3.2 Freins politiques
La remise en cause de certaines formes touristiques ou de
certains modes de transport peut prendre du temps en raison de blocages
décisionnels et de la crise politique.
La lourdeur et les incohérences de notre système
administratif sont en grande partie responsables du déficit
public. On créer en permanence de nouvelles structures, sans
supprimer les précédentes qui avaient des missions souvent assez
proches des nouvelles créées. Prenons l'exemple de la France,
alors qu'il n'existait à l'origine que 3 échelons administratifs
(commune, département et Etat), il existe aujourd'hui, en plus, des
structures intercommunales multiples, sans oublier les régions. La
répartition des responsabilités entre ces différents
niveaux est tout sauf claire. En effet, chaque instance essaie de justifier son
existence en dépensant et l'imbrication des responsabilités
conduit à multiplier le temps de concertation et de
décision : voilà de quoi décourager bon nombre de
citoyens et d'élus.
Pour les élus, la prise d'initiative est rendue de plus
en plus difficile par les responsabilités qui y seront liées. La
prise d'initiative est donc synonyme de risque. Les grands problèmes de
sociétés sont donc bien souvent non abordés et les
élus adoptent une attitude de gestionnaire à court terme, celui
des échéances électorales. Il s'agit d'un véritable
désengagement des collectivités publiques.
Les élus locaux sont, de plus, non formés, non
informés et non accompagnés dans leur fonction. Ils font donc des
choix qui ont souvent des conséquences désastreuses. Ils n'ont
aucune vision globale de leur territoire, de leurs citoyens. Leur vision
sectorielle les amène à mettre en place des projets ponctuels,
sans penser aux conséquences de ces projets sur les autres secteurs.
Des conflits d'usages apparaissent donc, et les élus doivent les
gérer. Lorsqu'il s'agit de traiter de thèmes ciblés comme
le tourisme et les transports par exemple, ils choisissent souvent de traiter
des deux thèmes séparément, de fractionner. Une
démarche d'ensemble est pourtant nécessaire puisque les deux
domaines sont intimement liés. Il est essentiel de changer les
problématiques traditionnelles, les conceptions fonctionnalistes ou
rationalistes d'un domaine, d'un problème, d'un projet, par une vision
globale. Ainsi une vue d'ensemble permettra d'inscrire une cohérence
dans les actions. Cette approche doit être adaptée au territoire
et non sectorielle, si l'on ne veut pas passer à côté de
données essentielles.
L'Europe manque de débats publics de fond. Il est rare
que les citoyens soient appelés à donner leur avis sur des
thèmes d'importance, sinon par l'affirmative ou la négative. Ils
peuvent se prononcer lors d'enquêtes publiques liées à un
projet ou un autre mais pas sur leur vision du futur, sur ce qu'ils veulent
pour l'avenir. On propose au citoyen et il accepte ou non. Ne serait-il pas
intéressant que le citoyen propose lui aussi ? La démarche
à mettre en place serait certainement longue et difficile, mais face
à la crise politique, ne faut-il pas changer de processus ? Bien
évidemment tous les citoyens ne souhaitent pas donner leur avis, mais
cela est peut être dû au fait qu'on ne le leur a jamais
demandé.
Comme nous l'avons vu en première partie, la
législation concernant le développement de certains modes de
transports ne prend pas en compte la réduction de leurs impacts. On
remarque en général, une absence de cadre législatif
strict et de politiques pionnières en matière
d'écomobilité (différents niveaux selon les pays
d'Europe). Ce problème est lié au désengagement des
collectivités publiques et à l'absence de prise d'initiative. Les
élus et décideurs gèrent les différents
problèmes au coup par coup, sans prendre de risque et toujours sur du
court terme.
Le domaine du tourisme traîne une lacune qui n'est pas
des moindres, l'absence de travail en amont qui pourrait permettre d'anticiper
les changements prévisibles ou en cours. De plus, il n'existe pas ou peu
de vision du futur en matière de tourisme. Les décideurs
(collectivités publiques) devraient à travers un projet
territorial définir leur propre vision du futur, se projeter, et ce dans
tous les domaines. Malheureusement, les actions sont souvent
réalisées sur du court terme, sans être mises en place en
fonction d'objectifs prédéfinis. Des multitudes de projets voient
le jour mais sans aucune coordination, on se retrouve par exemple, face
à une désorganisation totale du secteur touristique dans
certaines collectivités. Il est donc nécessaire que des objectifs
soient fixés. En effet, sans objectifs à atteindre, il n'y a pas
de changement, d'évolution dans la manière d'aborder les sujets,
c'est l'immobilisme. Les élus se retrouvent alors dans une attitude
passive où ils réagissent quand un problème survient. Si
un comportement actif est adopté, l'anticipation est possible, on peut
alors mettre en place en quelques années, de véritables projets
qui répondront aux objectifs fixés. L'anticipation permettra de
voir juste quant au futur et d'adapter les projets aux évolutions
prévues. Grâce à l'utilisation d'indicateurs dans de
nombreux domaines, on peut voir évoluer les comportements, voir le
changement s'amorcer et agir en conséquence avant que les
problèmes que vont causer ces changements n'éclatent. La mise en
place d'une veille technologique fait cruellement défaut aux
collectivités publiques qui ne se projettent pas et
végètent dans le cours terme.
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