III/ L'accompagnement individuel
Dans un premier temps, un accompagnement individuel est
nécessaire.
Lorsque la famille accepte le dépôt d'un
dossier, elle n'est pas en mesure de le constituer seule. Le conseiller en ESF
l'aide à le remplir et à préciser les dettes
contractées. Cette phase permet généralement aux personnes
de prendre conscience de leurs difficultés. Elles entrent alors dans le
principe de réalité : le budget est posé et mis
à plat. Il est nécessaire de contractualiser avec elles la mise
en place du dossier pour qu'elles s'engagent à mettre tout en oeuvre
pour améliorer leur situation (ne pas contracter à nouveau des
crédits par exemple). Chaque membre du couple signe le dossier. Ceci
permet de les responsabiliser et de leur faire comprendre la
nécessité de réduire leur consommation. Si l'un des deux
n'est pas prêt, une amélioration de la situation sera difficile
à envisager.
Le conseiller en ESF est également amené
à établir un travail en réseau avec différents
partenaires (banques, Banque de France, sociétés de recouvrement,
associations caritatives, service social...) afin de trouver des solutions
adaptées pour améliorer la situation financière.
Ensuite, lorsque le dossier est déposé, une
action éducative budgétaire est indispensable. Le suivi d'un plan
de la Banque de France nécessite que les personnes renoncent à
certaines dépenses et puissent gérer seules leurs ressources. Cet
accompagnement leur permet d'apporter une aide sur le moyen et long terme. Pour
qu'elles puissent apprendre (ou réapprendre) à gérer
seules sans s'auto-exclure de l'accès aux loisirs, le conseiller en ESF
les valorise et les encourage dans leurs démarches. Ceci permet qu'elles
retrouvent une image positive d'elles-mêmes. Le professionnel tient
compte de leurs capacités et de leurs compétences pour les mettre
en valeur et soutenir tout changement intervenant dans la situation.
Son soutien est très important pour que les personnes
puissent réapprendre à consommer. En effet, lorsqu'elles suivent
un plan conventionnel de redressement, elles n'osent plus dépenser de
peur de rechuter (peur de faire leurs courses seules, d'aller chez le
coiffeur...). Elles pensent ne pas être capables de résister
à la tentation et ne savent plus se projeter dans l'avenir. Il est donc
important qu'elles se sentent épaulées pour qu'elles puissent
reconsommer sereinement, et donc accéder aux loisirs.
De plus, pour que l'accompagnement réussisse, le
conseiller en économie sociale et familiale les aide à comprendre
les facteurs intrinsèques et extrinsèques, ayant motivé la
multiplication des crédits, puis l'auto-exclusion de l'accès aux
loisirs. Ainsi, les personnes surendettées, ayant consommé pour
accéder à une reconnaissance sociale, doivent prendre conscience
de ce besoin pour pouvoir changer de mode de vie. En expliquant leur
fonctionnement et leurs relations à l'argent, ils pourront comprendre
leur comportement d'achat. Le but est qu'ils amorcent un changement dans leur
façon de consommer et puissent résister aux différentes
sollicitations (de la société, de leurs enfants...).
L'aide du conseiller en économie sociale et familiale
se fait alors dans le respect du mode de vie de chacun. Il ne prend pas en
compte ses propres valeurs et son rapport à l'argent pour rendre
efficace son accompagnement. Il est important que les personnes
surendettées puissent rester actrices de leur situation. Pour cela, le
conseiller en économie sociale et familiale chemine avec eux et respecte
leur choix. Il peut différer certaines propositions lorsqu'elles ne sont
pas prêtes à les entendre.
Enfin, lorsque le plan est mis en place, le conseiller en ESF
peut suggérer, selon les situations, une orientation psychologique pour
qu'il y ait une prise en charge complémentaire. Un suivi par un
psychologue, voire un psychiatre peut être nécessaire pour que les
personnes travaillent sur leur fonctionnement et leur histoire
personnelle :
- A quoi correspondent leurs dépenses ?
- Quel rôle peut avoir le passé dans leurs
décisions actuelles d'achat ?
- Que compense leur consommation ?
- Quels sont les facteurs d'auto-exclusion de l'accès
aux loisirs ?
Il est nécessaire qu'elles trouvent des réponses
à ces interrogations pour pouvoir s'autoriser à accéder
aux loisirs, et ne pas « rechuter » pendant ou après
le remboursement du plan conventionnel.
Soulignons que l'accompagnement individuel permet
également d'évaluer la nécessité ou non de mettre
en place une mesure de protection des majeurs ou une tutelle aux prestations
sociales si un problème d'autonomie est rencontré dans la gestion
du budget d'un ménage. Le conseiller en ESF peut le conseiller aux
personnes. En cas de refus et si la famille est en danger, la mesure de
protection sera demandée.
Enfin, l'efficacité de l'accompagnement des personnes
surendettées implique l'utilisation des différents outils et un
travail en réseau avec plusieurs partenaires. Cela m'a amené
à réfléchir sur la notion du secret professionnel. En
effet, le conseiller en ESF travaille avec des professionnels aux
compétences diverses. Il doit donc évaluer ce qui peut être
dit, ceci dans l'intérêt des personnes et avec leur accord.
Au-delà de la prise en charge individuelle, un
accompagnement collectif est souvent nécessaire.
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