3- Changement morphologique des milieux
L'acculturation ne touche non seulement l'individu et les
pratiques mais est aussi présent dans l'environnement. Dans le roman, on
retrouve trois sortes d'environnement qui sont les milieux avancés,
représenté par Ongola, puis les milieux ruraux symbolisés
par Vimili et le village natal de Medza, et enfin les campagnes, vues à
travers Kala.
Au fur et à mesure que la modernité avance, il y
a toujours des changements qui s'opèrent un peut partout. Ainsi on
constate de grandes différences entre ces trois lieux cités tout
à l'heure. Plus l'endroit est avancé et modernisé, plus il
n'a plus rien à voir avec les milieux typiquement africains ; plus il
est éloigné de la modernité plus il est intact. Les
milieux ruraux comme Vimili et le village natal de Medza sont des endroits
intermédiaires, c'est-à-dire en voie de développement,
où petit à petit tout va se modifier comme les pistes qui
deviendront des routes goudronnées (p.18) ou les cases qui se
transformeront en villa (p.34).
Si l'on procède par gradation, Kala est l'endroit le
moins acculturé des trois puisqu'il est le plus reculé des trois.
Le village le plus proche de Kala est à trente cinq kilomètres ;
c'est celui de Medza. D'après le roman, du village natal de Medza
à Kala, il fallait faire « vingt kiomètres sur la route
et une quinzaine sur une piste dans la forêt » (p.33). Nous
pouvons donc déduire à partir de cette information que Kala est
difficile d'accès vu l'état des routes (pp.14-17), et bien loin
puisqu'il fallait encore quitter cette route et emprunter une piste, plus
précisément un sentier, qui n'était pas aussi mauvais mais
qui s'enfonçait dans la forêt quand même(p.36). On sent
alors un changement de décor qui se résume par le fait de quitter
le monde civilisé pour aller vers le monde sauvage. Et pour appuyer
l'idée que Kala est encore presque intact, la description du village
à la page 50 du roman nous renseigne de son état
général car elle contient des éléments de
justification comme le fait que Kala est fait de cases mais non pas de villa,
l'absence totale de route, et surtout la présence de forêt immense
qui entoure le village tout entier qui donne une sensation d'isolement totale
du lieu. Le seul détail qui vient troubler ce milieu et qui est la
marque de l'acculturation c'est la présence de champs de cacaoyer dans
le décor. La majorité des paysans de Kala ont cessé de
cultiver les cultures vivrières pour planter du cacao à cause de
l'économie due au pouvoir colonial.
Si le cacao est donc le signe d'acculturation à Kala,
il en est de même pour le village de Medza car n'oublions pas que c'est
même son père qui possède la plus belle et le plus grande
cacaoyère du pays (p.232). Les cases sont aussi de moins en moins
nombreux et sont remplacées par des maisons plus modestes comme celle du
chef de canton (p.34). La présence de route, bien qu'elle soit en
mauvais état, est un indicateur de changement, de modernisation et
d'acculturation puisque sur et certain qu'auparavant, à la place de
cette route c'était une piste, identique à celle qui mène
à Kala. Le chef de canton et Medza sont aussi des signes de changement
morphologique du village parce que tous les deux ne peuvent pas se fondre dans
le décor (traditionnel) car ils sont les personnages les plus
modernisés par les colons. C'est le seul village dans le roman qui est
dirigé par deux personnes dont le patriarche et le chef de canton ; il a
aussi le privilège d'avoir un jeune ayant
étudié à l'école des Blancs.
Toutefois, éloigné seulement de dix kilomètres de Vimili
(p.18), ce village n'est pas encore plus avancé que ce dernier car
Vimili possède plus de choses que la route dans son environnement.
Concernant Vimili donc, elle est la plus proche de la grande
ville d'Ongola par rapport au village natal de Medza et à Kala ; Vimili
est à cinquante kilomètres d'Ongola (p.14). Et comme dit Medza,
« c'est la ville de mon pays » (p.18). Pour qu'un lieu soit
donc qualifié de ville, il suffisait juste qu'il soit comme Vimili,
c'est-à-dire avoir « un marché, quelques boutiques
rudimentaires où les paysans des environs venaient s'approvisionner de
temps en temps. », et sans oublier « le bureau
administratif, le commissariat de police et la prison » (p.18).
Vimili est donc un lieu de rencontre et de passage obligatoire pour tout le
monde car la route principale passe par cette ville, et c'est le seul endroit
à la ronde où l'on peut s'approvisionner en nécessaires
puisqu'elle possède un marché et des boutiques. Ici donc, il
n'est plus question de forêt ni de camps de cacao, ni de cases en guise
de foyer car on a affaire à un endroit où se déroulent les
échanges commerciaux entre vendeurs et acheteurs.
Ongola est le plus moderne de tous. C'est la seule ville
où l'on peut trouver la chose la plus convoitée par les parents
pour ses enfants et qui n'existe ni à Vimili, ni à Kala, ni au
village natal de Medza : c'est l'école coloniale. C'est la ville que
l'auteur ne s'est pas du tout donné la peine de développer dans
le roman. A titre d'information sur le sujet, il n'a consacré qu'une
ligne dans la page 14 du roman pour la situer géographiquement par
rapport au village de Medza : « [...] la soixantaine de
kilomètres qui séparaient Ongola de mon village. ».
Tout de même, on peut estimer la valeur d'Ongola par rapport aux autres
villes grâce à la présence de l'école qui est une
institution très importante dans la société et que l'on ne
peut trouver que dans les grandes villes ou dans la capitale. Il est fort
possible donc qu'Ongola représente la capitale dans le roman car la
plupart des cas, on ne peut trouver que dans la capitale les
établissements à études secondaires comme les
lycées.
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