3.3. Structurer l'organisation autour des besoins des
usagers
3.3.1 Dossier unique et secret professionnel
partagé
Depuis la loi 2002, l'établissement est dans
l'obligation de constituer un dossier unique consultable par l'usager. Cela
ouvre à l'opportunité de rendre lisible son parcours et de
mesurer l'efficacité de son accompagnement.
Le dossier unique a aussi l'avantage d'assurer une gestion
fiable des informations et d'en partager le contenu avec tous les
professionnels ce qui devrait moins pénaliser les moniteurs d'atelier
qui n'ont accès qu'à des informations partielles qui ne sont pas,
à mon sens, suffisantes. Le savoir qu'ils acquièrent de la
personne repose essentiellement sur les observations réalisées
dans le cadre de l'atelier. Cela réduit l'usager à un
présent qui n'est révélateur que d'une partie de son
identité et aboutit à un phénomène relaté
par un usager, « L'équipe est sympathique mais certains
moniteurs nous infantilisent et ne nous respectent pas. ».
Ces propos sont tenus par une jeune femme qui a
été chef d'entreprise pendant dix ans et est atteinte de troubles
bipolaires. Ils interrogent sur la qualité de l'accompagnement et sur le
regard que pose les professionnels sur leur différence. Ce qu'elle
relate est un épiphénomène qui n'est pas
révélateur des relations instituées entre usager et
moniteur mais qui nécessite d'être traité par une
démarche managériale appropriée.
Ces attitudes ou ces paroles relèvent de sanctions
disciplinaires quant il est constaté un manque de respect de
l'intégrité physique et morale de l'usager. Mais avant tout,
elles attestent d'un manque de formation et d'informations sur la
problématique de la maladie mentale et de ses conséquences. Le
secret professionnel partagé pourrait asseoir les bases d'une
connaissance qualitative et quantitative des usagers et améliorer
l'accompagnement.
De plus, cela permettrait de travailler en équipe sur
l'élaboration d'actions de communication en direction des futurs
employeurs. Ils doivent être informés sur la personne qu'ils
seront amenés à accueillir par une sensibilisation au handicap
psychique. Cette action doit être mise en oeuvre sans pour autant
dévoiler des informations confidentielles ou intimes. Il est important
aussi de définir les limites de cette information car il ne faut en
aucun cas stigmatiser une personne avant son arrivée dans
l'entreprise.
Les usagers, par l'intermédiaire du CVS ou par celui
des activités de soutien, pourraient être associés à
cette réflexion et déterminer ce qu'ils leur sembleraient utiles
de dévoiler ou non à un futur employeur.
|