3- L'enchaînement des réformes :
ordonnancement de la libéralisation
Théoriquement, un pays doté d'un système
financier intérieur entièrement libéralisé, qui a
déjà mis en place les dispositifs de protection
nécessaires pour en assurer le fonctionnement efficace, pourrait passer
presque immédiatement et en toute confiance à la
libéralisation complète des mouvements de capitaux.
Par contre, le maintien de restrictions strictes à la
plupart des formes de mouvements internationaux de capitaux jusqu'à la
libéralisation réussie et complète du système
financier intérieur n'est pas une stratégie
généralement recommandable. La libéralisation interne et
la libéralisation externe peuvent se renforcer mutuellement et
bénéficier de leur déploiement parallèle.
Lorsque la préparation interne est bien avancée,
on devrait être en mesure de procéder assez rapidement à
une libéralisation externe essentiellement complète,
c'est-à-dire en moins d'une décennie environ pour les
marchés émergents les plus avancés. Lorsque
l'infrastructure essentielle à un système financier
libéral et stable n'est pas bien développée, la
libéralisation complète, interne et externe, prendra plus de
temps.
4- Les conditions requises pour la réussite de la
libéralisation financière
Plusieurs auteurs supposent l'existence d'un ensemble de
conditions pour que la libéralisation financière puisse atteindre
les objectifs qui lui sont assignés. Mc kinnon a avancé deux
conditions essentielles pour la réussite de la libéralisation
financière à savoir :
-Un contrôle plus strict des finances publiques :
la libéralisation suppose la suppression de toutes sorte d'interventions
et de distorsions sur le système bancaire qui est asservi au financement
du déficit budgétaire et leur remplacement par d'autres sources
de financement.
-Une politique monétaire plus rigoureuse : la
libéralisation financière suppose un contrôle plus
rigoureux du crédit bancaire.
M.Fry (1997) a préconisé aussi cinq conditions
pour le succès de la libéralisation financière :
-Une régulation prudentielle et une supervision du
système bancaire.
-Un degré raisonnable de stabilité des prix.
-Une discipline fiscale qui assure l'assouplissement de la
dette publique et permet d'atténuer les pressions inflationnistes
dûes au financement du déficit budgétaire.
-Un système fiscal qui n'impose pas de mesures
discriminatoires implicites ou explicites sur l'activité des
intermédiaires financiers.
-Un comportement de maximisation du profit et une concurrence
loyale entre institutions financières.
Deux autres principes ont été
développés à la réponse relative à l'ordre
de la mise en oeuvre des réformes. Doit on commencer à
libéraliser le secteur financier avant la libéralisation du
secteur réel ou le contraire ? Doit on les libéraliser
simultanément ?
La réponse à de telles questions n'a pas
été laissée au hasard et une convention de sagesse a
été préconisée par Mc kinnon (1991) et Edwards
(1987) et se résume en deux grands principes :
-Le premier principe consiste à libéraliser les
mouvements de capitaux une fois le marché réformé et les
taux d'intérêt élevés. Ceci suppose au
préalable que le déficit budgétaire ait été
maîtrisé.
-Le deuxième principe consiste à une
libéralisation des échanges commerciaux par la réduction
des droits de douanes et la suppression des quotas qui suppose une
dépréciation du taux de change en vue de promouvoir les
exportations et comprimer les importations.
La coordination de la libéralisation, interne et
externe, est donc un point essentiel dans la réussite de ce processus
des réformes et la transition vers une économie régie par
les mécanismes du marché.
|