3.5.5 Les
conséquences
Le pétrole a quatre débouchés principaux.
Il s'agit des transports, de l'énergie domestique, de l'agriculture et
de la plasturgie.
Les transports :
Actuellement, 96 % des transports mondiaux utilisent des
hydrocarbures comme énergie : les transports maritimes,
aériens, fluviaux, routiers, utilisent tous des moyens de propulsion
brûlant du pétrole ou parfois du gaz. Le seul secteur où le
pétrole n'est pas dominant est le transport ferroviaire, en partie
électrifié. Une grande partie de cette électricité
est produite avec des hydrocarbures.
On peut noter que les transports maritimes et fluviaux ne
seront à priori que faiblement pénalisés par le pic
pétrolier et la hausse des prix du carburant, car les volumes de
marchandises sont tels que le prix du transport est largement dilué dans
le prix total. Seules les marchandises de faible valeur seront
pénalisées.
Il est probable que les transports terrestres et maritimes se
tourneront partiellement vers les biocarburants et le gaz naturel, voire le
charbon (trains et bateaux) ; le transport aérien reste par contre
dépendant du kérosène pour de nombreuses années
encore, aucune solution alternative n'ayant dépassé le stade du
laboratoire, à part le pétrole "Fischer-Tropsh" produit à
partir de charbon, qui fournit le tiers de la consommation de l'Afrique du Sud,
mais dont la production émet beaucoup de CO2.
L'énergie domestique :
Pour ce qui est du
chauffage, pour remplacer le fioul et l'électricité d'origine
pétrolière, diverses solutions existent : bois, houille, gaz
naturel, biogaz, combustion des déchets ménagers,
géothermie et solaire thermique. Ces différentes solutions ont
chacune leurs limites.
Les économies d'énergie possibles sont à
envisager très sérieusement, avec en premier lieu :
l'isolation des bâtiments. Il est possible de réduire de 50
à 80 % les dépenses d'énergie domestique, par exemple
avec des habitations ne nécessitant pas de chauffage, seule une
ventilation mécanique à récupération de chaleur
(double flux) étant nécessaire (cette méthode est
basée principalement sur l'isolation et l'effet de serre des vitres).
Une approche de cette « bonne conception »
architecturale est la démarche Haute qualité environnementale qui
se développe principalement dans les chantiers publics à l'heure
actuelle ou le concept de maison solaire passive qui se développe dans
les pays germaniques.
L'agriculture :
Le secteur agricole ne semble que peu concerné par la
déplétion pétrolière mais il sera peut-être
le plus durement touché. En effet, l'agriculture intensive repose sur
l'utilisation d'intrants (engrais chimiques, pesticides) élaborés
à partir de l'énergie pétrolière ou issus de
pétrochimique. De plus, l'agriculture consomme de grandes
quantités de plastiques (serres, mulch, emballages, outils ...) et de
carburant pour les engins agricoles.
Les engrais et carburants étaient deux facteurs
importants de la révolution verte. La mutation du modèle agricole
actuel vers un système « sans pétrole » sera
laborieuse. Les pertes de productivité qui en découleraient
pourraient engendrer des situations de crise alimentaire. Il est peu probable
que l'agriculture puisse se maintenir ou se développer dans le
modèle productiviste, même sans pic pétrolier
(problèmes écologiques, économiques, de santé
publique et sociétaux avec par exemple la dégradation de la
qualité des eaux et des sols).
La
plasturgie :
Aujourd'hui, une grande part des matériaux d'emballage
et de fabrication des produits industriels utilise du plastique,
c'est-à-dire du pétrole transformé. Un choc
pétrolier durable et irréversible pourrait remettre en cause cet
usage du pétrole, qu'il sera difficile de remplacer. La plupart des
aliments se vendaient en vrac avant les années 1950. Les fibres
synthétiques et les emballages individuels sont apparus tardivement tout
comme les produits jetables.
Il est désormais possible de produire certaines
matières plastiques en utilisant des végétaux ou des
bactéries, mais pas dans la gamme de diversité obtenue par la
pétrochimie. Ces produits ne sont pas encore prêts pour une
utilisation industrielle, car les surfaces de production agricole ne
peuvent pas être immédiatement attribuées à ces
cultures industrielles (si elles le sont, ce sera sans doute au
détriment d'autres cultures car les jachères ne suffisent
pas) et la filière industrielle reste à créer.
La voie du recyclage des matériaux doit être
privilégiée car il est impossible de consacrer une trop grande
partie des terres agricoles à des productions non alimentaires.
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