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Fonctionnement économique de l'union européenne

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par Mathar ndao salimata Diop Paula Comes
ENSAE - Ingénieur statisticien économiste 2002
  

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B. La politique monétaire européenne : un moyen de gérer les flux financiers, gérée par une institution précise, qui administre particulièrement un ensemble de pays membres : la zone euro

1- Définition et le mécanisme économique

La politique monétaire a pour objectif d'assurer la stabilité de la monnaie nationale, que ce soit la stabilité interne, mesurée par le niveau général des prix, que la stabilité externe, mesurée par le taux de change de la monnaie de l'union en devises étrangères.

La hausse des prix ayant pour origine une augmentation de la quantité de monnaie en circulation dans l'économie, la politique monétaire vise à maîtriser, contrôler, la quantité de liquidité disponible dans une économie.

Nous allons expliquer la nature de cette politique en nous inspirant du modèle LM de John Hicks. Tout d'abord rappelons ce modèle.

La courbe LM représente l'ensemble des combinaisons de taux d'intérêt (r) et de revenu (Y) qui assurent l'équilibre sur le marché monétaire. Sur ce marché, l'offre M est déterminée par la politique de la Banque centrale. La demande, L (pour liquidité), se partage en une demande d'encaisses de transaction (L1) et de spéculation (L2).

La demande d'encaisse de transaction est une fonction croissante du niveau du revenu (plus on est riche, plus on dépense et plus on a besoin de moyens de paiement).

La demande d'encaisse de spéculation L2 s'explique ainsi : les spéculateurs conservent leurs encaisses monétaires lorsque les cours des titres financiers sont élevés, car ils anticipent alors une baisse. Ils les utilisent au contraire pour acheter des titres quand les cours sont bas, espérant réaliser une plus-value. L2 est une fonction décroissante du taux d'intérêt car le cours des titres varie en sens inverse du taux d'intérêt, L2 = L2 (i). La condition d'équilibre est donc donnée par M = L1 (Y) + L2 (i).

La courbe LM représente les couples de valeur (Y, r) compatibles avec cet équilibre. Sa pente est positive dans la << phase normale >. La partie horizontale de la courbe correspond à la << trappe à liquidité > (le taux d'intérêt est tellement faible que la monnaie est thésaurisée) et la partie verticale à la << phase classique > (il n'y a plus de thésaurisation, toute la monnaie est placée).

Construction

Le taux d'intérêt est fixé sur les marchés financiers, eux-mêmes étroitement liés au marché monétaire : c'est le prix de la monnaie. L'équilibre sur le marché monétaire est réalisé lorsque la demande de monnaie des agents est égale à l'offre de monnaie de la banque centrale. On considère habituellement que la demande de monnaie est une fonction croissante de la production (indicateur du volume des transactions) et décroissante du taux d'intérêt (coût d'opportunité de la monnaie).

Nous avons ici deux variables endogènes (r et Y) pour une seule égalité. Il y a donc a priori plusieurs combinaisons du taux d'intérêt et de la production qui satisfont

l'équation d'équilibre sur le marché de la monnaie.

Graphiquement, l'offre de la monnaie est représentée par une droite verticale, car elle ne dépend pas du taux d'intérêt. Pour la demande, fixons d'abord le Y réel au niveau Y1. La demande de monnaie ne dépend plus que du taux d'intérêt et se représente par une fonction décroissante. Il y a un seul niveau du taux d'intérêt qui équilibre le marché monétaire. Ceci nous donne une première combinaison du taux d'intérêt et du Y qui assure l'équilibre monétaire. Supposons maintenant que le Y augmente . Ceci a pour effet d'augmenter la demande de monnaie pour tout niveau du taux d'intérêt : la fonction de demande de monnaie se déplace vers le haut. De nouveau, il y a un seul taux d'intérêt qui assure l'équilibre monétaire. On a donc une seconde combinaison d'équilibre. En répétant l'opération, on obtient une infinité de combinaisons d'équilibre qui forment la courbe LM.

