3.4 Le terrorisme, régulateur du développement
des transports aériens ?
Le terrorisme dont est victime le secteur aérien depuis
les attentats du 11 septembre 2001 changera peut être les habitudes des
voyageurs. Le 11 août dernier (2006), un nouveau projet d'attentats
terroristes a été déjoué au Royaume Uni. Le
lendemain, le plan Vigipirate était poussé à son maximum
et les passagers étaient convoqués à se présenter 2
heures plutôt que prévu dans les aéroports londoniens pour
être fouillés plus scrupuleusement. Les bagages à main, que
les passagers pouvaient jusqu'alors emmener avec eux dans l'avion,
étaient enregistrés en soute. Si ces mesures de
sécurité draconiennes devaient se prolonger, il est certain
qu'elles décourageraient bon nombre de passagers aériens. En
effet, le cumul du temps d'attente et de contrôle avant le
départ, du temps de vol, du temps d'attente de
récupération des bagages après le vol et le temps de
contrôle une fois arrivé à destination est source de stress
pour le voyageur qui, découragé par ces attentes interminables,
préférera certainement prendre le train que l'avion sur des
distances courtes.
3.5 Le tourisme et les transports face
à la déplétion pétrolière
Le pétrole et sa chimie sont omniprésents et les
lobbies pétroliers sont très puissants. Notre économie
repose, toujours plus, sur un excès énergétique, sur
l'enthousiasme irrationnel de transporter biens et personnes aux quatre coins
du monde.
Aujourd'hui, toute anticipation trop crédible de la fin
de l'ère pétrolière est ressentie comme un réelle
menace pour l'économie mondialisée dont les énergies
fossiles sont la base. Nous refusons d'admettre qu'il y aura forcément
une fin. La chose est pourtant inévitable car les ressources de la Terre
sont limitées et tout le monde le sait.
Nous repoussons donc l'échéance en refusant de
voir ce qui arrivera. On se demande ce qui empêche la mise en place,
dès aujourd'hui, de transitions douces, sur une ou plusieurs
décennies. Est-ce la peur qui paralyse les pouvoirs politiques ? Il ne
manque plus désormais d'experts pour affirmer que nous sommes bien plus
près de la fin qu'on veut nous le dire.
En admettant que nous avons moins de 30 ans pour nous adapter
à un grand bouleversement de notre économie actuelle, on constate
que nous avons beaucoup plus de questions que de réponses. Le transport
et le tourisme comme beaucoup d'autres activités dépendent
directement et indirectement du pétrole. Si nous ne réduisons pas
radicalement nos transports et ne repensons pas notre manière de faire
du tourisme, l'échéance fatidique qui se rapproche sera
insurmontable.
Au vu de la réaction des différents
gouvernements vis-à-vis de ce problème, nous pouvons nous
demander s'il s'agit d'un mauvais canular. Si la déplétion du
pétrole est réelle, pourquoi aucune décision n'est
prise ? Faisons le point sur les réserves
pétrolières, la production, notre consommation d'énergie
fossile. Qu'elles sont les prévisions et qu'elles en seraient les
conséquences, le futur, si la déplétion du pétrole
survient rapidement comme le prédisent de nombreux experts ?
3.5.1 Les
réserves
La question des réserves est le problème le plus
épineux de la déplétion du pétrole.
Tout d'abord, il existe différents types de
réserves. Les réserves initiales sont celles estimées
disponibles dans un gisement lors de sa découverte. C'est sur ces
réserves que sont basés les calculs de prix de vente des
gisements, d'investissements faits pour son exploitation et de valeur des
entreprises. Les réserves sont souvent peu fiables en raison des enjeux
financiers qu'elles représentent. A partir des réserves initiales
des gisements, on calcule les réserves prouvées, probables et
possibles. La quantité de pétrole qui sera exploitée avec
les moyens actuels avec une probabilité de 95% représente les
« réserves prouvées ». La quantité de
pétrole qui sera produite avec une probabilité de 50% est
désignée « réserves possibles ». Et la
quantité de pétrole supposée produite, si le prix de vente
augmente de manière à couvrir des frais d'extractions très
élevés, avec une probabilité de 5% se nomme
réserves possibles. Les gouvernements et les banques utilisent
généralement la valeur médiane des trois quantités
qui a moins d'une chance sur deux d'être finalement découverte.
Les différentes estimations sont justifiées dans
les rapports par les différents types de pétrole :
conventionnels et non conventionnels (schistes bitumeux, sables
pétrolifères et pétrole inexploitable avec les
technologies actuelles). Pourtant les experts expliquent que l'exploitation des
gisements de pétrole non conventionnels restera lente, difficile et
coûteuse et que la production nette d'énergie est très
limitée. En effet, l'exploitation de ces gisements nécessite
souvent la consommation d'une part de leur énergie, autrement dit, il
faut utiliser de l'énergie pour exploiter ces gisements
d'énergie, ils sont donc peu rentables.
Enfin les estimations officielles sont souvent remises en
cause. Elles sont d'une part définies de manière
différente selon les pays, et d'autre part gonflées dans certains
pays pour augmenter leurs quotas de production. En effet, les
six principaux pays de l'OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de
Pétrole) ont augmenté significativement leurs réserves
vers la fin des années 1980, quand les autres ont continué sans
changements importants. Les quotas de production pour chaque pays membre de
l'OPEP sont proportionnels à leurs réserves prouvées. Plus
les quotas sont élevés, plus ils peuvent gagner d'argent, cela
leur a donc donné de bonnes raisons d'ajuster leurs chiffres. En
admettant qu'il n'y ait pas d'ajustement, les chiffres sont tout de même
suspects puisqu'ils sont identiques d'une année sur l'autre et quelle
que soit la quantité de pétrole extraite.
Le schéma suivant a été
réalisé par Jean Laherrère, qui a travaillé 37 ans
chez Total, où il a fini comme chef des techniques d'exploration, puis a
participé aux travaux du Commissariat Général du Plan sur
l'énergie. Il est membre de l'ASPO (Association
for the Study of Peak Oil and Gas), un réseau presque informel
d'ingénieurs, de géologues, de scientifiques de disciplines
diverses et d'économistes, qui cherche à déterminer le
moment où le pic pétrolier va survenir, et ses
conséquences sur l'économie.
Réserves mondiales prouvées
(Jean Laherrère)
Comme le montre ce schéma, les réserves
s'amenuisent depuis le début des années 1980. En effet, depuis
cette période, on consomme plus de pétrole que l'on en
découvre, les réserves diminuent donc.
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