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L'accès aux loisirs des personnes surendettées remboursant un plan conventionnel de redressement

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par Tony Follin
 - diplôme d'état de conseiller en économie sociale et familiale 2007
  

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4/ L'auto-exclusion des familles

4.1/ Le sentiment de culpabilité et de honte

L'enquête a révélé que le sentiment de culpabilité et de honte est omniprésent chez l'ensemble des personnes interrogées. Cette culpabilité semble amener les familles vers l'auto-exclusion de l'accès aux loisirs.

v Mme A. : «  je me sens un peu coupable. »

v Mr et Mme D. : « on s'est dit : « pourquoi on a fait ça ? » »

v Mme E. : « c'est l'engrenage et on réalise après les conneries qu'on a fait. »

v Mme B. : « j'ai honte. Je ne suis pas très à l'aise quand même. »

v Mme C. semble être la plus culpabilisée : « c'est de ma faute (...) C'est moi la coupable (...) Comment j'ai pu être aussi stupide (...) J'ai honte (...) C'est de ma faute (...) C'est de ma faute si j'en suis là. »

La culpabilité et la honte semblent empêcher « l'autorisation » d'accéder aux loisirs. En effet, de par cette culpabilité omniprésente, les personnes ne s'autorisent plus les dépenses de loisirs, sans doute par crainte de ne pas être raisonnables. Ces personnes semblent vivre le plan conventionnel et la restriction comme une punition, une injustice.

v Mme A. : « fallait réfléchir avant et on a pas réfléchi donc on nous sert la ceinture. On s'en mord les doigts. »

v Mr F. : « j'ai fait la bêtise donc il faut que je répare les dégâts. »

v Mme B. : « j'avais l'impression d'être traitée comme quelqu'un qui a commis un crime. »

v Mr et Mme D. : « on se sent un peu exclu de la consommation et c'est dur de voir tout le monde partir en vacances mais on a mal géré donc il faut assumer, c'est comme ça. »

v Mme E. : « je ne ressens pas forcément un sentiment d'injustice car j'aurais pas dû faire de crédits. C'est de ma faute, pas celle des autres. Mais, des fois, j'en veux à la terre entière. En fait, je me sens exclue. J'aimerais être comme eux, en terrasse. »

v Mme C. : « c'est injuste, oui et non. Non parce que c'est de ma faute si j'en suis là, mais oui quand même parce que là, je vis sans vivre. C'est pas facile à expliquer. Je vis sans vivre parce que je survis. Y'a pleins de choses que je ne peux pas faire. »

4.2/ Une illusion, un enfermement dans le surendettement

a) Le surendettement, une situation tabou

Une grande majorité des personnes interrogées font en sorte de ne pas montrer qu'elles sont en situation de surendettement :

v Mme B. : « je n'ai pas prévenu ma famille et mes enfants, j'évite de leur en parler. Les amis et les collègues, c'est pareil. »

v Mme E. : « j'essaie de ne pas montrer que je suis surendettée même si je sais qu'on n'est pas les seuls (...) On a gardé tout à l'intérieur. »

v Mme A. : « personne n'est au courant. Juste ma mère mais on en parle jamais. Ca me stresse d'en parler. »

v Mme C. : « c'est pas facile de dire aux gens. Les gens disent « ah mais tu dis que tu es seule mais tu ne sors pas, on te propose des sorties, tu viens pas », mais j'ose pas dire que j'ai un dossier de surendettement. C'est pas facile à dire. »

Les personnes surendettées expriment leur volonté de ne pas révéler leur surendettement.

Nous pouvons souligner que, dans leurs réponses, elles n'expliquent pas pourquoi. Nous pouvons émettre l'hypothèse que la honte est la raison principale. En effet, cette honte, cette gêne, est évoquée par l'ensemble des personnes surendettées lors d'une question suivante.

b) La restriction des relations familiales, amicales et professionnelles

Même si les personnes surendettées ne souhaitent pas révéler leur surendettement, il leur est difficile de ne pas restreindre les relations familiales, amicales et professionnelles. Elles expliquent ces restrictions du fait d'un budget obéré.

v Mr F. : « je préfère dire que ce mois-ci, c'est un peu raide ou alors je trouve une excuse « j'ai oublié ma carte bleue » ou « je suis occupé aujourd'hui ». »

v Mme A. : « j'invite plus personne ou alors ils participent au repas. »

v Mme E. : « on ne sort jamais sauf le ciné quand c'est 3,5€ (...) Je m'oblige à être casanière pour ne pas avoir à dépenser. »

v Mr et Mme D. : « souvent, on n'a pas d'argent donc on répond que ça ne nous intéresse pas. »

v Mme C. : « je me force à restreindre mes relations familiales, amicales et professionnelles parce que je n'ai pas assez d'argent (...) Je mens parce que je peux pas dire que je ne peux pas. Je dis souvent que je garde mes petits enfants. C'est pas évident. »

Pour Mme B., il est indispensable de conserver les mêmes relations.

v « il ne faut pas restreindre les relations avec la famille et les amis. Il faut garder la tête haute. Il faut garder des liens. »

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