La courbe LM est une courbe croissante. En effet, si l'offre de monnaie est maintenue constante par la banque centrale, une augmentation du Y augmente la demande de monnaie et provoque une situation de demande excédentaire sur le marché de la monnaie. Pour restaurer l'équilibre, il faut diminuer la demande de monnaie par un autre canal, en augmentant le taux d'intérêt.

lie quoi dépend la pente de la courbe LM ?

Elle dépend principalement de la sensibilité de la demande de monnaie au taux d'intérêt et au Y réel. La pente de la courbe LM sera d'autant plus forte qu'une petite variation de Y nécessite une forte élévation de r. C'est le cas si la demande de monnaie réagit fortement au Y et peu au taux d'intérêt. En particulier, avec une demande de monnaie qui ne dépend pas du taux d'intérêt, la courbe LM serait verticale.

Réponse aux chocs

Les chocs peuvent d'être d'origine diverse. Si ils sont des chocs de demande monétaire, la courbe LM se déplace vers la droite et vers la gauche. Le contrôle de la masse monétaire implique que le niveau d'activité varie entre deux valeurs . Si en revanche les autorités contrôlent les taux d'intérêt, elles ajustent l'offre de monnaie aux variations de la demande et neutralisent ainsi les variations de LM par des ajustements d'offre : le niveau d'activité ne varie pas. En présence de chocs monétaires, le contrôle des taux d'intérêt est préférable.

Les effets d'une politique monétaire

Supposons que la banque centrale augmente la masse monétaire via le taux d'intérêt. Pour maintenir l'équilibre sur le marché de la monnaie, il faut que la demande de monnaie augmente d'autant. Ceci peut se faire soit en augmentant le Y réel pour un taux d'intérêt inchangé, soit en diminuant le taux d'intérêt pour un Y réel inchangé. Globalement, il y a donc déplacement de la courbe LM vers la droite. Dans le cas d'une politique monétaire restrictive, la courbe LM se déplace vers la gauche, par un effet contraire au développement de l'activité. Toutefois cette politique monétaire est aussi inefficace. La justification de cette proposition repose sur l'argument selon lequel toute variation de la quantité de monnaie est rationnellement anticipée et n'entraîne aucun effet réel sur l'emploi et la production (M. Friedman). Il faut donc se limiter à contrôler la croissance de la masse monétaire. Ce qui nécessite l'existence d'une institution comme la BCE .

2- La Banque Centrale Européenne : autorité en charge de la politique monétaire aux mandats précis

La Banque centrale européenne (BCE) est une institution chargée de mettre en oeuvre la politique monétaire européenne. A Francfort, elle est dirigée par le Directoire qui comprend un Président ( Jean-Claude Trichet), un Vice-président (Lucas Papademos), et quatre membres, tous nommés pour huit ans non renouvelables.

Cette institution est parfois confondue avec le SEBC (Système européen de banques centrales). Qui se compose de la BCE et des banques centrales nationales de pays de l'Union européenne. Elle réalise sa fonction en coordination avec les Banques Centrales des pays membres de la zone Euro. La BCE est l'institution principale du SEBC.

Au-delà de la fixation des taux d'intérêt et de la gestion des crédits, la BCE est particulièrement en charge d'émettre la monnaie, et d'administrer les réserves de change.

L'indépendance de la BCE de l'Eurosystème est une manière de garantir qu'aucune influence injustifiée économiquement des pouvoirs politiques n'interfère avec la gestion de la politique monétaire dans la zone Euro. Le concept d'indépendance de la BCE comprend :

· Indépendance fonctionnelle :

La BCE est fournie est de tous les instruments nécessaires pour réussir son objectif la stabilité des prix, indépendamment des pouvoirs politiques.

· Indépendance Institutionnelle. Cette indépendance institutionnelle est exprimée dans l'article 108 du Traité.

