5.2.2 Cohésion
sociale/Dynamique collective
Les travaux sur la piste, lorsqu'ils ont été
opérés avec l'approche HIMO, ont permis un rapprochement des
villageois et par là favorisé la cohésion sociale. Les
concessions étant relativement dispersées et les quartiers
distants, le regroupement des travailleurs sur la piste a créé de
nouvelles amitiés entre villageois et entre personnes des
différents villages regroupés sur le chantier.
Cette cohésion sociale renforcée est une bonne
base sur laquelle peut se développer une dynamique collective servant
d'autres ambitions. Les CVP et les CIVP, s'ils se renforcent et gagnent en
reconnaissance, pourraient devenir les instigateurs et/ou les contrôleurs
du bon suivirent d'un projet de développement.
5.2.3 Pratiques socio
culturelles/Mariages
Les salaires perçus par les villageois de Tantiaka ont
entraîné une augmentation surprenante des mariages en 2004. Il
semblerait que certains couples étaient en attente de se marier faute de
moyens financiers pour payer la dote et l'organisation du mariage. On
dénombre à Tantiaka 13 mariages célébrés
depuis les travaux en 2004. Les villageois nous ont fait part de leur
fierté de pouvoir organiser de belles cérémonies. Les
mariages et les enterrements n'ont jamais été aussi beaux par le
passé.
L'augmentation de l'intensité des contacts avec
l'extérieur et le gain en mobilité permet donc d'une part de
renforcer le tissu familial ainsi que les relations d'amitié, et de
l'autre de gagner en fréquence et en qualité d'information. Un
certain rapprochement entre villageois peut s'opérer et être
exploité en tant que dynamique collective servant divers
intérêts communs.
5.3 Qualité de vie
Indicateurs
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Tantiaka
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Tambiga
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Fonghin
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Enrichissement/ Accès à de nouveaux
produits
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Nette tendance à l'augmentation du pouvoir d'achat, aux
investissements et à la consommation de nouveaux produits
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Sentiment de sécurité
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Diminution du sentiment d'insécurité
Gain de mobilité des femmes et des enfants
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Valorisation/ Satisfaction
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Induction d'un sentiment de fierté et de valorisation
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5.3.1 Enrichissement/Accès
aux nouveaux produits
Le niveau de vie des villageois a pu passer à un
échelon supérieur, sans pour autant atteindre des sommets
inégalés. La question plus que délicate des revenus et de
la fortune n'a pas pu être explorée en profondeur, la culture
locale voulant qu'une certaine réticence à communiquer
l'étendue de ses biens et de son pouvoir d'achat soit de mise. Les
villageois ont toutefois consentis à admettre que la piste constitue un
apport financier et matériel non négligeable. En plus de ces
« confidences », certains indicateurs fiables
témoignent d'une augmentation de richesse (présence
récente de tôles ondulées, de maisons construites
« en dur », vélo et moto neufs, plus large
éventail de produits disponibles,...). Les quantités vendues par
les commerçants des villages ont augmentées de manière
sensible et de plus en plus de clients désirent acheter de nouveaux
produits (parfois non encore disponibles), tels que : des chambres
à air, des pneus, des rayons de vélo, des pagnes, du
matériel de cuisine, des cahiers, des ardoises, des craies, du lait en
poudre en gros, de la farine à gâteaux...
Photographie 3 : Accès
à de nouveaux produits sur le marché de Tantiaka
L'augmentation du pouvoir d'achat des villageois de Tantiaka
et de Tambiga doit principalement être attribuée aux salaires
dégagés par HIMO, alors que celle des habitants de Fonghin est
directement liée à l'existence de la piste et non à sa
réalisation. Une augmentation de richesse liée à la piste
ne peut se faire sentir les premiers mois de désenclavement. Le laps de
temps nécessaire afin d'observer une différence significative
peut prendre plusieurs saisons (mise en exploitation de nouvelles terres,
démarrage de nouvelles cultures,...). Les résultats obtenus
à Fonghin sont des plus encourageants quant à l'avenir de Tambiga
et de Tantiaka. Une fois les salaires liés à la
réalisation de la piste épuisés, une nouvelle augmentation
de la richesse devrait avoir lieu grâce à la piste, non plus
grâce à sa réalisation mais grâce au
développement économique qu'elle engendre.
