INTRODUCTION GENERALE
1. Contexte de
l'étude
Durant les vingt ans qui ont suivi son indépendance, la
Côte d'Ivoire a pu se hisser parmi les pays en voie de
développement à revenu intermédiaire. Le PIB a ainsi connu
une augmentation en terme réel de 7% par an durant les
années 60 et 70 (GLOUNAHO, 2000).
Cette croissance économique a été
essentiellement le fait du secteur agricole, qui a représenté
plus de 30% du PIB et employé plus de 50% de la population active (LMC,
1997.). Pendant cette période de croissance (1960 à 1980), la
performance de l'agriculture a été due principalement au
café et au cacao qui ont représenté jusqu'à la fin
des années 1980, 60% des exportations totales et 90% des exportations
agricoles en Côte d'Ivoire (CIRAD, 1996).
Les exportations du café en particulier occupent la
troisième place en valeur des exportations ivoiriennes de produits
agricoles derrière le cacao et le coton fibre. Ces exportations se
chiffrent à environ 100 milliards de FCFA par an (BNETD, 2005). De plus,
la culture du café emploie environ 380 000 planteurs qui gèrent
environ 1 200 000 ha de plantations dont 600 000 ha en production (RNA,
2001).
Le développement de la caféiculture a
été possible grâce à l'intervention de l'Etat qui,
dès les premières années de l'indépendance, a mis
en place de nombreuses structures et sociétés d'appui au secteur
agricole.
Au niveau de la recherche, l'Institut de Recherche sur le
Café et le Cacao (IRCC) était chargé de mettre au point le
matériel végétal amélioré. L'IRCC a ensuite
été absorbé par l'Institut des Forêts (IDEFOR) puis,
en 1998 l'IDEFOR a été absorbé par le Centre Nation de
Recherche Agronomique (CNRA).
Au niveau de l'encadrement, la Société
d'Assistance Technique pour la Modernisation Agricole en Côte d'Ivoire
(SATMACI) était chargée de la vulgarisation de
variétés sélectionnées. La SATMACI a
été remplacée en 1993 par l'Agence Nationale d'Appui au
Développement Rural (ANADER).
Au niveau de la commercialisation, la Caisse de Stabilisation
et de Soutien des Prix des Productions Agricoles (CSSPPA ou CAISTAB)
était chargée de la supervision des opérations de
commercialisation et du soutien des prix du café et du cacao. Au niveau
du financement de l'agriculture, la Banque Nationale pour le
Développement de l'Agriculture (BNDA) était chargé
d'apporter un appui financier au milieu rural. En 1991, elle a par la suite
été liquidée en 1991.
Au début des années 80, la caféiculture
en Côte d'Ivoire a connu, une situation difficile du fait de la baisse
continue des cours sur le marché international. Cette baisse des cours
du café a entraîné une forte réduction des revenus
des producteurs, mais aussi des recettes du pays.
Face à cette situation, l'Etat Ivoirien, avec le
soutien des bailleurs de fonds, a entrepris au début des années
90, des réformes visant à libéraliser les
différents secteurs de son économie et en particulier les
filières café et cacao. Ces reformes ont abouti en janvier 1998
à la libéralisation totale de la filière café. Le
but de la libéralisation était le désengagement de l'Etat
de la gestion de la filière et d'en améliorer la
compétitivité afin de permettre aux paysans de percevoir une plus
grande part du prix de vente de leurs produits. Après la
libéralisation, la gestion de la filière café ( ainsi que
celle du cacao) a été confiée à un ensemble de
structures. Ce sont : la Bourse du Café et du Cacao (BCC),
l'Autorité de Régulation du café et du cacao (ARCC), le
Fond de régulation et de Contrôle (FRC), le Fonds de
Développement et de Promotion des Activités des Producteurs de
Café et de Cacao (FDPCC), le Fonds de Garantie des Coopératives
Café Cacao (FGCCC).
2.
Problématique
La Côte d'Ivoire produit principalement le café
Robusta et en est le troisième exportateur africain. La production de
café a évolué de façon erratique depuis les
années 50 jusqu'aujourd'hui. En effet, entre les années 50 et le
début des années 60, la production de café a connu une
hausse de plus de 10% par an. Elle a atteint une moyenne de 260 000 tonnes
durant les années 70 et au début des années 80, elle a
commencé à chuter (LMC, 1997). L'offre annuelle, qui était
de 239 000 tonnes en 1980, est passée au-dessous de 180 000 tonnes au
début des années 90, soit une baisse de 25%.
En effet, face à la baisse continuelle du prix du
café, la réaction des paysans dans un premier temps, a
consisté à accroître les superficies afin de réduire
les pertes de leurs revenus. Cela s'est fait par la création de
nouvelles plantations au détriment de la forêt primaire (NYEMECK
et al. ,2001). La chute du prix persistant, de nombreux paysans ont
dans un deuxième temps ont substitué leurs plantations de
café au profit d'autres cultures jugées plus rentables et plus
sûres (cacao, palmier à huile, hévéa). Par ailleurs,
ceux qui ont continué à produire ont réduit l'entretien
des plantations et suspendu les investissement nouveaux, avec pour
conséquence la chute des rendements et donc de la production de
café.
Durant la seconde moitié des années 90, à
la faveur d'une remontée des cours du café, le volume global de
la production ivoirienne a connu une légère baisse pour se
situer autour de 150 000 tonnes. Pendant la campagne 1999/2000, elle a atteint
le niveau record de 365 000 tonnes, soit son niveau le plus élevé
depuis 20 ans. Cette forte production a coïncidé sur le plan
international, avec l'entrée en production des plantations
indonésiennes et vietnamiennes. Le marché international a
enregistré un excédent de l'offre de café par rapport
à la demande avec pour conséquence la chute des cours mondiaux.
Cet effondrement des prix est venu redoubler les difficultés de la
filière café dont les producteurs étaient en crise depuis
plusieurs années. Cette situation a été accentuée
par la crise politico militaire que connaît la Côte d'Ivoire depuis
l'année 2002 et qui a entraîné l'abandon de nombreuses
plantations suite au déplacement de nombreuses populations.
Le département d'Aboisso, situé dans la
région du Sud Comoé qui est l'une des plus anciennes zones de
production de café du pays est actuellement l'une des plus
touchée par la baisse de la production de café. Sa production est
passée de 29 428 tonnes à 8715 tonnes entre 1998 et 2006 ;
soit une baisse de 70 % (Source : Base de donnée Observatoire
café cacao). D'autre part, la culture du café y subit la
concurrence d'autres cultures pérennes, notamment le palmier à
huile, l'hévéa. La crise que traverse la filière
café aujourd'hui affecte gravement les revenus des paysans du
département d'Aboisso, ainsi que l'économie toute entière.
Il apparaît dès lors nécessaire de se demander comment
relancer cette culture. La présente étude tente d'apporter des
pistes de solution à travers un diagnostic de la production
caféière dans le département d'Aboisso.
3. Objectifs de
l'étude
L'objectif général de l'étude est de
poser un diagnostic de la situation de la production caféière en
Côte d'Ivoire en vue de proposer une stratégie pour sa relance.
De façon spécifique, il s'agit de :
-établir un état des lieux de la production
caféière en Côte d'Ivoire ;
-identifier et analyser les facteurs pouvant favoriser la
relance de la caféiculture
-proposer un plan de relance de la production
caféière.
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