1.2. Situation des
investissements en caféiculture
1.2.1. Création de
nouvelles plantations de café
Très peu de paysans ont créé de nouvelles
plantations depuis les quatre (4) dernières années comme
l'indique la figure 6.
Figure 6: Pourcentage de création de nouvelles
plantations depuis 2003
Sur l'ensemble des paysans enquêtés, 14% ont
créé de nouvelles plantations de café. La superficie
moyenne de ces plantations est de 1 ha. La raison évoquée comme
ayant motivé la création de nouvelle est la remontée du
prix du café de 166 FCFA à 423FCFA entre les campagnes 2003/2004
et 2005/2006, soit une augmentation de 60,7%. Cette remontée du prix
aurait donc encouragé certains paysans à effectuer des
investissements en création de nouvelles plantations de café.
Les paysans n'ayant pas créé de nouvelles
plantations (86%) évoquent le manque de motivation vis à vis de
la caféiculture, compte tenu des niveaux de prix pratiqué depuis
les années 90. Aussi, même si les prix du café ont connu
une hausse de 60,7% entre 2003 et 2006, la majeure partie des paysans sont
restés méfiants, craignant une rechute des prix.
Les paysans n'ayant pas créé de nouvelles
plantations de café, évoquent également le manque de
réserves de terre comme contrainte. En effet, comme le montre la figure
7, 46% des paysans enquêtés ne disposent pas de réserves de
terre. Aussi, l'accès à de nouvelles de terres étant
difficile, les paysans qui disposent encore de forêts (34%) ou de
jachères (20%) préfèrent les conserver pour leurs enfants,
ou bien y développer plus tard du palmier à huile ou de
l'hévéa.
Figure 7 : Répartition des paysans selon la
disponibilité de réserves de terre
1.2.2. Utilisation du
facteur travail
Les plantations de café sont exploitées soit
directement par les paysans (46%), soit confiée à des
métayers (54%). Selon le mode de faire valoir, le type de main d'oeuvre
utilisé varie d'une situation à l'autre selon les
disponibilités financières de l'exploitant.
Les métayers n'utilisent que la main d'oeuvre familiale
(100%) et n'ont recours à la main d'oeuvre salariée que pour les
opérations de récolte.
Dans les cas d'exploitation direct, les paysans emploient de
la main d'oeuvre familiale, la main d'oeuvre salariée et les groupes
d'entraide comme le montre la figure 8.
Figure 8: Répartition de la main d'oeuvre pour
les plantations en faire valoir directe
La main d'oeuvre familiale est la plus employée avec
plus de 65% des actifs. Les producteurs utilisent
préférentiellement cette main d'oeuvre car elle est gratuite.
Mais, la main d'oeuvre familiale se fait de plus en plus rare car les paysans
préfèrent envoyer leurs enfants à l'école, les
rendant indisponibles pour les travaux champêtres, d'où
l'utilisation de la main d'oeuvre salariée.
Cette proportion de main d'oeuvre salariée est
toutefois encore faible avec 23% de l'ensemble des actifs. Sa faible
utilisation vient du fait que les paysans ne disposent pas de moyens financiers
pour la rémunérer. Elle n'est donc employée que si le
paysan dispose de moyens financiers ou pour les opérations de
récolte.
Très peu de paysans sont organisés en groupes
d'entraides (7 %). Ce sont essentiellement des étrangers (il semble
qu'ils ne soient pas encore entrés dans les habitudes des autochtones).
Les groupes d'entraides permettent de mobiliser de grands effectifs sur une
même plantation.
La main d'oeuvre salariée et les métayers sont
essentiellement d'origine étrangère, (81,5 %) avec une
prédominance de burkinabés et de togolais. La main d'oeuvre
salariée est devenue inaccessible à cause de la chute des prix
du café depuis l'année 1999 qui a réduit les revenus des
paysans. De plus, pour les mêmes raisons, les contrats de métayage
sont devenus peu rentables.
