Section 3 : Les conséquences provoqués
par la libéralisation financière
1- Les caractéristiques de la libéralisation
financière
1-1) La libéralisation des taux
d'intérêt
Fisher et Smaoui (1997) constatent que la
suppression des contrôles des taux d'intérêt est
considérée comme étant l'événement central
de la libéralisation financière. La suppression du contrôle
des taux d'intérêt dans les pays caractérisés par
une répression financière s'est traduite par une hausse des taux
d'intérêt.
Les taux d'intérêt de la plupart des pays ont
été libéralisés et ne sont plus
déterminés administrativement. La libéralisation des taux
d'intérêt peut être procédée en deux
étapes : la première consiste à libéraliser
les taux créditeurs, la deuxième consiste à
libéraliser les taux débiteurs.
1-2) La libéralisation du secteur financier
Plusieurs pays ont depuis la fin des années 80 et
début des années 90 entrepris des programmes de
libéralisation du secteur financier pour : introduire les forces du
marché ; réduire la domination du secteur public sur les avoirs
et les engagements bancaires ; accroître la concurrence ; et relever
l'efficacité. Ces mesures qui ont été le plus souvent
accompagnées par la restructuration et la recapitalisation, ont
amélioré la réglementation dans le but de
réhabiliter les systèmes bancaires en crise.
§ Les réformes des marchés
financiers
Depuis une trentaine d'années, les
marchés de capitaux ont connu de profonds changements qui ont
eu pour origine d'importants déséquilibres économiques.
1-Mondialisation
Les différents intervenants sont perpétuellement
en quête de financements ou de placements bénéficiant de
conditions optimales. Ils ont donc tout naturellement cherché à
étendre leurs activités au niveau international.
2-Dérèglementation
La mondialisation évoquée ci-dessus a
entraîné la réduction progressive des obstacles entravant
la libre circulation des capitaux dans le monde. Dans certains pays, ces
contraintes ont tout simplement disparu. C'est notamment ce qui s'est
passé en France avec la suppression du contrôle des changes.
3- Globalisation
La mondialisation et la déréglementation
simultanées du paysage financier international ont entraîné
une globalisation du marché financier, en le décloisonnant pour
tendre vers un marché unifié couvrant fonctionnant
désormais à l'échelle mondiale. Les informations circulent
partout instantanément, le système de cotation est devenu continu
et les produits financiers (options, actions, etc.) ont été
standardisés : un opérateur peut désormais investir
sur les marchés internationaux 24h/24h. En fait, cette globalisation
financière a surtout permis aux spéculateurs de profiter de
l'ensemble de la sphère financière pour rentabiliser leur
capital. On parle, pour illustrer les changements survenus sur les
marchés financiers, d'une nouvelle règle ; celle des
3D :
·
Désintermédiation
La désintermédiation correspond au recul de
l'économie d'endettement (par l'intermédiaire des banques
créditrices) au profit de l'économie de marché
financier ; en clair, les entreprises se financent directement sur les
marchés financiers (en émettant des obligations, des actions,
etc.) au lieu de s'endetter en empruntant auprès des banques. On estime
ainsi que 80% des opérations de financement se déroulent
aujourd'hui directement sur les marchés financiers ; c'est
évidemment la baisse des coûts d'intermédiation qui motive
cette pratique. On parle donc de désintermédiation pour nommer la
disparition de l'intermédiaire bancaire et de son activité
classique de dépôts et de prêts au profit de l'utilisation
des produits du marché.
· Décloisonnement
Le décloisonnement correspond à la fois
à l'ouverture des marchés nationaux et à
l'élimination des barrières cloisonnant les différents
marchés nationaux de capitaux. Ainsi, alors qu'avant le début des
années 80, les circuits de financement de nombreux pays étaient
autonomes et répondaient chacun à un besoin particulier, des
passerelles entre le marché à long terme (bourse) et celui
à court terme (marché monétaire) ont été
érigées. L'accès aux divers marchés, qui
était limité, est ainsi devenu ouvert.
·
Déréglementation
Cette transformation du système financier signe la
disparition du contrôle de l'État qui était la règle
depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale jusqu'aux années 70 ou 80 et
parfois bien plus longtemps. Les systèmes financiers
contrôlés par l'État étaient fortement
réglementés et conçus pour canaliser les ressources
financières vers les secteurs et les objectifs ayant la faveur des
pouvoirs publics. La déréglementation consiste à
libérer les marchés des interférences administratives et
à supprimer les entraves freinant la concurrence entre les agents
économiques. La libéralisation financière a pour effet de
faire payer très cher aux gouvernements les errements de la politique
budgétaire ou monétaire et c'est là un des avantages
cruciaux d'un système financier soumis aux règles du
marché.
Cette déréglementation vise :
-une baisse des coûts d'obtention de capitaux ;
-une ouverture des marchés nationaux aux
non-résidents ;
-le développement d'une économie
financière parallèle internationale
non-réglementée.
§ Une nouvelle économie
financière : des bénéfices
considérables
Depuis les années 70, les réformes
économiques ont progressivement transformé les systèmes
financiers partout dans le monde et entraîné une extraordinaire
expansion du rôle des forces du marché dans la formation des prix
et l'affectation des ressources financières. Cette nouvelle
économie financière a vu éclore toutes sortes de nouveaux
instruments financiers qui désigne habituellement la révolution
des technologies de l'information et des télécommunications (TIC)
et la formidable amélioration de la productivité et du
bien-être qui en découlent. Elle se caractérise aussi par
une mondialisation rapide et un degré d'intégration sans
précédent des marchés de capitaux internationaux. Il y a
de fortes chances pour que l'intégration soit de plus en plus
poussée à mesure que la révolution financière se
poursuit.
La nouvelle économie financière engendre
d'énormes bénéfices, tant pour les ménages que pour
les entreprises. Par exemple, les particuliers qui épargnent en vue de
leur retraite ou les caisses de retraite qui gèrent les cotisations des
entreprises et de leurs salariés ont une palette bien plus large de
choix de placements entre des actifs nationaux ou internationaux, ce qui leur
permet d'obtenir de meilleurs taux de rendement. Les ressources
financières sont donc investies plus efficacement, d'où une
croissance économique plus forte et de plus hauts niveaux de la vie pour
tous. C'est pour recueillir ces bénéfices que tant de pays ont
libéralisé leurs systèmes financiers et
démantelé les restrictions aux mouvements des capitaux.
§ Développement des marchés
financiers
Pour se financer, les entreprises transnationales s'adressent
directement à l'épargne. En contournant l'intermédiation
bancaire, elles réduisent le coût des capitaux. Le
développement des marchés financiers va de pair avec la
désintermédiation bancaire. En réalité, il y a eu
un changement dans l'activité bancaire. Les grandes banques
internationales conseillent les entreprises (introduction en bourse, pertinence
d'une émission de valeurs mobilières, fusions - acquisitions)
dans le domaine du financement.
Plus précisément, les grandes entreprises
trouvent des capitaux en émettant des actions, des obligations ou
d'autres titres de créance. Ce qui importe, par rapport à la
situation d'intermédiation, c'est que ces valeurs mobilières sont
négociables. En d'autres termes le détenteur des valeurs peut
à tout moment trouver une contrepartie sur le marché secondaire.
La détention de valeurs mobilières négociables permet
constamment des arbitrages : par exemple se désengager de valeurs
fragilisées pour se positionner sur des valeurs stables (obligations
d'Etat).
Cette évolution du financement de l'économie est
l'un des moteurs de la spéculation financière.
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