3.5.6 Le
futur
A un moment donné dans le futur, le monde prendra
conscience du danger de la déplétion du pétrole et
essayera de faire quelque chose, mais quand?
Vision optimiste :
Le monde deviendrait conscient de la déplétion
du pétrole, comme ce fut le cas dans les années 1990 pour le
réchauffement du climat. Longtemps ignoré, il devint d'un jour
à l'autre sujet n°1. Il suffirait d'un politicien ou d'un
scientifique influent pour créer un effet boule de neige. Une fois les
citoyens conscients du problème, les gouvernements auraient la
légitimité pour voter des lois pour les économies
d'énergies, et signer des traités entre pays producteurs et
consommateurs de pétrole pour prévenir des guerres
d'approvisionnement.
Des stratégies de diminution de la population seraient
mises en place pour réduire la demande d'énergie et de
nourriture. Notre mode de vie devra changer, mais les menaces seront tellement
graves que nous serons forcés de le faire. Finalement, une population
humaine réduite et plus stable émergera (estimée à
deux milliards d'individus).
Vision pessimiste :
Le monde continuerait son chemin, aveugle, sans voir ou
plutôt en ignorant les signes précurseurs, jusqu'à ce que
le déclin soit bien entamé et impossible à ignorer. Ce
serait alors la panique et les pays tenteraient de sécuriser le
pétrole restant pour leurs propres besoins, dans une stratégie
nationaliste plutôt qu'une politique mondiale de survie. Des guerres
éclateraient entre les ennemis, et des barrières
douanières s'élèveraient entre les
« amis », dans une tentative des sociétés de
repousser le changement inéluctable et de prolonger le monde actuel le
plus longtemps possible.
Les guerres, famines, pénuries et migrations de masse
détruiraient notre société, jusqu'à ce que nous
nous retrouvions avec une population estimée à deux milliards ou
moins d'individus organisés en société
médiévale.
Que nous adhérions à la
vision optimiste ou à la pessimiste, une chose est certaine : nos
modes de vie vont être profondément modifiés dans les
prochaines décennies en conséquence de la déplétion
pétrolière. Que le pic de Hubbert soit atteint aujourd'hui ou
dans les vingt prochaines années, la production de pétrole ne
fera ensuite que diminuer, tandis que notre consommation mondiale continue de
croître. Le prix du pétrole va donc augmenter, nous diminuerons
donc enfin notre consommation mais un jour viendra ou nous devrons nous en
passer car les ressources seront épuisées.
Tous les secteurs de l'économie connaîtront une
régression, ceux fortement dépendant du pétrole les
premiers. Sans pétrole, pas de transports et sans transports pas de
tourisme, c'est une évidence.
Les transports aériens seront les premiers
touchés, ils seront tout d'abord, réduits puis devront être
stoppés. L'utilisation de la voiture diminuera, avant de
s'arrêter, faute de véritable solution alternative. Les transports
en communs seront de plus en plus utilisés mais leur coût
augmentera, s'ils sont dépendants du pétrole.
Au niveau touristique, ça sera la fin du tourisme
mondial. En effet, sans avion, comment aller de Paris à Sydney en 15
jours ? Comment atteindre les cocotiers et le soleil des caraïbes
à partir de Genève pour une semaine ou encore New York depuis
Rome pour un week-end ? Durant cette phase de transition, le tourisme de
proximité connaîtra un véritable essor. On voyagera moins
vite, moins loin, moins souvent et pour plus cher.
Des pays comme la Norvège présentent la
particularité d'être producteur de pétrole et quasiment
indépendant de celui ci d'un point de vue énergétique. Ce
pays au faible taux démographique produit la majorité de son
énergie grâce à l'hydroélectricité. Nul ne
sait de quelle manière ce pays gérera sa production de
pétrole dans l'avenir, mais il est certain qu'il s'agit d'un des pays
européens les moins dépendants des énergies fossiles et le
plus préparé à une crise liée à
l'épuisement des ressources pétrolières.
Le tableau est noir, certes, mais sans prise de conscience des
citoyens, sans prise de décisions des gouvernements, la vision optimiste
du futur disparaîtra de la même manière que le
pétrole. Plus nous perdons de temps à préparer une
transition, à rechercher des alternatives au pétrole et plus le
choc sera dur.
Aujourd'hui, l'écomobilité touristique est
freinée par une mauvaise organisation des transports durables, une
absence de décision chronique de la part du monde politique, une absence
de vision à long terme et une forte dépendance des citoyens
à leur voiture. Pourtant, les menaces terroristes et la
déplétion pétrolière devraient inciter à la
mise en place, au plus vite, de solutions alternatives durables aux modes de
transports actuels mais aussi à notre manière de faire du
tourisme.
L'absence de prise de conscience et de politique
engagée ne fait qu'accélérer la venue et l'ampleur du choc
et de la crise qui surviendront avec la diminution, puis la fin de la
production pétrolière. Aujourd'hui, nous fermons les yeux,
demain, nous serons au bord du précipice car nous n'aurons pas voulu
préparer l'avenir durablement. Il est urgent d'agir maintenant, demain,
il sera déjà trop tard.
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