4. Hypothèses de
recherche
H 1 : La vieillesse du verger caféier est une cause de
la faible production des plantations.
H 2 : les prix bas payés aux producteurs sont la
principale cause de l'abandon de parcelles de café.
H 3 : la majorité des plantations de café
abandonnées ont été reconverties en d'autres cultures
pérennes.
H 4 : l'inaccessibilité de la main d'oeuvre
influence négativement les investissements dans les
caféières.
H 5 : la pratique des cultures telles que
l'hévéa et le palmier à huile (cultures concurrentes)
influence négativement les investissements en caféiculture.
CHAPITRE 1 : REVUE DE
LITTERATURE
1. CONTEXTE ECONOMIQUE ET
SOCIAL DE LA PRODUCTION DE CAFE EN CÔTE D'IVOIRE
1.1. Zones de
production
La culture du caféier se retrouve sur l'ensemble de la
zone forestière de la cote d'Ivoire qui présente des conditions
pédoclimatiques favorables à son développement (Annexe 1).
Les régions de production de café sont regroupées en 5
grandes zones :
· l'OUEST (régions du Moyen Cavally et des
Montagnes) : c'était la région de production la plus
importante avec une production de 72 980 tonnes en 2001. Elle regroupait 26,2%
des ménages agricoles produisant du café en côte d'ivoire
(RNA, 2001). Toutefois, depuis l'éclatement de la crise politico
militaire en 2002, l'on ne dispose pas de données statistiques
officielles récentes sur la production et la commercialisation du
café dans cette zone.
· le CENTRE-OUEST (régions de la Marahoué,
du Fromager et du Haut Sassandra) : c'est la deuxième zone de
production de café avec une production d'environ 50 900 tonnes en 2006,
soit 42% de la production nationale (Source : Base de données
Observatoire café-cacao). Elle regroupe près de 23,2%
ménages produisant le café. La production de cette zone
dépend en grande partie de la production dans le département de
Daloa.
· le SUD-OUEST (région du Bas Sassandra) :
cette zone, qui a produit 17056 tonne de café en 2006 (14% de la
production nationale), connaît depuis quelques années de fortes
reconversions des caféières en cultures d'hévéa et
de palmier à huile.
· Le SUD (régions des Lagunes, de l'Agneby et du
Sud Bandama). Cette zone a regroupe en 2001, 20,5% des ménages
produisant du café en côte d'ivoire. Cette zone est dominée
par le département de Divo qui a constitue 56% de sa production en 2006.
· l'EST (régions du Sud Comoé, du N'zi
Comoé et du moyen Comoé) : c'est la plus ancienne zone de
production de café du pays. Même si la production de café
dans cette zone est en régression depuis plusieurs années, elle
représente une part importante de la production nationale (environ 16 %
de la production nationale).
1.2. Facteurs de
production
1.2.1. Terre
Le développement agricole ivoirien, basé sur les
cultures d'exportation a été fortement influencé par le
libre accès à la terre, voulu et encouragé par le premier
régime au pouvoir après l'indépendance. Cela a
accéléré des mouvements migratoires des zones de savane
ivoirienne et des pays voisins (Mali, Burkina Faso) vers les zones
forestières en vue de l'acquisition de terres cultivables.
Il s'en est suivi une accélération du
« modèle front pionnier », par la création de
centaines de milliers d'hectares de nouvelles plantations de café et de
cacao par les migrants (surtout), après abattage de la forêt
primaire (Colin, 1987). Selon l'Ex-DCGTX, de 1955 à 1990, la population
rurale a été multipliée par quatre (4) et l'espace
forestier divisé par quatre (4). Aussi, les superficies plantées
sont passées de 1 347 000 ha en 1984 à plus de
2 500 000 ha en 1997 (MINAEF, 1984 et MINEOF, 1997 cités par
AGPKO, 2000). Pendant de temps les réserves forestières sont
passées de 8,5 à 0,5 ha par habitant. Cette situation a
été à la base de la hausse du coût d'acquisition de
la terre, la baisse de la fertilité des sols et de nombreux litiges
fonciers.
La raréfaction des réserves forestières
tant au niveau global qu'au niveau de chaque exploitation, engendre de nombreux
problèmes et bouleverse l'équilibre des systèmes
productifs.
1.2.2. Travail
La quantité de travail dans une exploitation agricole
dépend, outre la taille de l'exploitation, du système de
production utilisé. En effet, la conduite d'une exploitation peut
impliquer un besoin supplémentaire de travail (entretien, traitements
phytosanitaires, soins aux plantations) et cela tant que de nouveaux facteurs
ne transforment pas les techniques culturales. L'utilisation de la
main-d'oeuvre et le type de manoeuvres diffèrent selon les groupes
ethniques selon qu'on soit autochtone, allochtone ou étranger.
Les autochtones sont détenteurs de
terre. Ils sont caractérisés par la disponibilité en terre
et les possibilités de « vendre » cette terre contre
rémunération de différente nature. Ils peuvent aussi
« l'échanger » dans le cadre d'un contrat terre /
travail en vue de satisfaire les contraintes de liquidité
financière auxquelles ils sont soumis.
La main-d'oeuvre autochtone, moins abondante que la
main-d'oeuvre allochtone ou allogène, s'emploie surtout dans les
exploitations familiales et quelque fois dans des exploitations appartenant
à un autre autochtone (non membre de la famille).
