3.3 Freins sociétaux
La décision publique intègre rarement le
moyen et le long terme, en prenant des décisions passives ou
réactives, mais cette absence de vision du futur fait également
cruellement défaut aux citoyens. En effet, les règles du
marché économique font référence au profit à
court terme, les citoyens ont donc du mal à se mobiliser pour
défendre une cause dont ils ne verront pas forcément les
retombées à court terme...
Selon les pays en Europe, la place qu'occupe la voiture n'est
pas identique, mais elle est en générale assez forte.
Malgré l'information disponible et les alternatives en transports en
commun, il existe en général une grande habitude d'usage de la
voiture (ou dépendance automobile) qui est sans doute l'un des obstacles
majeurs auquel on est confronté lorsqu'on cherche à diversifier
les modes de déplacements.
La dépendance à l'automobile aurait
différentes origines d'ordre culturelle, socio-économique,
urbanistique ou technique.
Le recours généralisé à
l'automobile serait d'une part étroitement lié au désir de
la grande majorité de « vivre au vert ».
Avec l'accroissement des revenus au cours du siècle
dernier, l'achat d'une automobile par le chef du ménage, dès
l'entrée dans la vie active et depuis peu d'une deuxième
automobile par le conjoint dès l'arrivée du premier enfant, fait
désormais partie de la norme de consommation. La motorisation a ainsi
envahi toutes les couches de la population, même si les personnes
à revenus élevés se déplacent toujours nettement
plus en voiture que les personnes à revenus modestes.
Les automobiles ayant une durée de vie limitée
et se dépréciant rapidement, leurs propriétaires ont
intérêt à les amortir au plus vite en roulant beaucoup. Et
on l'utilise plus vite, plus loin, surtout en périphérie.
Les nouvelles générations, habituées
dès l'enfance à se déplacer en voiture, n'imaginent plus
aujourd'hui utiliser un autre mode. Ceux qui ont accédé au mode
automobile dans les années 50-60 ne veulent plus s'en passer à
l'âge de la retraite.
Ce recours généralisé à la
voiture et la dépendance qu'il engendre, sont avant tout le
résultat des performances techniques remarquables de l'automobile par
rapport aux autres modes de transports. La voiture est jugée par ces
utilisateurs comme le seul mode qui semble n'avoir que des avantages, mis
à part son coût élevé peu perçu et quelques
nuisances « que de nouvelles technologies pourraient éliminer
à terme », dit-on. La marche offre une vitesse et un confort
très insuffisants. La bicyclette est trop peu sûre. Et les
transports collectifs sont trop lents pour le porte-à-porte et pas
toujours disponibles.
Tableau résumant les avantages et
inconvénients des modes de déplacement
Source : Frédéric HERAN
(IFRESI-CNRS / CLERSE), La réduction de la dépendance automobile,
Article paru en 2001 dans le n° 37 des Cahiers Lillois d'Economie et de
Sociologie.
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