Le manque de travailleurs a été aggravé
par la crise politico militaire que traverse la Côte d'Ivoire depuis
septembre 2002. Elle a entraîné le départ de nombreux
travailleurs (étrangers) vers leurs pays d'origine. Ceux qui sont
restés en Côte d'ivoire refusent en général de
travailler dans le café. Ils préfèrent se faire embaucher
dans le palmier à huile (pour les récoltes) où ils
perçoivent une rémunération plus régulière
et plus élevée. En effet, la rémunération
journalière dans une plantation de café est de l'ordre de 1500
FCFA contre 2250 à 3000 FCFA pour le travail dans les palmeraies
(Source : Enquêtes de terrain).
Une présentation de la fréquence de
désherbage des plantations de café est faite à partir de
la figure 9.
Figure 9: Fréquence de désherbage
annuel
La majorité des producteurs de café (70%)
effectuent par an deux (2) désherbages de leurs plantations alors que
les services d'encadrement conseillent 3 ou 4. Cela provient d'une part du fait
que les paysans ne disposent pas de moyens financiers pour embaucher de la
main d'oeuvre salariée. D'autre part, les métayers refusent en
général de faire plus de deux désherbages, trouvant que le
café est peu rentable.
Les trois désherbages sont effectués par
près de 20% des producteurs. On y trouve principalement les paysans
étrangers organisés en groupes d'entraide.
Les situations de désherbage unique sont
rencontrées chez 5% des producteurs enquêtés. Dans ce cas,
les plantations sont désherbées avant la récolte, pour
permettre un accès plus facile aux cerises. Le café fait alors
l'objet d'une agriculture de cueillette.
1.2.3. Utilisation des
intrants chimiques
Les intrants chimiques employés dans les plantations de
café sont essentiellement constitués d'insecticides (Decis,
Super, etc.) et d'herbicides (Gramoxone, Roundup, etc.).
· Herbicides
La figure 10 représente les proportions d'utilisation
des herbicides.
Figure 10: Pourcentage d'utilisation des herbicides
pendant la campagne 2005/2006
La majeure partie des producteurs de café (72%) n'ont
pas utilisé d'herbicides sur dans leurs plantations de café. Ils
le justifient tous par le manque de moyens financiers pour en
acquérir.
Pourtant, 28 % des producteurs ont utilisé des
herbicides dans leurs plantations de café. Cette utilisation
d'herbicides est en général un recours au manque de main
d'oeuvre. Cependant, ce pourcentage est faible en dépit de
l'inaccessibilité de la main d'oeuvre. Les producteurs ayant
utilisé des herbicides l'on obtenu par les coopératives qui leur
en ont facilité l'accès à crédit ou à
moindre coût.
· Insecticides
L'analyse de l'utilisation des insecticides,
représentée par la figure 11, permet de constater une faible
utilisation de ces intrants.
Figure 11: Pourcentage d'utilisation des insecticides
pendant la campagne 2005/2006
95% des producteurs n'ont pas utilisé d'insecticides
dans leurs plantations de café pendant la campagne 2005/2006. La raison
principale qu'ils évoquent est le manque d'argent pour en
acquérir.
Seulement 10% des producteurs ont utilisé des
insecticides dans leurs plantations de café. Cette utilisation
d'insecticide n'a lieu qu'une seule fois par campagne et juste avant la
récolte. L'objectif des paysans en traitant leurs parcelles est de
faciliter les opérations de récoltes par la lutte contre les
fourmis.
1.2.4. Replantation des
caféières
Les activités de replantation ont été
très peu pratiquées depuis 2004 dernières années
par les paysans, comme le montre la figure 12.
Figure 12: Pourcentage de replantation des
caféières depuis 2004
Seulement 12% des paysans ont pratiqué la
replantation. Cette replantation a été faite en grande partie
avec du matériel végétal tout venant. Le pourcentage des
paysans ayant pratiqué la replantation est faible malgré
l'âge avancé du verger caféier et la faiblesse des
rendements qui en découle.
