, « cette immense outre toujours
pleine : le ciel de chez nous » de même plus loin, à la
page 211 « [...] comme un animal élémentaire, comme une
fleur tropicale aux premier rayons du soleil. ». Souvent les
métaphores sont suivies d'une gradation ascendante
prouvant ainsi le point de
vue du narrateur : « une pluie drue, agressive,
furieuse, interminable [...] » qui abouti à un comique de
situation : « [...] une case, dirait-on, s'enfonce plus
profondément dans le sol. ", ou encore « notre
véhicule, longue case roulante, s'embourba aussi longtemps qu'il le put.
». A coté des métaphores et comparaisons, l'auteur
utilisera l'humour et l'hyperbole pour montrer le coté
polysémique de l'oeuvre. A la page 68 par exemple, l'hyperbole qui
amplifie les termes d'un énoncé afin de mettre en évidence
un objet ou même une idée, montrera un pénis qui pourrait
devenir « aussi longue qu'un serpent bananier et aussi volumineuse
qu'un python ! ». Cela traduit ce qui est humoristique dans l'image
que l'hyperbole nous renvoie : que les africains ont et aiment les gros
pénis, ce qui serait difficile pour un Blanc « [...] qu'il l'a
trop petite " parlant ainsi de Medza vu que ce dernier est
considéré comme quelqu'un qui ressemble à un Blanc.
Un autre procédé stylistique est mise en
évidence à la page 90 : « non, ils ne sont ni plus ni
moins intelligent, ils sont tout juste comme nous. ". La deuxième
partie de cette phrase prononcée par Medza essaye de dissimuler un
caractère déplaisant des enfants noirs. L'expression de
l'idée est comme atténuée : le procédé que
l'auteur utilise ne peut alors qu'être l'euphémisme.
Ces quelques exemples nous en permis de constater la richesse
de l'oeuvre en figure de rhétorique.
Deux phrases peuvent dire la même chose mais
n'appartiennent pas forcément pas au même registre de langue. En
effet, tous les utilisateurs d'une même langue ne communiquent pas de la
même façon. Ainsi tante Amou et la jeune soeur de Medza
s'expriment dans un registre familier quand elles étaient avec lui
(pp.19-20). Ceci s'explique par l'âge des deux interlocuteurs et les
liens qui les unissent : « je crois bien qu'il projette de te roser,
dit la frangine en riant. » (p.239). mais l'auteur utilisera d'autres
registres de langue selon le ton qu'il va donner à ses personnages. En
effet, le langage permet à lui seul de situer socialement le personnage
et même parfois de le caractériser psychologiquement. La page 111
nous donne un exemple de registre vulgaire : ils sont entre copains. L'oncle
Mama, suivant ses interlocuteurs, usera soit du registre courant : «
est-ce que tu te portes bien petit neveu ? " (p.63), soit du
registre soutenu : « nous nous rendrons donc tout
à l'heure chez le chef [...] écoute seulement pour t'instruire.
» (p.205). Le verbe se rendre est plus élégant
que le verbe aller, de même que s'instruire à la place
d'étudier. Une petite remarque s'impose ici : le registre soutenu
utilise très souvent le vous de politesse, or dans le roman, il semble
que l'auteur n'utilise pas ce pronom mais que le registre soutenu se sent
à travers les mots prononcés et surtout dépend de
l'interlocuteur. A la page 207 et 208, quand le chef prend la parole, on est
comme dans un tribunal, tellement les termes qu'il utilise sont presque
autoritaires bien qu'il n'utilise aucun vous de politesse. Ce mélange de
divers niveau de langue produit chez le lecteur un effet de surprise et
quelquefois de drôlerie « [...] j'en ai assez des vieilles
gonzesses. » (p.111). En résumé, l'utilisation de tel
ou tel registre de langue dépend de :
- du contexte socioculturel,
- de l'âge des interlocuteurs et des liens qu les
unissent,
- du but que l'on fixe à la communication.
Si tel est alors concernant les procédés
stylistiques utilisés par l'auteur, voyons à présent la
description.
|