Les membres du SEBC « ne peuvent solliciter ni accepter des instructions des institutions ou
organes communautaires, des gouvernements des États membres ou de tout autre organisme.
Les institutions et organes communautaires ainsi que les gouvernements des États membres
s 'engagent à respecter ce principe et à ne pas chercher à influencer les membres des organes
de décision de la BCE ou des ban ques centrales nationales dans l 'accomplissement de leurs
missions ».

· Indépendance des Membres.

Les membres du Conseil général et du Directoire sont nommés pour de longues périodes (variables suivant les pays en ce qui concerne les gouverneurs de banques centrales nationales) et irrévocables. Les mandats des membres du Directoire ne sont même pas renouvelables. Ceci exclut les pressions.

Les membres de la BCE ne seront pas exclus pour une raison qui ne soit pas dans les Statut de l'organisation.

· Indépendance Financière.

La BCE et les banques nationales doivent être capables de se fournir les fonds nécessaires pour leur bon fonctionnement. La BCE a un budget indépendant des autres institutions européennes

·L 'objectif de la BCE : une inflation inférieure à 2%.

L'objectif principal de la BCE, défini par le Traité de Maastricht, est le maintien de la stabilité des prix (taux d'inflation fixe inférieur à 2%) dans toute la zone ; ce qui constitue une caractéristique déterminante pour la politique monétaire. Ainsi, les gouvernements (les 13) ont l'obligation de respecter cette marge d'inflation pour la stabilité économique de la zone Euro. Par ailleurs, les études portant sur le comportement des banques centrales mettent en évidence ces dernières, même lorsqu'elles ont reçu mandat exclusif de préserver la stabilité des prix, s'intéressent de près à la croissance, jouent un rôle dans la stabilisation de l'économie. Elles peuvent faire un arbitrage implicite entre croissance et inflation.

La politique monétaire en Union Européenne a des effets sur toutes les économies appartenant à l'Union mais est particulièrement celle des pays qui partagent la même monnaie, les pays de l'Union économique et monétaire.

3- La zone Euro : un cas particulier

a)- Théorie de la zone monétaire optimale

Le concept de zone monétaire optimale a été développé dans le cadre du débat sur les mérites relatifs des régimes de changes fixes et de changes flexibles. L'idée de base de la théorie de zone monétaire optimale est que le choix entre change fixe et flexible ne doit pas se faire indépendamment des caractéristiques économiques des pays concernés. Le souci principal de cette théorie est de répondre à la question suivante : pour quels types de pays et dans quelles conditions un système de change est-il plus efficace que l'autre ?

Une zone monétaire est un espace géographique caractérisé par un régime de change fixe pour ses échanges internes et un régime de change flexible pour ses échanges avec l'extérieur. A l'intérieur de la zone, les paiements peuvent s'effectuer soit dans une monnaie unique, soit dans plusieurs monnaies dont les valeurs d'échange sont fixées, alors que les taux de change fluctuent avec les monnaies tierces. Le caractère optimal de la zone monétaire se définit en fonction de l'objectif macroéconomique de maintien de l'équilibre interne, soit le point optimal de combinaison inflation-chômage, et de l'équilibre externe, à savoir l'équilibre des paiements entre les régions de la zone et l'extérieur.

Les premiers travaux sur les zones monétaires optimales ont cherché à établir des caractéristiques d'une économie qui pourraient rendre inutiles ou sans effet les variations de taux de change par rapport aux autres monnaies. Il s'agit essentiellement des travaux de Mundell (1961), Mc Kinnon (1963) et Kenen (1969) qui, à côté d'autres économistes tels Ingram et Fleming, constituent l'approche dite « traditionnelle » de la théorie des zones monétaires optimales. La théorie a par la suite connu un renouveau dans les années 70 avec les travaux de Corden (1962), Ishiyama (1975) et Tower-Willet (1976), qui ont essayé de tracer les frontières d'une ZMO sur la base d'une analyse coûts- bénéfices de l'intégration monétaire.

