Jet Li, le nouveau petit dragon.
Retour sur le phénomène.
Li Lianjie (son véritable nom) débute
l'étude du Kung-fu à six ans et devient champion national de
Wu-shu en 1974 alors qu'il n'a que onze ans. Il remportera le titre les quatre
années suivantes, détenant ainsi un record toujours
inégalé.
Pas étonnant donc de le retrouver en tête
d'affiche du Temple de Shaolin en 1982 alors que le cinéma va
puiser ses acteurs dans les écoles de Kung-fu ou de danse.
Ce film sera le premier d'une trilogie sur le mythique temple
des arts martiaux qu'est Shaolin. Il y aura Les héritiers de
Shaolin en 84, puis Les arts martiaux de Shaolin en 86. La
déferlante Jet Li est lancée et rien ne pourra
l'arrêter.
Il réalise son premier film dès 1987 avec
Born to defend, un film très violent prenant place au lendemain
de la seconde guerre mondiale et dans lequel l'ennemi n'est plus japonais mais
américain. On se retrouve face à un film ultranationaliste qui
n'est pas sans rappeler La nouvelle légende du grand judo de
Kurosawa en 1945.
Le film subira un échec mais qu'importe, son style sec
et violent, son agilité et sa rapidité font rapidement de lui le
successeur de Bruce Lee.
Tsui Hark ne s'y trompe pas et le choisit pour
interpréter le docteur Huang Fei-hong dans sa fresque Once upon a
time in China en 1991. Le film, est encore une fois extrêmement
nationaliste puisqu'il se déroule à la fin du
19ème siècle, en plein colonialisme. Il repose aussi
essentiellement sur les effets spéciaux : trampoline,
accélérés et recours aux câbles pour les combats en
apesanteur, très cher à son réalisateur.
Le second volet (intitulé La secte du Lotus
Blanc en France) voit le jour en 1992 et Tsui Hark y répond aux
détracteurs qui ont taxés le premier épisode de
xénophobie en opposant Jet Li à un groupe de nationalistes
chinois.
Tout va ensuite très vite, l'acteur tourne entre deux
et cinq films par an, pas toujours des chefs d'oeuvres, mais il rencontre
toujours le succès.
En 1994, il apparaît dans son meilleur film (comme
Jackie Chan), le remake de La fureur de vaincre : Fist of
legend. Réalisé par Gordon Chan, le film raconte toujours
l'histoire d'un jeune chinois tentant de venger son maître alors que le
pays est sous occupation japonaise. Mais cette fois-ci, on échappe
à la caricature facile des japonais, présente dans le film
original, et seul l'impérialisme militaire est ici condamné.
Sur le plan de l'action pure sinon, c'est tout simplement du
jamais vu. Jet Li, débarassé des câbles et autres
truquages, nous montre l'étendu de son talent dans des affrontements
titanesques et ne souffre à aucun moment de la comparaison avec Bruce
Lee.
Il lui faudra attendre encore quelques années et
quelques films avant que les Etats-Unis, en la personne du producteur Joel
Silver, fassent appel à lui. Il n'attendait que ça :
« Ce qui m'a décidé à partir ? La puissance
et l'organisation des américains, la concentration des talents à
Hollywood, et l'exposition mondiale qui est possible
là-bas. »
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