La « Matrix attitude ».
Avant de décortiquer le
« phénomène Matrix », il convient de
retracer la carrière d'un homme : le
réalisateur/chorégraphe Yuen Woo-ping. Evoqué tout
à l'heure, c'est en qualité de chorégraphe qu'il se fait
une place à Hollywood. Petit retour sur son parcours.
Ayant efféctué ses débuts à la
Shaw Brothers, il est celui qui a dirigé Jackie Chan dans ses deux
premiers grands succès : Snake in the eagle's shadow
(Le chinois se déchaîne, 1978) et Drunken master
(Le maître chinois, 1978).
Il alterne alors une carrière de réalisateur et
de chorégraphe. On retrouve son travail dans les deux premiers Il
était une fois en Chine de Tsui Hark ou dans Fist of
legend de Gordon Chan, si bien qu'il devient indissociable de Jet Li.
C'est pour cela qu'il effectue son départ pour les
Etats-Unis en même temps que lui, après l'appel de Joel Silver.
Les frères Washowski sont en train de concevoir un film
qui mélange la science-fiction, le film de super-héros, le manga
et bien sur, le film d'arts martiaux.
Ils ont pour cela besoin d'un chorégraphe doué
venu directement de Hong Kong. Woo-ping débarque alors avec son
équipe et commence l'entraînement des acteurs, totalement novices
en matière d'arts martiaux.
Inutile de dire que le film connaîtra un succès
mondial, il deviendra instantanément culte pour toute une
génération qui y voit des héros cools qui font des choses
incroyables et accédera à ce statut très rare de film
novateur et révolutionnaire.
Mais que nenni ! Les frères Washowski se sont
contentés de piquer à droite et à gauche la plupart de
leurs idées. Mis à part le scénario qui vient de divers
romans de science-fiction américains ou anglais et le soi disant jamais
vu « bullet time » que l'on trouve dès 1995 dans un
clip de Michel Gondry pour les Rolling Stones, tout le reste vient de
l'Asie.
Il serait trop long ici d'en dresser une liste mais le fait
est que ce mélange improbable et justifié à la va-vite
dans le film à ouvert la porte à un mouvement dans le
cinéma d'action : celui des héros stylés qui font du
kung-fu dans tous les sens et font des bonds de quinze mètres.
Malheureusement, tout cela aux dépends du pauvre Yuen
Woo-ping qui, après un passage sur le plateau de Tigre et
Dragon remettra le couvert avec les deux suites de Matrix.
Entre temps, on a vu émerger quantité de films
avec des séquences de kung-fu sans queue ni tête, que ce soit dans
l'adaptation ciné de Charlie's Angels (2000),
chorégraphiée par le frère de Yuen Woo-ping ou dans
The Musketeer (D'Artagnan, 2001) summum de crétinerie
dans lequel D'Artagnan fait le grand écart sur des tonneaux et dont le
combat final en apesanteur sur des échelles est volé à
celui d'Il était une fois en Chine.
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