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La Convergence Régionale dans l'Union Européenne. Le Rôle des Fonds Structurels.

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par François Defourny
Université de Liège - Maîtrise en Sciences Economiques 2003
  

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Chapitre 5 : Les facteurs d'efficacité et de distorsion de

la Politique de Cohésion

Nous avons vu que l'évaluation de l'impact de la Politique de Cohésion sur la convergence demande beaucoup de nuances. Suivant le point de vue adopté, la méthode employée ou l'échantillon étudié, on peut arriver à des résultats assez variables. Cette variabilité renvoie largement à une série de conditions et circonstances dans lesquelles la politique européenne est concrètement mise en oeuvre. Nous allons maintenant synthétiser les principaux facteurs explicatifs de la réussite ou de l'échec de la Politique européenne de Cohésion.

On peut d'abord identifier les atouts ou les handicaps propres à chaque région et déterminant la réceptivité de celle-ci à l'aide européenne. Ce sont des caractéristiques inhérentes à chaque région permettant ou empêchant les Fonds européens d'influer sur la croissance économique. Ensuite, il y a, ce que l'on peut appeler, les complications qui viennent perturber l'efficacité des aides européennes et qui peuvent expliquer certains échecs. Il s'agit plutôt de tournures prises par les évènements plutôt que de caractéristiques régionales. Nous présenterons ainsi les effets pervers induits par l'intervention européenne de même que certains problèmes liés à la concrétisation de la Politique de Cohésion.

A. Les facteurs conditionnant l'impact des Fonds Structurels sur la convergence

Comme le montrent notamment Cappelen et al. (2003), l'impact économique des aides régionales européennes dépend considérablement de la réceptivité de l'environnement bénéficiaire. Nous avions déjà vu, avec l'introduction de country dummy variables dans les estimations de f3-convergence, que l'appartenance nationale est un facteur conditionnant significativement la convergence. Nous allons voir à présent que la "nationalité" d'une région est importante à plusieurs égards. En effet, la plupart des autres facteurs déterminants y sont étroitement liés.

La toute grande majorité des projets pour lesquels les Fonds Structurels interviennent sont le résultat d'un partenariat entre plusieurs bailleurs de fonds, publics au niveau régional et/ou national, privés et européens. En vertu de la règle de l'additionnalité, le taux de participation des Fonds est plafonné selon la région et l'Objectif dont elle relève. L'ampleur du

cofinancement peut donc être très variable, ce qui peut, notamment, atténuer l'impact redistributif dont nous avons parlé plus tôt. "Lorsque le coût total des projets est pris en considération, la redistribution équitable que nous avons observée au niveau européen disparaît." (Basile, de Nardis & Girardi, 2001, p. 23). Mais l'ampleur du cofinancement modifie aussi naturellement l'impact final de la Politique de Cohésion sur la croissance régionale. Malheureusement, les moyens dont une région dispose pour compléter l'investissement européen dépendent généralement de la situation économique initiale de celle-ci. "Les régions riches sont plus à même d'accompagner les Fonds Structurels ... Il est rare que les cofinancements parviennent à doubler la mise européenne pour les régions pauvres alors qu'ils peuvent la tripler ou la quadrupler pour des régions de richesse moyenne ou élevée." (Fayolle & Lecuyer, 2000, p. 179). Evidemment, l'appartenance nationale influence largement la capacité d'investissement d'une région. Par exemple, les pays riches ont tendance à se montrer plus généreux à l'égard des régions qui, dans une perspective nationale, sont plus pauvres.

Parmi les facteurs influençant l'efficacité de la Politique de Cohésion, on compte aussi la qualité des institutions et le degré de décentralisation politique et institutionnel. Stoianov (2002) et Lebre de Freitas, Pereira & Torres (2003) ont montré que la qualité des institutions conditionne à la fois la bonne gestion mais aussi l'obtention des Fonds. Certains auteurs insistent sur la transparence des administrations publiques et sur l'éventuelle présence de corruption en leur sein. Mais si la qualité des institutions semble déterminante, elle reste difficilement quantifiable et comparable. En revanche, Fayolle & Lecuyer (2000), mais surtout Vanhove (2000) et Taylor & Wren (1997) ont mis en évidence la nécessité d'une gestion locale autonome des Fonds européens. Officiellement, les autorités régionales sont sensées être l'interlocuteur privilégié de l'Union Européenne. Cependant, certains Etats membres (par exemple la France) préfèrent centraliser le pouvoir de décision et traiter directement avec les institutions européennes. Or, les priorités et les sensibilités ne sont certainement pas toutes identiques en Corse et à Paris.

Pour Quah (1996c) et Dall'Erba & Le Gallo (2003), ce sont, avant tout, des facteurs proprement territoriaux qui conditionnent l'efficacité des aides européennes : situation géographique par rapport au centre de l'Europe, proximité de pôles économiques de niveau continental, connexion à un réseau international de transport, externalités entre régions mitoyennes, etc. Nous ne reviendrons pas davantage sur ces facteurs spatiaux dont nous avons déjà discuté lors de la critique de la f3-convergence.

Si les auteurs insistent tantôt sur l'un ou l'autre facteur, l'appartenance nationale semble être le meilleur indicateur synthétique de ces différents facteurs, une sorte de "boîte noire" dont parlaient Cuadrado-Roura et al. (2000). Malheureusement, comme on pouvait s'y attendre, les études ne s'accordent pas tout à fait sur les appartenances nationales favorisant (ou freinant) l'efficacité des Fonds Structurels. Pour Ederveen, de Groot & Nahuis (2002), les pays présentant les conditions les plus défavorables pour recevoir des Fonds européens sont la Grèce, l'Espagne, l'Italie et le Portugal et dans une moindre mesure la France. La mauvaise qualité des institutions, le niveau de corruption et leur faible ouverture économique annihileraient, dans ces pays, l'influence des aides européennes sur la croissance régionale. Selon Fayolle & Lecuyer (2000), les appartenances nationales les plus handicapantes seraient françaises, italiennes, britanniques et espagnoles. Pour Dall'erba & Le Gallo (2003), les régions hyper-périphériques présentent un handicap tel qu'il est insurmontable dans le cadre actuel de la Politique de Cohésion. Globalement, "il semble que les Fonds soient les moins efficaces là où on en a le plus besoin." (Cappelen et al., 2003, p. 640).

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