2.3.3 Les Moyens marketing et de communication
La communication est certainement l'élément
clé du développement du tourisme durable et de
l'écomobilité. Pour faire connaître ses concepts,
sensibiliser les populations et les amener à une prise de conscience, il
faut faciliter l'accès à l'information, diffuser les bonnes
pratiques et expliquer concrètement comment il est possible de
réduire l'impact de nos vacances sur l'environnement.
La communication est un domaine vaste, ou de nombreux moyens
peuvent être utilisés. Ces différents moyens peuvent
être combinés pour toucher différents types de publics et
ainsi atteindre la majorité de la population. La prise en compte de
l'environnement est l'affaire de tous, mais les médias s'adressent
souvent à un public élitiste lors de leurs actions très
ponctuelles à ce sujet. Il est important d'apporter du concret, du
vécu et du ludique à la population.
La semaine européenne de la mobilité à
lieu chaque année en septembre et a pour objectif global de favoriser la
prise de conscience collective quant à la nécessité d'agir
contre les nuisances générées par la croissance du trafic
motorisé en milieu urbain. De fait, il ne s'agit pas seulement de lutter
contre la pollution atmosphérique ou contre le bruit mais aussi
d'améliorer la qualité de vie en ville. 70 millions
d'européens ont participé à cette semaine en 2005, la
preuve est faite que le sujet intéresse les citoyens et qu'ils sont
près à faire des efforts. Il faut maintenant les sensibiliser sur
le fait qu'en allant en vacances en voiture et en avion ils polluent beaucoup
et leur proposer des solutions alternatives. A quand la journée
« en vacances sans ma voiture » ?
L'ADEME a lancé début 2006 une campagne
télévisuelle de sensibilisation sur la réduction des
déchets ménagers tandis que Max Havellar a choisi de diffuser des
courts-métrages sur le commerce équitable par le biais de son
site internet et de publier des publicités sur les produits
équitables dans différents magazines et journaux. Pour le
comité catholique contre la faim et pour le développement, le
choix de l'affichage a été fait, des affiches chocs ont
été mises en place dans le métro, les gares et
aéroports : « tu mangeras quand tu seras
compétitif » sur fond de photo de famine africaine. Que l'on
choisisse la sensibilisation, l'information ou le choc, si le support de
communication est bien choisi, l'idée fera son chemin. Il ne faut pas
hésiter à employer les grands moyens quand on peut le faire
(aspect financier souvent déterminant) mais le plus important est de
choisir le bon message et le bon support
Pour sensibiliser les jeunes on choisira le jeu, la BD, le
dessin animé. Sensibiliser les petits c'est souvent sensibiliser la
famille. Un enfant doit comprendre que tous ces gestes ont un impact sur
l'environnement, s'il est convaincu, il convaincra ensuite ses parents, son
entourage puis ensuite ses propres enfants. Le jeu des sept familles de la
mobilité « pour un développement durable, choisissez le
transport adapté » est un bon exemple d'outils
pédagogique adapté aux enfants et à la famille. C'est un
bon moyen d'apprendre en s'amusant. Ce produit est vendu par correspondance
à partir du site Internet actu environnement.
Les informations diffusées doivent être claires.
L'écologie a longtemps été considérée comme
une préoccupation d'intellectuels, car l'information n'était pas
accessible et compréhensible par tous, les données scientifiques,
les détails futiles brouillaient les chances d'interpeller le grand
public. Il est essentiel que l'information soit, dans un premier temps,
épurée. Seule l'idée principale, l'essentiel est
prioritaire. Mais attention, si le grand public se décourage facilement
lorsque l'information ne lui est pas présentée de façon
claire, il cherchera certainement à approfondir un sujet s'il a
été interpellé, les idées doivent donc être
clairement chiffrées, argumentées, illustrées. Le site
internet de l'ADEME est un bon exemple, malheureusement ils sont rares et le
domaine de la pollution liée au tourisme et au transport touristique
n'est abordée que par très peu d'organismes. Seuls les sites
Internet de projet de mobilité touristique durable s'y
intéressent et comme nous l'avons vu plus haut, ils sont, eux aussi,
encore rares.
La remise de récompense est un bon moyen de faire
connaître des initiatives exemplaires. Les NETS awards
récompensent les meilleures initiatives en terme de mobilité
douce. Tous les ans, des porteurs de projets sont candidats. C'est un bon moyen
de faire connaître leur initiative car ces récompenses sont
souvent accompagnées d'articles dans la presse locale, régionale
voire nationale. En Irlande du Nord, l'organisme touristique (Northern Ireland
Tourisme Board) organise chaque année une cérémonie de
récompenses : les NITB awards. Depuis plusieurs années, des
prix sont remis aux porteurs de projets durables. Ainsi, hôteliers,
restaurateurs, gestionnaires de parcs d'attraction ont la possibilité de
se faire connaître grâce à leurs actions en faveur de
l'environnement.