Les producteurs n'ayant pas replanté leurs vergers de
café (82 %) évoquent le manque de moyens financiers pour le
faire, vu que cette opération est coûteuse en main
d'oeuvre. A cela, s'ajoute le difficile arbitrage entre le
sacrifice d'une plantation dont le revenu décline mais existe encore et
l'anticipation d'un revenu plus élevé mais retardé dans le
temps. Aussi, de nombreux paysans n'optent pas pour la replantation, craignant
une chute des prix du café au moment de l'entrée en production
des plantations.
1.2.5. Recepage des
plantations de café
Très peu de paysans ont pratiqué le
recépage de leurs parcelles de café depuis 2004, comme le montre
la figure 13.
Figure 13 : pourcentage de recépage des
caféières depuis 2004
Seuls 29% des paysans ont pratiqué le recépage
de leurs caféières. Ce recépage est en
général confié à la main d'oeuvre chargée
d'effectuer la récolte. Le faible pourcentage de recépage
pourrait entraîner la baisse des rendements des plantations. Les paysans
qui n'ont pas pratiqué le recepage de leurs vieilles
caféières évoquent le manque de moyens financiers comme
principale raison.
1.3. Description des
déterminants de la décision d'investissement en
caféiculture
Pour l'analyse des déterminants de la décision
d'investissement, nous nous sommes intéressé aux
opérations de désherbage, de rénovation des
caféières (recépage et replantation) et l'emploi des
produits phytosanitaires. Dans le cadre de cette étude, on
considérera qu'un paysan investi s'il pratique au moins deux (2) des
opérations suivantes :
--au moins deux (2) désherbage par an ;
--rénovation d'au moins un (1) ha ;
--emploi de produits phytosanitaire sur au moins un (1) ha,
avec respect des doses prescrites.
Les données utilisées pour l'analyse de la
décision d'investissement, sont celles de la campagne 2005/2006.
1.3.1. Age du
planteur
Pour l'analyse de l'investissement par l'âge, une
classification des paysans par classe d'âge a été faite.
Ainsi ce sont trois classes qui ont été retenues :
-- la classe des moins de 45 ans, regroupant les paysans les
plus jeunes;
-- les paysans d'un âge compris entre 45 et 65 ans;
-- et les vieux, âgés de plus de 65 ans.
La figure 14, ci-dessous, montre l'évolution des
pourcentages d'investissement selon les classes d'âge
sus-citées.
Figure 14 : Pourcentage d'investissement selon
l'âge du planteur
Les planteurs les plus jeunes (moins de 45 ans) semblent
être les plus motivés à investir dans leurs plantations de
café. Et cette motivation semble aussi décroître avec
l'âge du planteur, dans la mesure où ce sont les vieux qui
investissent le moins dans notre échantillon. Ce sont seulement 12 %
d'entre eux qui investissent dans leurs plantations, contre 29% pour les 45 -
65 ans et 59%.
1.3.2.
Instruction
La répartition des paysans ayant investi dans leurs
caféières est représentée par la figure 15.
Figure 15 : pourcentages d'investissement selon
l'instruction du paysan
On remarque que les planteurs lettrés investissent plus
dans leurs plantations de café avec une proportion de 60% contre 45%
pour les planteurs analphabètes.
1.3.3. Origine du
planteur
La population rurale productrice de café est
essentiellement composée d'autochtones (Agni), d'allochtones
Baoulé et Dioula et d'allogènes burkinabés et togolais.
Considérant que ces deux derniers groupes (allogènes et
allochtones) ont relativement les mêmes caractéristiques en leur
qualité de peuple migrant vers les zones de production, ils seront donc
regroupés au sein du groupe des migrants ou des non autochtones.
Il ressort de l'analyse de la figure 16, que c'est dans la
population des autochtones qu'on rencontre le pourcentage d'investissement le
plus élevé (75%).
