3.2 Les différents types
de réactions des aidants à l'annonce
La présentation des réactions possibles des
aidants lors de l'annonce de la malade d'Alzheimer permettra de créer
une grille d'analyse des entretiens de recherche au sein de notre
étude.
3.2.1 Un temps nécessaire pour l'acceptation du
diagnostic
Après l'annonce, il existe un temps nécessaire
au sein du groupe familial pour la recherche d'un sens, d'une étiologie
à cette pathologie. Ce temps aura différentes visées
(Pitaud, 2006) :
1. Tentative de maîtriser (sur le plan cognitif) ce qui
arrive.
2. S'approprier ce qui arrive en donnant une dimension
subjective à ce qui est présenté dans un discours
scientifique.
3. Donner un sens à un événement qui
serait inappropriable psychiquement car il paraît injuste,
insensé. Le sujet et sa famille s'inventent une causalité pour
restaurer une continuité là où le traumatisme avait fait
rupture.
4. Les théories avancées vont permettre de
manifester de la culpabilité. La famille relit les signes dans la
recherche de ce qui a été raté et reconstruit après
coup les événements. [34]
Les effets de l'annonce tiennent à la manière
dont le diagnostic est dit mais également à la manière
dont il est entendu : cela dépend des attentes du sujet et de sa
famille, des représentations préalables de chacun sur la maladie
et du lien entre le patient concerné et celui qui écoute le
diagnostic.
La découverte accidentelle de l'annonce a un
impact traumatique important car elle ne permet pas de proposer un
accompagnement relationnel et ne donne pas d'explications sur la maladie. Ce
type de découverte a également un effet déstructurant pour
le narcissisme familial (le déni s'effondre).
3.2.2 Effets de l'annonce sur la dynamique
familiale
Selon Selmés et Derouesné (2007), le temps joue
un rôle essentiel en ce qui concerne les réactions des aidants
à l'annonce. Les premières réactions sont dîtes
« émotionnelles » et sont dues au choc d'apprendre
qu'il s'agit d'une maladie d'Alzheimer. Ces réactions sont à
différencier avec celles qui traduisent la prise de conscience et
l'assimilation de ce que va représenter la maladie dans la vie de
l'aidant et de celle du malade.
Pour ces auteurs, chaque famille a sa propre dynamique pour
affronter les événements adverses de la vie, chacun réagit
selon ses caractéristiques et ses valeurs. Ils mettent en
évidence plusieurs « types » de famille dont la
famille attentiste on l'on observe que le reste de la famille minimise ce que
dit l'aidant principal par rapport à la maladie du parent, la famille
négationniste qui pratique le déni comme mécanisme de
défense et enfin la famille responsable, consciente de la prise en
charge à venir du proche.
Selon Talpin (1999) et Pouillon (2003), l'annonce du
diagnostic peut avoir des impacts différents sur l'entourage du patient.
Nous allons voir chacun des modes de réactions possibles. [39] [35]
Gely-Nargeot et al (2003) ont mis en évidence la fréquence
d'apparition des différentes réactions lors de l'annonce. Chez le
conjoint de la personne atteinte, l'anxiété domine avec 48%, la
résignation (28%), le soulagement (17%), le rejet initial (16%), le
déni (12%) et enfin la colère (12%). [13]
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