1.4. Analyse de l'abandon de
plantations de café
1.4.1. Causes d'abandon
des plantations de café
Environ 60 % des producteurs de notre échantillon ont
abandonné des parcelles de café. Les raisons que ces paysans
évoquent sont représentées à travers la figure
24.
Figure 24: Raisons de l'abandon de parcelles de
café
Dans la population de paysans qui ont abandonné leurs
plantations de café, la raison principalement évoquée est
la faiblesse du prix qui démotive les producteurs à la pratique
de la caféiculture (42%). Cela confirme l'hypothèse selon
laquelle la faiblesse des prix serait la cause de l'abandon des plantations. La
seconde raison évoquée est le manque de main d'oeuvres (42%).
Soulignons que le manque de main d'oeuvre est un problème directement
lié à la faiblesse des prix. En effet, les métayers
étant rémunérés par partage du revenu des
plantations, ces derniers refusent de travailler dans les
caféières en période de prix bas.
Environ 8% des paysans ont évoqué d'autres
raisons comme le désir de pratiquer une culture plus
rémunératrice (hévéa, palmier à huile). Ce
sont 8 % d'entre eux qui évoquent le manque de moyens financiers pour
embaucher la main d'oeuvre salariée.
1.4.2. Devenir des
plantations de café abandonnées
La description du devenir des plantations permet de
distinguer les plantations laissées en jachère et celles qui ont
été reconverties en d'autres cultures. Comme le montre la figure
25, 62% des plantations abandonnées sont restées en
jachères.
Figure 25 : Devenir des plantations de café
abandonnées
Les paysans qui ont abandonné leurs
caféières en jachère évoquent trois (3) raisons
principales. D'une part, les parcelles de café sont devenues trop peu
productives pour justifier un quelconque investissement. Ce choix est une
manière de laisser à leurs enfants des terres, vu que les
réserves de terres sont devenues rares dans la région. D'autres
ne disposent pas de moyens financiers pour effectuer une replantation de leurs
plantations de café en d'autres cultures pérennes
(hévéa, palmier à huile). La proportion
élevée de plantation en jachère vient infirmer
l'hypothèse de départ selon laquelle la majorité des
plantations abandonnée seraient reconverties en d'autres cultures.
Pour les autres paysans les plantations sont en jachère
pour restaurer la fertilité du sol pour ensuite les replanter en
café. Ces paysans semblent encore attachés à la
caféiculture même s'ils trouvent qu'elle est trop peu
rémunératrice. Ils justifient cet attachement par le fait qu'ils
ont reçu la pratique de la caféiculture de leurs parents et
souhaitent le transmettre à leurs enfants. Les paysans semblent ainsi
avoir pour la caféiculture un intérêt à la fois
économique et social.
À côté des plantations en jachère,
il y a 38% de caféières reconverties en d'autres cultures. Les
paysans concernés évoquent comme principale raison le
désir d'avoir des sources de revenus plus sures. Ce taux de reconversion
est faible par rapport à l'ensemble des plantations abandonnées
et vient infirmer l'hypothèse selon laquelle la majorité des
plantations abandonnées seraient reconverties en d'autres cultures.
La répartition des cultures de reconversion,
présentée par la figure 26, indique que la culture de
reconversion la plus importante est le palmier à huile avec 50 % des
parcelles reconverties. Ensuite, viennent l'hévéa et les vivriers
(20% chacun) et le cacao (10%).
Figure 26 :: Répartition des cultures de
reconversion
Les paysans justifient le choix du palmier à huile par
le fait que cette culture permet d'avoir des revenus mensuels contrairement au
café et au cacao. En effet, la production de 1 ha de palmier à
huile procure au paysan un revenu de l'ordre de 28 000 FCFA par mois. Ce revenu
lui permet de subvenir à ses besoins immédiats et à ceux
de sa famille. De plus, le palmier à huile bénéficie de la
présence dans la zone d'Aboisso d'une huilerie de la Palmci (Huilerie
d'Ehania), permettant un écoulement plus facile de la production.
La reconversion des caféières en vivriers permet
d'assurer aux paysans une certaine autosuffisance alimentation, vu que les
revenus issus des caféières sont faibles. En outre, le cycle de
production des vivriers permet aux paysans d'avoir dans des délais
relativement court des revenus souvent appréciables.
Le taux de reconversion en hévéa est encore
faible (environ 20%) même si cette culture procure également des
revenus mensuels. Cela est lié au fait que l'hévéaculture
est encore récente dans la région d'Aboisso.
L'hévéaculture suscite de plus en plus
l'intérêt des paysans à cause des revenus
élevés qu'elle procure et aussi à cause de la mauvaise
conjoncture des prix d'achat du régime de palme. En effet, pour un
hévéaculteur, la part de rémunération lui revenant
en propre est de l'ordre de 100 000à 120 000
FCFA/ha/mois ; soit environ 4 fois plus que le revenu provenant du palmier
à huile. C'est donc à juste titre que 31% des paysans qui ont
laissé leurs caféières en jachère prévoient
les reconvertir en hévéa en cas de disponibilité
financière. Par ailleurs, les paysans ayant des parcelles reconverties
en vivriers envisagent également y développer plus tard la
culture de l'hévéa.
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