1-3) La libéralisation des banques : la
déréglementation
A partir des années 80, la plupart des systèmes
bancaires, ont connu des vagues de déréglementation et de
libéralisation financière. Ces refontes des cadres
réglementaires semblent obéir à deux logiques
imposées par les autorités monétaires: le renforcement de
la sécurité du système bancaire et l'amélioration
des conditions de fonctionnement des marchés financiers.
Aux Etats-Unis, cette évolution a été
imposée par l'inadaptation de la réglementation antérieure
aux nouvelles conditions de l'activité bancaire.
En France, la loi bancaire du 24 janvier 1984 avait pour
objectif de créer les conditions d'une concurrence normale et de
favoriser la modernisation de l'industrie bancaire. Elle a également
pris en compte le processus de bancarisation de la société.
L'extension de la déréglementation aux autres pays s'est
opérée dans la diversité du fait des différences
significatives des structures bancaires.
La déréglementation a consisté à
réduire le nombre de procédures spécifiques et à
lever les cloisonnements et les interdictions au sein du système de
financement afin d'obtenir un marché plus ample et homogène. A
partir de 1987, on a assisté à la suppression de l'encadrement du
crédit et au développement du rôle des marchés. Une
des grandes innovations intervenues durant les années quatre-vingt a
été le mouvement de désintermédiation, qui a rendu
possible l'accès direct des agents économiques non financiers aux
marchés des capitaux. Ceci traduit donc le passage progressif d'une
économie intermédiée à une économie de
marché, notamment avec la multiplication des modalités de
financements de l'économie et l'apparition de nouveaux titres et de
nouveaux opérateurs.
2- Les principaux risques de la nouvelle économie
financière
Malgré les nombreux arguments, qu'on a
déjà cités, en faveur de la libéralisation cette
dernière présente également des risques. Les principaux
dangers de la nouvelle économie financière sont les
suivants :
2-1) Des mouvements de capitaux
déstabilisateurs
De nombreux pays émergents ont
bénéficié d'apports considérables d'investissements
directs et de portefeuille. Dans un nombre alarmant de cas, cependant, les
investisseurs, inquiétés par des déséquilibres
internes ou externes, se sont ravisés, et une hémorragie de
capitaux s'est ensuivie. Depuis 1994, ces reflux de capitaux ont
contribué aux graves crises financières qui ont touché une
grande partie de l'Amérique latine, de nombreux pays d'Asie du Sud-Est
et quelques pays en transition.
2-2) Contagion internationale des crises
financières
La mondialisation des marchés financiers a
incité beaucoup de gérants de portefeuilles à investir
dans un grand nombre de pays dans des secteurs spécifiques ou selon des
critères de risque précis. Cette stratégie a accru les
risques de contagion lorsque le marché vient soudain à manquer de
liquidité dans tel ou tel pays, non pas parce que sa situation
économique est foncièrement mauvaise, mais parce qu'il partage
certains traits avec un autre pays qui a perdu la confiance des marchés.
La contagion (et le comportement moutonnier des investisseurs) sont
particulièrement présents lorsque l'on dispose de peu
d'information sur la santé financière du pays.
2-3) Vulnérabilité et propension aux
crises du secteur financier
Les possibilités plus variées de placements
profitables qu'offre un système de libre concurrence tendent à
accroître les taux de rendement. Dans le même temps, elles exposent
les investisseurs, particuliers ou institutionnels, à de plus grands
risques, du fait notamment des bulles spéculatives. Si le surcroît
de risque n'est pas convenablement maîtrisé, les institutions
financières peuvent se retrouver vulnérables en cas
d'événements imprévus qui provoquent une chute soudaine
des prix des actifs financiers ou réels. Le jeu des forces du
marché peut donc s'assortir d'un plus grand risque de crises
systémiques, comme en témoignant les nombreuses crises bancaires
qui ont secoué tant des pays industrialisés que des pays
émergents depuis la fin des années 80. Ce problème est
particulièrement aigu durant la transition à un système de
marché, car les normes de contrôle et les capacités de
gestion des risques mettent du temps à se mettre en place.
2-4) Délinquance financière
Il risque de devenir plus facile, avec des marchés
financiers mondialisés, de blanchir des capitaux mal acquis, provenant
par exemple du trafic de drogue ou de la corruption. Il risque en outre de
devenir plus aisé d'échapper à l'impôt en
investissant dans un paradis fiscal. Enfin, il est à craindre que la
réglementation financière et les mécanismes de
surveillance des places financières extra-territoriales soient
insuffisants, ce qui peut menacer la stabilité du système tout
entier.
2-5) Les craintes sur les conditions de
stabilité bancaire
Aujourd'hui, avec les mutations structurelles de
l'environnement financier, l'accélération des intensités
concurrentielles sur les marchés financiers remet à l'ordre du
jour la question de la stabilité et de la sécurité du
système bancaire. Cette concurrence accrue qui conduit à une
fragilisation des profits bancaires suite à la baisse de l'offre des
crédits, favorise l'accroissement des risques sur les marchés
financiers, d'où une certaine crainte de l'apparition d'une concurrence
"destructrice" ainsi que la menace du risque systémique.
Selon Dietsch.M (1992) la concurrence est "destructrice"
puisqu'elle détruit les conditions de viabilité des offreurs et
engendre l'instabilité des marchés.
Par ailleurs, Geoffron.P (1993) souligne que
l'accélération de la concurrence et la tendance à la
formation de conglomérats financiers génère aussi d'autres
risques en compliquant leur surveillance. L'émergence de ces
conglomérats peut donc représenter une source d'accroissement du
risque systémique.
Dans ce contexte vivement concurrentiel, il y a
également la crainte de faillite de banques, qui par effet de contagion,
peut provoquer la rupture du système bancaire dans son ensemble. La
faillite récente des caisses d'épargne américaines s'est
traduite en effet par des coûts sociaux importants dont la charge
pèse en définitive sur les contribuables. En Europe, le nouvel
environnement financier de ces dernières années a
incontestablement fait apparaître de nouveaux risques qui rendent la
rentabilité des établissements bancaires de plus en plus
incertaine.
L'accroissement de la concurrence s'est traduit par une
érosion des marges bancaires. Ceci peut conduire à une
augmentation de la vulnérabilité des banques en Europe. Goyeau.D
et Tarazi.A (1992), ont pût identifier à l'aide d'une mesure de la
probabilité de défaillance une évolution de la
fragilité des systèmes bancaires européens au cours des
dernières années. Ces auteurs considèrent que dans la
perspective de l'Union Economique et Monétaire Européenne, un
système bancaire homogène apparaît indispensable pour
garantir des réactions analogues à d'éventuels chocs. Le
fonctionnement de l'industrie bancaire exige donc une adaptation moderne et
efficace des dispositifs réglementaires.
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