3.3/ Reste à vivre : facteur
d'exclusion ?
a) Alimentation, hygiène et habillement
Le responsable adjoint du service surendettement de la Banque
de France reconnaît que « le reste à vivre ne laisse
pas faire d'extras, on ne peut pas faire de folies ». Mais selon
lui, « chacun est satisfait ». Il justifie le
montant du reste à vivre en disant qu' « on ne peut pas
dire aux créanciers, « voilà, les gens sont
surendettés, ont des crédits, mais on va vous demander de faire
des efforts parce qu'ils ne peuvent pas vous rembourser plus que ça. On
a fait un bilan global, on a ça à disposition, vous êtes
tant à vouloir récupérer votre argent, donc on va faire un
prorata entre vous, on va réduire les taux
d'intérêts ». On ne peut pas dire aux créanciers
qu'on laisse aux débiteurs avoir canal +, avoir ceci, avoir cela, qu'ils
partent en vacances. Nous ne pouvons pas dire ça, ça paraît
logique. C'est vrai que le reste à vivre est un faible montant mais
c'est une question de gestion de budget. »
Les travailleurs sociaux estiment que ces personnes sont
confrontées à un budget tellement serré que la moindre
dépense inattendue le déstabilise.
v Mme G., AS : « il serait
intéressant de se pencher sur le reste à vivre que laisse la
Banque de France à des familles qui sont déjà dans
l'obligation de restreindre leur mode de vie et qui ne peuvent faire face aux
imprévus. »
v Mme M., AS estime qu'il est « insuffisant,
notamment par rapport aux loisirs et aux tentations permanentes de la
société de consommation. »
v Mme K., CESF : « le reste à
vivre, c'est alimentation, hygiène et habillement. C'est assez clair.
Pour moi, il est insuffisant même si il a été
augmenté, ce qui est déjà une très bonne chose. Et
puis, l'appellation de ce forfait ne fait pas apparaître le terme loisir
ou vacance ou argent de poche. Cette nomination signifierait donc que lorsqu'on
est surendetté, on a droit à l'alimentation, l'hygiène et
l'habillement, rien de plus. Pour moi, c'est assez
révélateur. »
Le terme forfait « alimentation, hygiène,
habillement » semblerait donc être un frein à
l'accès aux loisirs et de ce fait, facteur d'exclusion. L'appellation de
ce forfait exclurait d'elle-même de l'accès aux loisirs et aux
vacances. Mais le point de vue des travailleurs sociaux rejoint-il celui des
personnes surendettées ?
b) Montant suffisant pour les familles ?
L'ensemble des personnes interrogées estiment que le
forfait « alimentation, hygiène, habillement » est
insuffisant.
v Mme C. : « après les
prélèvements, il ne me reste que très peu d'argent (...)
Je ne fume pas, je ne bois pas, je ne sors pas. (rires) »
v Mme A. : « le loisir, avec le reste
à vivre, on ne peut pas toujours se le permettre. C'est vraiment
limité. »
v Mr F. : « ben, avec le forfait qu'on me
laisse, j'ai du mal à joindre les deux bouts. C'est pas
assez. »
v Mr et Mme D. : « on n'a pas de loisirs,
c'es très très rare. »
v Mme E. : « depuis que je rembourse mon
plan, c'est très rare que mes envies soient satisfaites. Il me reste pas
assez d'argent. »
Ces témoignages nous montrent que pour ces personnes,
le « reste à vivre » est insuffisant. Il
apparaît nécessaire de comprendre les conséquences du
dossier de surendettement, causes de leur auto-exclusion.
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