La réalisation de la piste de Tantiaka a
entraîné des retombées considérables pour le
village : elle a créé 167 emplois, dont 145 hommes (86,8%)
et 22 femmes (13,2%). Les retombées financières pour la main
d'oeuvre se chiffrent à 20'404'200 FCFA ce qui a rapporté en
moyenne 12'050 FCFA par habitant.
Il serait pertinent de pouvoir définir si cette
augmentation de richesse est générale ou propre à
certaines catégories professionnelles ou sociales. Il n'est pas de notre
ambition de donner une réponse à cette question qui
mériterait une étude de longue haleine à elle seule, mais
nous pouvons toutefois nous avancer à dire que, bien que la
répartition des richesses ne soit de loin pas homogène, chaque
membre de la communauté profite financièrement des
retombées de la piste, d'une manière ou d'une autre. La
répartition salariale d'HIMO pour les villages de Tantiaka et de Tambiga
s'est faite dans cette optique, de manière à toucher le maximum
de foyers. Le point faible de la mise en pratique de cette méthode a
probablement été la plus forte rétribution des
charretiers, catégorie qui était déjà plus à
l'aise financièrement que les autres travailleurs (puisqu'en possession
d'une charrette). Le schéma capitaliste d'enrichissement des plus riches
est certes présent mais ne semble pas prédominer et chacun est en
mesure de tirer son épingle du jeu. Les quantités vendues par les
commerçants accusent une augmentation, et ce tant pour les biens de base
que pour les biens dits de luxe.
L'augmentation du pouvoir d'achat, ajouté à la
disponibilité d'une plus grande variété de produits sur le
marché a permis aux villageois d'acquérir de nouveaux produits
que l'on constate à travers une modification des achats et
investissements de la part de la population. On note des changements à
trois niveaux. Premièrement vestimentaire, deuxièmement
alimentaire dû à la possibilité d'acheter des
légumes frais venant des maraîchages de Diapangou - certaines
femmes s'adonnent désormais à la vente de légumes en
parcourant les différentes concessions du village les jours où le
marché n'a pas lieu. Et finalement, on constate une modification de
l'habitat. Certains travailleurs ont investi dans la construction de cases en
semi dur. De plus, un vidéo club a vu le jour, représentant une
petite source de revenu pour son propriétaire qui perçoit 25 FCFA
par personne et par diffusion.
5.3.2 Sentiment de sécurité
Du point de vue sécuritaire, la piste est un important
facteur de limitation du sentiment d'insécurité. Alors que des
agressions pouvaient avoir lieu avant sa réalisation, elles ne se sont
pas encore manifestées depuis. Malgré la certitude des villageois
que la fin des agressions est intimement liée à la
réalisation de la piste, nous en formulons des doutes. La piste permet
certes une meilleure visibilité, sur une plus grande distance, et une
fréquentation (passage) accrue - deux facteurs limitant les risques
d'agressions -, mais elle ne peut être considérée comme une
garantie de risque zéro. Ce qui dans tous les cas reste important est
que le sentiment de sécurité, lui, augmente bel et bien.
Un risque moins dangereux mais plus fréquent
était de se perdre à travers brousse. Les enfants, plus sujets
à ce genre de mésaventures que leurs parents, étaient
très limités dans leur liberté de déplacement. Les
femmes peuvent dorénavant emprunter la voie de nuit. La piste a donc pu
élargir l'horizon des enfants et rendre aux femmes la possibilité
de se déplacer de nuit, maintenant que le sentiment
d'insécurité a diminué.
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