Figure 16 : Proportion d'investissement selon
l'origine du planteur
1.3.4. Revenue brut du
planteur
Le revenu du planteur lui permettant de faire face à un
ensemble de dépenses nécessaires pour l'augmentation de ses
investissements. Le revenu brut, calculé dans le cadre de cette
étude, est la somme des revenus perçus par le planteur pour
chacune de ses activités économiques agricoles
(caféiculture, cacao culture, etc.). Pour l'analyse de l'investissement
par le niveau de revenu, une classification des paysans a été
faite. Ainsi ce sont trois (3) classes qui ont été retenues :
1 : classe des paysans dont le revenu est
inférieur à la moyenne des revenus (250 000FCFA)
2 : les planteurs ayant un revenu brut entre 250 000
FCFA et 500 000CFA
3 : les planteurs ayant un revenu supérieur
à 500 000 FCFA
L'analyse de la figure 17 indique les planteurs ayant moins de
250 000 FCFA investissent le plus dans leurs plantations de café
(plus de 50%). On a par la suite ceux ayant plus de 500 000 FCFA qui
représentent près de 28% des paysans ayant investi dans leurs
caféières. Les planteurs ayant un revenu situé entre
250 000 et 500 000 FCFA, semblent être les moins motivés
à investir dans leurs caféières dans la mesure où
ils ont le plus faible pourcentage d'investissement (moins de 15%).
Figure 17: Pourcentages d'investissement selon le
niveau de revenu
1.3.5. Age de la
plantation
L'analyse de la figure 18 indique que les investissements
réalisés dans les plantations les plus âgées sont
les plus importants. En effet, plus de 50% des paysans qui ont investi dans
leur caféière, ont des plantations qui ont plus de 25 ans. Cette
proportion des paysans ayant investi diminue lorsque les plantations sont plus
jeunes.
Figure 18 : Pourcentage d'investissement selon
l'âge de la plantation
1.3.6. Superficie de la
plantation
La figure 19 permet d'apprécier la répartition
des investissements suivant la superficie des exploitations.
Figure 18 : Pourcentage des investissements
suivant la superficie de l'exploitation
On constate que la proportion des paysans ayant investi
diminue avec la taille de la plantation. Autrement dit, plus les plantations
sont grandes et moins les paysans auraient tendance à y investir. En
effet, seulement 25 % des investissements en plantation ont eu lieu sur des
plantations de plus de 10 ha, contre 35 % et 40% pour les plantations entre 5
à 10 ha et les plantations de moins de 5 ha.
1.3.7. Accès au
facteur travail
L'investissement en plantation nécessite de la
main-d'oeuvre non seulement pour l'entretien de ces plantations, mais aussi
pour les opérations de recépage, de replantation et la
création de nouvelles parcelles.
De l'analyse de la figure 20, il ressort que les paysans
disposant de plus de plus de travailleurs sur leurs exploitations investissent
le plus. En effet lorsque le nombre de travailleur passe au-dessus de 1
travailleur pour 3 ha, la proportion des paysans qui investissent passe de 30%
à 70%, soit une hausse de 40%.
Figure 20 : Pourcentages d'investissement en
fonction du nombre de travailleurs
1.3.8. Pratique de
cultures concurrentes
L'analyse de l'effet de la pratique de cultures concurrentes
sur la proportion des paysans qui investissent dans les caféières
est faite à partir de la figure 21.
Figure 21 : Pourcentage d'investissement selon la
pratique cultures concurrentes.
On remarque à partir de la figure 21, que les
pourcentages d'investissement, sont à des niveaux très proche
pour les paysans pratiquant les cultures concurrentes du café que pour
ceux n'en pratiquant pas.
1.3.9. Accès au
crédit
La majorité des paysans qui investissent dans leurs
plantations de café ont eu accès à des crédits de
campagne, comme le montre la figure 22.
Figure 22 : Pourcentages d'investissements selon
l'accès au crédit
Au total 60% des paysans ayant investi ont accès
à des crédits de campagnes, contre 40% de paysans n'ayant
accès au crédit. Ces crédits sont reçus soit sous
forme d'argent, soit sous forme d'intrants chimiques.
1.3.10. Réserves de
terre
La proportion des producteurs ayant des réserves
disponibles est inférieure à celle des paysans ne disposant de
réserves comme le montre la figure 23.
Figure 23 : pourcentage d'investissement selon la
disponibilité de réserves de terre
Près de 40% des paysans ayant investi dans leurs
plantations de café ont des réserves de terre et 60% d'entre eux
n'en ont pas.
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