Généralement, les exploitants autochtones, pour faire face
à la raréfaction et aux coûts souvent élevés
de la main-d'oeuvre, s'organisent en groupe d'entraide. Dans ce système,
tous les membres du groupe se retrouvent, chaque un ou deux jour, dans
l'exploitation d'un des leurs pour la réalisation des travaux
champêtres.
Les allochtones Baoulé, une fois en
possession de la terre, constituent des agrégats de campements
relativement importants. La force de travail dont ils disposent y est
concentrée et s'emploie rarement à l'extérieur. Ils
utilisent lorsque c'est possible, la main-d'oeuvre occasionnelle comme
permanente (Mossi), mais ils profitent également de l'apport de
main-d'oeuvre que représente la force de travail des jeunes
Baoulé ayant de près ou de loin des liens de parenté avec
eux.
Les Burkinabés : parmi ces
migrants, on peut distinguer les planteurs dernièrement arrivés
et ceux installés depuis de longues dates (avant 1980).
Les burkinabés installés depuis de longues dates
ont bénéficié d'une plus grande disponibilité en
terre compte tenu du besoin croissant des autochtones en force de travail. Par
la suite, ils ont pu, par leur statut privilégié de pionniers,
bénéficier d'une partie de la force de travail des migrants
arrivés après eux.
Les jeunes burkinabés qui arrivent, peuvent
espérer accéder à la terre, s'ils s'emploient comme
salariés permanents chez un autochtone. Ils doivent en outre consacrer
une partie de leurs forces de travail aux planteurs qui les accueillent et les
protègent. Sur leur temps de travail résiduel, ils peuvent
cultiver des vivriers sur des terres prêtées.
1.2.3. Capital
d'exploitation
Dans le cadre de notre étude, les investissements
auxquels nous nous sommes intéressé, porteront sur l'utilisation
des produits agro chimiques et les créations de nouvelles parcelles et
l'adoption de matériel végétal
sélectionné.
Ø Le matériel
végétal
Pour la plantation de leurs parcelles, les paysans utilisent
soit du matériel végétal sélectionné issu de
centres de recherche agronomique, soit du matériel provenant directement
d'anciens vergers.
Selon MOSSU (1990), la sélection de matériel
végétal repose sur des critères de vigueur, de
précocité, de productivité, de grosseur, de qualité
des cerises et de comportement vis à vis des maladies et d'attaques
d'insectes. Ils sont généralement appropriés aux
conditions climatiques et aux techniques culturales.
La plupart des caféiculteurs en Côte-d'Ivoire
exploitent leurs parcelles de façon traditionnelle, utilisant
très peu d'intrants notamment en ce qui concerne le matériel
végétal sélectionné. Ce qui accentue la faible
productivité des exploitations (HAÏDARA, 2001). C'est
généralement suite à des campagnes de soutien de la part
de l'Etat, que ces derniers utilisent du matériel
sélectionné.
Ø Les Engrais
L'objectif de la fertilisation est double : assurer les
besoins nutritifs des arbres et conserver les équilibres minéraux
et organiques du sol pour le maintien de sa structure et de sa
fertilité. Selon CAMBRONY (1979), l'emploi des engrais minéraux
et organiques en caféiculture est l'ultime et décisif
élément technique à mettre en jeu pour
l'amélioration de la productivité des caféiers. Mais il
doit être rentabilisé par un choix judicieux et une application
à des plantations bien conduites et bien entretenues.
Ø Les produits
phytosanitaires
C'est la catégorie d'intrants la plus utilisée
en caféiculture en Côte d'Ivoire. Sur les jeunes plantations, une
surveillance phytosanitaire doit être régulièrement
effectuée car des dégâts d'insectes qui, sur des arbres
adultes, seraient sans grand danger, peuvent s'ils se multiplient sur de jeunes
arbustes, compromettre gravement leur développement (MOSSU, 1990). Le
maintien d'une plantation en bon état de production nécessite
donc des traitements phytosanitaires réguliers.
Le café connaît peu de problèmes
phytosanitaires. Le traitement des scolytes des grains se fait avec
l'Endosulfan. Mais la recherche estime que 2% des paysans seulement font le
traitement car les attaques sont imperceptibles. Les perspectives de lutte
intégrée sont intéressantes à ce niveau parce
qu'ils existent des ennemis naturels qui limitent leur expansion. La lutte
intégrée fait place à la lutte biologique naturelle qui
est relayée, quand les taux de dégâts évoluent
au-delà de certains seuils économiques, par l'emploi de
pesticides appropriés (HAÏDARA, 2001).
1.3. Encadrement
Depuis la restructuration des services agricoles en Côte
d'Ivoire en 1993, les pouvoirs publics ont créé une
société unique de vulgarisation agricole, ANADER, reprenant les
activités de trois structures dissoutes : Ex-SATMACI (encadrement
café/cacao), Ex-CIDV (encadrement vivrier), Ex-SODEPRA (encadrement des
productions animales). Les structures dissoutes avaient une approche de
vulgarisation sectorielle et intégrée bâtie autour des
cultures de rente. Le conseil individuel était privilégié.
Ces structures se chargeaient de la distribution des intrants (semences,
engrais) et du crédit agricole.
L'ANADER intervient dans la filière café au
niveau de la production et la diffusion de matériel
végétal à partir de ses CBC. Elle intervient
également dans la vulgarisation d'innovation, notamment du
matériel végétal plus performant, des pratiques culturales
plus intensives.
Depuis sa privatisation 1999, les prestations de l'ANADER sont
devenues payantes de sorte qu'il est difficile pour les producteurs de
café de la solliciter son aide. Les producteurs n'ont en
général recourt à cette structure que pour l'achat de
matériel végétal.
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