Allers-retours.
Débute alors la dernière partie à ce jour
de la carrière de Jackie Chan qui s'effectue sur le mode suivant :
un film américain, un film hongkongais. Car contrairement à un
John Woo qui prend énormément de temps pour tourner, Jackie Chan
enchaîne, si bien qu'il peut se permettre une double carrière. Il
est en effet inpensable pour lui de laisser tomber son public à Hong
Kong auquel il est très attaché. « (...) ils continuent
à me soutenir. Ils me disent : « On aime pas trop,
mais va, va à Hollywood. Et n'oublie pas de revenir ici pour faire des
films d'action ! » »
Le film hongkongais, c'est Gorgeous en 1999, dans
lequel on retrouve l'actrice taïwanaise Shu Qi. Il s'agit là du
premier film romantique de Jackie Chan qui, bien qu'il soit parsemé de
scènes de combats toujours parfaites, marque un tournant dans sa
filmographie hongkongaise. En effet, ses films deviennent plus matures,
l'aspect potache semble disparaître peu à peu.
En opposition à ses films américains, comme dans
Shanghai noon (Shanghai kid, 2000), un western comique pleins
de références qui a pour qualité d'être mieux
réalisé que Rush hour, et surtout qui
bénéficie d'un acteur autrement plus drôle et talentueux
que Chris Tucker : Owen Wilson.
Cette fois-ci, la combinaison marche beaucoup mieux et on
pourrait presque oublier qu'il s'agit d'un film américain, il faut dire
que le projet naît du désir de Jackie Chan, qui avait toujours
rêvé de tourner dans un western.
Rush hour et Shanghai kid auront tous les
deux droit à une suite. Détail amusant, ces deux suites situent
leur action en Chine (en partie pour Shanghai kid 2), inversant ainsi
les rapports entre leurs héros respectifs. Mais finalement, aucun des
deux films ne parvient à surpasser le premier épisode.
Le sommet est atteint avec The tuxedo (Le
smoking) en 2002, produit par Dreamworks, c'est l'un des plus mauvais
films de Jackie Chan qui trouve ici sa force dans un smoking
ultrasophistiqué. Ridicule.
On est désormais en droit d'attendre le pire avec
Rush hour 3, prévu pour 2007.
Les fans, les vrais, se consolent tout de même avec
New Police Story (2004) et The Myth (2005), ses deux derniers
films à Hong Kong. Mais on est obligé de reconnaître que
quelque chose a changé. On attendait de la suite de Police
Story une comédie d'action, on se retrouve avec un polar violent
dans lequel Jackie est humilié du début à la fin. En ce
qui concerne The Myth, il s'agit là encore d'une histoire
d'amour impossible à travers les époques et, grande
première pour l'acteur, il meurt à l'issu d'un combat titanesque
contre des centaines d'assaillants.
Est-ce un signe ? Jackie Chan est-il fini ? Que
doit-on attendre des ses prochains films?
L'acteur commence à se faire vieux (il a
dépassé la cinquantaine), il faut accepter le fait que ses
meilleurs films sont derrière lui mais on sait qu'il nous
réjouira encore quelques années avec des séquences de
génie comme dans l'oubliable Tour du monde en 80 jours (dernier
film américain datant de 2004) dans lequel lui et ses adversaires,
recouverts de peinture, composent involontairement un tableau pendant qu'ils se
battent.
En tout cas, son talent est aujourd'hui reconnu mondialement
et on peut considérer son passage en Amérique comme un
succès total, mais malheureusement, plus d'un point de vue commercial
qu'artistique.
|