La théorie de zone monétaire optimale a apporté une contribution décisive aux débats précédent la création de l'Union Economique et Monétaire et se poursuit jusqu'à aujourd'hui. Mundell, premier à avoir invoqué la notion de zone monétaire optimale, stipule déjà en 1973 : << Les pays européens pourraient instaurer une autorité monétaire européenne ou banque centrale. C'est une solution possible, peut-être que c'est une solution utopique: mais c'est très une idée très compliquée en termes politiques, presque utopique >>. 1Deux questions se posent alors. Est-ce que l'UEM constitue véritablement une zone monétaire optimale comme le sousentend Mundell? Et, si non, est-ce que les conditions nécessaires à l'existence d'une telle zone sont endogènes à l'UEM, autrement dit, est-ce que l'UEM peut devenir une ZMO?

Selon un certain nombre d'auteurs, comme Jean Claude Trichet les critères économiques d'optimalité de zones monétaires ne sont néanmoins pas les seuls facteurs d'explication de l'existence de zones monétaires. Ils considèrent la volonté politique comme constituant la plus importante et peut-être unique condition pour l'adoption d'une monnaie unique. L'analyse de l'importance des facteurs politiques pour l'établissement de l'UEM confirme cette théorie. En effet, les intérêts des deux pays ayant décisivement influencé le processus d'intégration monétaire européenne, notamment la France et l'Allemagne, reflètent des considérations majoritairement politiques à l'égard de l'UEM. En outre, les facteurs politiques ne constituent non seulement un facteur d'explication de l'existence d'une zone monétaire mais prennent davantage d'importance après l'établissement de cette dernière. Par ailleurs, les aspects politiques constituent le seul facteur de durabilité d'une zone monétaire.

b) La zone euro en pratique :

La Zone euro est actuellement composée de 13 pays :

la Belgique, l'Allemagne, la Grèce, l'Espagne, la France, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, l'Autriche, la Slovénie(nouvellement entrée) , le Portugal et la Finlande.

Selon Jean Claude Trichet dans l'article intitulé << Zones monétaires optimales et mises en oeuvre des politiques économiques >>, plusieurs limites se posent.

En premier lieu, se pose la question des canaux de transmission de la politique monétaire au sein de l'UEM. Déjà difficiles à identifier au sein d'une économie, ils paraissent devoir être hétérogènes si on les compare d'un pays à l'autre au niveau de la zone euro. Compte tenu des structures d'endettement différentes des agents privés (consommateurs, investisseurs) et aussi de l'architecture des systèmes bancaires et financiers nationaux, il est très probable que les décisions prises de manière unifiée dans la zone aient des effets distincts dans les différents pays membres, ce qui se traduira à court terme par une dispersion des évolutions conjoncturelles de l'activité économique et de l'inflation. Comment la BCE doit-elle intégrer cette hétérogénéité dans l'élaboration de sa politique ? Sans doute en tenant compte dans son processus de décision des informations économiques nationales et non pas uniquement des données économiques agrégées au niveau de la zone euro. De plus, sur le moyen terme, le basculement dans l'UEM a eu des répercussions sur le comportement des citoyens européens en matière de dépense, de fixation des prix ou de détention de liquidité, et, de fait, les Banques centrales membres de l'Eurosystème ne peuvent pas entièrement s'appuyer sur leur connaissance des économies nationales et des relations

1 The European Countries could agree on a common piece of paper (...), they could then set up a European monetary authority or central bank. (...) This is a possible solution, perhaps it is even an ideal solution: But it is politically very complicated, almost utopian.»

macroéconomiques qui y prévalaient pour déterminer une stratégie monétaire « optimale » pourles pays de la zone euro. Une zone d'incertitude prévaut donc sur ce plan, qui doit être prise en compte par l'autorité monétaire européenne. A plus long terme, la question de l'élargissement pourrait exacerber ce problème, d'autant plus que la viabilité de la zone euro dépendra, entre autres, de sa capacité à intégrer de nouveaux membres aux structures économiques hétérogènes.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus