CONCLUSION PARTIELLE
Le verger caféier est vieillissant avec plus de la
moitié des parcelles qui a plus de 25 ans. De plus, au moins 2/3 des
champs ont été créés avec des plants non
sélectionnés. Par conséquent, les rendements des
plantations sont très faibles et se situent en dessous de la moyenne
nationale (250 kg/ha).
Les principaux investissements analysés dans cette
étude sont : la création de nouvelles plantations, la
rénovation du verger, l'utilisation de la main d'oeuvre et d'intrants
chimiques. Au niveau de la création de nouvelles plantations, il ressort
que très peu de paysans ont mis en place de nouvelles plantations de
café d'une part à cause de la faiblesse des réserves de
terre et d'autre part, à cause du manque de motivation dû aux
faibles prix du café. La rénovation du verger est
également faiblement pratiquée avec 12% de replantation et 29 %
de recepage. La principale contrainte à la réalisation de ces
opérations est le manque de force de travail. Cette force de travail,
à 81% étrangère, est en effet devenu rare et
coûteuse de sorte que les paysans ont en majorité recourt à
la main d'oeuvre familiale.
L'emploi des intrants chimiques est faible (seulement 26%) et
est constitué principalement d'insecticides et d'herbicides. Les
insecticides sont utilisés en général pour faciliter les
opérations de récoltes et ne sont employés qu'une seule
fois par an. Quant aux traitements herbicides, ils servent à palier le
manque de main d'oeuvre. Pourtant, leur emploi est resté faible en
dépit du manque de main d'oeuvre.
L'analyse de l'abandon de parcelle indique que la principale
raison est la faiblesse des prix du café qui entrave la motivation des
paysans et influence la disponibilité de la main d'oeuvre. La majeure
partie des plantations abandonnées a été laissée en
jachère (68%) et 38% ont été reconverties en d'autres
cultures pérennes. Les plus importantes de ces cultures de reconversion
sont le palmier à huile et l'hévéa, qui procurent aux
producteurs des revenus mensuels.
2. RÉSULTATS DU
MODÈLE LOGIT
2.1. Estimation des
déterminants des investissements
Lors de l'estimation du modèle LOGIT, le
problème rencontré est l'existence de forte
colinéarité entre certaines variables explicatives. Cette
présence de colinéarité introduit un biais au niveau des
paramètres estimés avec le problème de non convergence des
itérations. C'est la raison pour laquelle nous avons calculé le
coefficient de corrélation de Pearson entre les variables
expliquées. Celles dont les coefficients de corrélation sont
significatifs au seuil 5% ont été exclues du modèle
estimé (Annexes 4). Aussi, sur un total de 11 variables explicatives
identifiées au départ, seulement 7 ont été retenues
pour l'estimation du modèle. Ce sont: l'Âge du planteur, l'Origine
du planteur, l'Accès au crédit, la disponibilité de la
terre, l'Age de la plantation, le Revenu du planteur et l'Accès au
facteur travail.
Le tableau II présentant les résultats de
l'estimation du modèle LOGIT, montre sa robustesse à travers son
khi deux et son pourcentage de bonne prédiction.
Tableau II : Résultats du modèle LOGIT
Variables
|
Coefficients estimés
|
Test de Wald
|
Probabilités associées
|
Constante
|
1,53194
|
1,02
|
0,309
|
Age du planteur
|
-1,68132
|
-2,45
|
0,014**
|
Origine du planteur
|
-0,01631
|
-0,03
|
0,976
|
Accès au crédit
|
1,43705
|
1,76
|
0,080*
|
Disponibilité de la terre
|
1,27563
|
1,60
|
0,110
|
Age de la plantation
|
-0,90122
|
-1,58
|
0,113
|
Revenu du planteur
|
0,81824
|
1,77
|
0,077*
|
Accès au travail
|
0,31150
|
0,41
|
0,681
|
|
|
|
|
Khi deux du modèle
|
|
20,34 ***
|
|
Pourcentage de bonne prédiction
|
78%
|
|
Taille de l'échantillon
|
50
|
|
*** significatif au seuil 1% ** significatif au seuil 5%
* significatif au seuil 10%
|
Le khi deux, X²= 20,34 est significatif à 1%, ce
qui révèle que les variables explicatives sont pertinentes et
qu'il y a au moins une variable qui apporte une information significative dans
l'interprétation du modèle. D'autre part, le pourcentage de bonne
prédiction (p= 78 %) est à un niveau satisfaisant, indiquant
ainsi que le modèle prédit correctement le comportement
d'investissement du producteur.
A l'analyse du tableau 2, il ressort que trois (3) variables
influent significativement sur la probabilité d'investissement dans les
plantations de café. Ce sont : l'Age du planteur,
l'Accès au crédit, le revenu du
planteur.
· l'Age du planteur est significatif au
seuil 5% et négativement corrélé à la
décision d'investissement. La significativité de cette variable
se traduit par le fait que les planteurs les plus âgés (plus de 45
ans) investissent moins dans leurs plantations de café. Cela pourrait
venir du fait que ces planteurs sont familiers des fluctuations du prix du
café depuis les années 80. Aussi seraient-ils restés plus
méfiants que les jeunes planteurs vis à vis de la récente
remontée des prix (entre 2003/2004 et 2005/2006), craignant une nouvelle
chute comme par le passé. La forte propension des jeunes planteurs
à investir par rapport aux plus âgés pourrait
également s'expliquer par le fait que les jeunes ayant « peu
de charges » pour la plupart (comparativement aux vieux), auraient
plus de ressources à investir et prêts à prendre le
risque.
· l'Accès au crédit est
significatif au seuil 10 % et il est corrélé positivement avec la
décision d'investissement du paysan. Ce résultat était
attendu et en conformité avec l'analyse descriptive. En effet, l'une des
contraintes à l'investissement évoquée par les paysans est
le manque de moyen pour l'acquisition de facteurs de production (intrants, main
d'oeuvre). Aussi, les paysans ayant utilisé des intrants chimiques dans
leurs plantations de café sont ceux qui ont reçu des
crédits de campagne de leurs coopératives. Le crédit
aurait donc permis de desserrer les contraintes financières des paysans
pour l'acquisition de facteurs de production.
· Le revenu du paysan est une variable
significative au seuil 10%. Cette variable est positivement
corrélée avec la décision du paysan d'investir dans ses
plantations de café. Le signe positif du coefficient indique que la
probabilité d'investir augmente avec le niveau de revenu du paysan.
Autrement dit, les paysans disposant d'un plus grand revenu seraient plus
disposés à consentir des investissements dans leurs plantations
de café que les paysans à revenus relativement faibles. En effet,
l'entretien d'une plantation de café nécessite des
investissements non seulement en produits mais aussi en main-d'oeuvre. Il
serait donc plus difficile pour un paysan à revenu faible de faire face
à toutes ces dépenses que pour un paysan à revenu
relativement élevé.
L'Origine du planteur, la disponibilité de la terre,
l'âge de la plantation et l'accès au crédit ne sont pas
significatifs dans la décision du paysan d'investir dans ses plantations
de café. L'origine du planteur et l'âge de la plantation ont des
signes négatifs et la disponibilité de la terre et l'accès
au travail ont des signes positifs.
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