Les conférences, ateliers de travail et salons pour les
professionnels du tourisme et de la mobilité se développent ces
dernières années. C'est un bon moyen de vulgariser des principes
et idées tels que l'écomobilité et le tourisme durable.
Causeway Coast and Glens Heritage Trust organise dans ce sens, chaque
année, un atelier de travail sur le tourisme vert en Irlande du Nord.
C'est l'occasion pour les professionnels du tourisme d'échanger entre
eux sur différents thèmes, mais aussi sur les aspects concrets de
projets déjà réalisés. C'est un véritable
travail en partenariat et la possibilité pour les futurs porteurs de
projets d'obtenir des bons conseils et des contacts qui leur seront utiles par
la suite.
La labellisation de produits intégrés
(transport, hébergement, restauration, activité...) est un bon
moyen de renseigner le client, de se crédibiliser et de se faire
connaître. De nombreux labels existent, ils peuvent être
européens, nationaux, régionaux ou locaux. Ils doivent être
le reflet d'une qualité et d'engagements communs à tous les
organismes labellisés. Des critères stricts doivent être
établis et l'organisme certificateur doit être indépendant
pour que le label soit crédible.
En partenariat avec Mourne Heritage Trust, South Armagh
Tourism Initiative et le Département du Tourisme d'Irlande du Nord
(NITB), Causeway Coast and Glens Heritage Trust a mis en place un projet pilote
d'éco-labellisation touristique. Le projet vise à concevoir un
schéma de labellisation et d'entreprendre la labellisation de 10
entreprises touristiques sur chacun des territoires de Mourne, South Armagh et
Causeway Coast and Glens. Le principal but de ce projet est d'inciter les
entreprises touristiques à prendre des mesures pour un tourisme durable
et de reconnaître leurs efforts par le biais de la labellisation. Les
entreprises participantes bénéficient d'une petite aide
financière pour atteindre les normes nécessaires à la
labellisation. Ce programme pilote deviendra peut être un modèle
pour une application à un niveau le plus large possible en Irlande du
Nord et en Irlande.
Les trois partenaires ont travaillé avec l'aide d'un
bureau d'étude pour définir les critères de la
labellisation. Ils balayent une grande diversité de domaines relatifs
à :
- l'économie et la gestion de
l'électricité
- l'économie et la gestion de l'eau
- la gestion et le recyclage des déchets
- la gestion environnementale générale
- la gestion des paysages et impacts
Trois catégories d'entreprises ont été
établies pour le programme : l'hébergement, les attractions
et services, et les activités. La certification a été
faite par un organisme indépendant avec différents niveaux
d'accréditation, certaines entreprises s'étant plus investies que
d'autres. Le projet a été en partie financé par le fond
NRRTI du programme européen spécial pour la paix et la
réconciliation. Une cérémonie a eu lieu pour
récompenser les porteurs de projets de leurs efforts, la presse y
était conviée et chacun des 3 organismes porteurs du projet a, de
son côté, fait la promotion du projet. Le département du
tourisme (NITB) réfléchit à présent au
développement de ce programme d'accréditation touristique au
niveau de l'Irlande du Nord.
La labellisation de produits touristiques et écomobiles
est une bonne chose, cela permet d'aider le consommateur à faire son
choix en connaissance de cause. Cependant, une trop grande diversité de
labels peut aussi brouiller les pistes et serait au contraire un frein pour le
consommateur qui ne saura plus quoi choisir tellement il y aura de labels. Il
est donc important que les critères des labels locaux, régionaux
et nationaux, soient le plus proche possible de ceux de l'éco-label
européen pour qu'il y ait possibilité d'harmonisation grâce
à ce label international. Ainsi dans toute l'Europe le consommateur
pourra choisir simplement entre un produit « normal » et un
produit « vert ».Le label écologique de l'union
européenne a été établi en 1992 et est
symbolisé par une fleur. C'est un système de certification
destiné à aider les consommateurs européens à
discerner les produits et services plus verts, plus favorables à
l'environnement. Les produits et services sont certifiés par un
organisme indépendant selon des critères stricts. Le label ne
concerne pas pour l'instant les services de transports, seuls des services
d'hébergement et de restauration sont pour l'instant
labellisés.
Enfin, la fidélisation du client au concept de
tourisme durable et écomobile est très importante. Un client qui
a passé des vacances durables et écomobiles ne doit plus passer
de vacances autrement. Il faut donc le fidéliser. La création
d'agence entièrement dédiée à ce type de tourisme
n'existe pas, certaines sont tout de même de sensibilité
« verte » et proposent un large choix de séjours, il
faut donc qu'un travail soit fait dans ces agences pour inciter le client
à revenir. Carte de fidélité ou avantages financiers aux
clients fidèles, la formule est à préciser, mais un client
sensibilisé, convaincu, reviendra d'autant plus facilement qu'on lui
propose des avantages.
|