Introduction
Selon l'Organisation de Coopération et de
Développement Économique, l'économie mondiale est en passe
de réaliser une trajectoire de croissance sans précédent.
Avec un taux de croissance annuelle de près de 3.2 % depuis 2000, elle a
affiché ces cinq dernières années une progression plus
forte que durant toute autre période de cinq ans depuis la
Deuxième Guerre mondiale. La croissance étant estimée
à près de 5 % pour 2006 et 2007. Cette expansion s'est produite
en dépit d'un certain nombre de chocs économiques et politiques :
l'éclatement de la bulle boursière en 2000 ; les attentats
terroristes du 11 septembre 2001 ; les guerres en en Irak ; la flambée
des prix du pétrole et des produits de base; des
déséquilibres mondiaux préoccupants et la performance
médiocre de certains des moteurs de croissance traditionnels.
Malgré tout cela, la machine économique va de l'avant. Ce qui
apparaissait récemment comme un ralentissement de l'activité
économique mondiale s'est révélé être un
"rééquilibrage".
La baisse du rythme de l'activité aux Etats-Unis, et au
Japon, est compensée par une reprise apparemment robuste dans la zone
euro. De surcroît, l'économie mondiale est désormais
entraînée par les économies émergentes. Selon
plusieurs experts, la Chine et l'Inde, comme d'autres pays en
développement, sont en mesure de donner à l'économie
mondiale sa plus forte impulsion depuis la révolution industrielle.
Mais comment l'économie mondiale est-elle parvenue
à croître dans une période d'incertitude internationale et
de menaces économiques récurrentes ? L'accroissement du
bien-être matériel que les économies
développées ont connu, depuis la Révolution industrielle,
repose en grande partie sur l'innovation. La quantité et la
qualité des biens mais surtout leurs diversités ont
augmenté. Les économies modernes se construisent avec des
idées autant qu'avec du capital et du travail. On estime que près
de la moitié du PIB des Etats-Unis, par exemple, repose sur la
propriété intellectuelle. Dans le cadre de l'objectif de
Barcelone", l'Union européenne entend porter son activité de
R&D à 3 % du PIB à l'horizon 2010 pour devenir
"l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus
dynamique du monde". Voyez la Chine : selon des estimations de l'OCDE, en 2006
elle a pour la première fois consacré d'avantage de ressources
à la R&D que le Japon, devenant ainsi le deuxième
investisseur mondial en R&D après les Etats&-Unis.
Convertir une idée nouvelle, la développer et
faire des bénéfices n'est pas chose aisée. Les
connaissances nécessaires pour concevoir, développer et produire
tous ces biens sont devenues un moteur essentiel de l'expansion
économique. L'innovation a aussi suscité une collaboration
féconde entre les universités et les entreprises dans de
nombreuses régions du monde. Mais l'innovation ne tombe pas du ciel.
L'activité d'innovation dépend des lois, des institutions, des
marchés financiers, de l'organisation et de l'intensité de la
R&D, mais également d'autres paramètres. L'ensemble de ces
paramètres affecte l'incitation à innover.
Plus que tout, l'innovation est devenu le moteur de la
croissance. Il est donc important de la préserver afin que
l'économie continue à croître. Cependant quant est-il de
l'impact de la concurrence sur l'activité d'innovation. Est-on
sûr que la concurrence favorise toujours l'innovation dans les pays
développés ? En fait nous entendons surtout le contraire, ne
serait-ce qu'en prenant l'exemple de Microsoft. La concurrence décourage
l'innovation et inhibe la croissance, en réduisant le profit que l'on
espère obtenir de l'innovation, les économistes nomment cela
« la dissipation de la rente ». Si, comme un entrepreneur,
j'anticipe l'entrée de concurrent sur mon marché, pourquoi
devrais-je investir plus dans la R&D, si le profit que je retirerai de
l'innovation s'amenuisait au fur et à mesure de l'entrée de
concurrent ? Cependant, les autorités de la concurrence stipule que
la concurrence est nécessaire pour l'activité d'innovation. Elle
encourage l'entrée de concurrent et parce qu'elle maintient de firmes
actives, elles les obligent à innover pour survivre à la
compétition. Qui a tort et qui a raison ? Peut-on adopter un point
de vue clair et définitif ?
L'objectif de cette analyse est d'expliquer la
manière dont l'innovation est affectée par la concurrence, dans
différents cadres d'études, afin de pouvoir s'accorder ou non sur
la forme de la relation entre concurrence et innovation.
On commencera par se placer dans un cadre d'équilibre
partiel afin de mieux analyser l'impact de la concurrence sur l'incitation
à innover. Dans cette première partie, on analysera grâce
aux modèles de Gilbert et Newberry et de Reinganum l'incitation à
innover d'une firme en place, sur un marché, qui fait face à
l'entrée potentielle de concurrent. Nous démontrerons ainsi que
selon le processus de découverte retenu, le monopoleur sera plus ou
moins incité à innover. Pour clore cette partie nous
présenterons le modèle développé par Boone. Il se
place dans le cas de firmes asymétriques en concurrence, et prouve que
la motivation des sociétés en concurrence à se lancer dans
une activité de R&D dépend leurs comportements.
Ma deuxième partie place l'analyse dans un cadre
d'équilibre général afin de considérer l'effet de
la concurrence sur l'innovation donc sur la croissance. Dans ce cadre nous
étudierons quatre modèles différents. Nous
présenterons le modèle d'innovation
« step-by-step » d'Aghion qui démontre l'existence
d'une relation en U-inversé entre la concurrence sur le marché
des produits et l'innovation. Dans son modèle, il aborde la question de
l'incitation à innover des firmes selon leurs distances à la
frontière technologiques mondiales. Ceci nous place dans notre
deuxième cadre d'analyse, dans lequel nous développerons le
modèle d'Acemoglu. Cette dernière montre à quel point des
institutions appropriées sont nécessaires pour converger vers la
frontière technologique. Le troisième type de modèle
développé est le modèle
Néo-Schumpétérien développé par
Denicolò et Zanchettin, il est présenté afin de
réconcilier le point de vue Schumpétérien et
l'évidence empirique. Le dernier modèle présenté
est le modèle d'agence développé par Aghion et al.
Ce modèle démontre que l'incitation à innover est
différente selon le comportement adopté par le manager.
Le dernier modèle présenté est le
modèle d'agence développé par Aghion et al. Ce
modèle démontre que l'incitation à innover est
différente selon le comportement adopté par le manager.
Pour clore cette analyse, j'ai décidé de vous
présenter une expérience dont l'objectif est de tester la
relation entre concurrence et innovation. Depuis quelque temps, on observe
l'essor de l'économie expérimentale qui est très
utilisée. Pourquoi ne pas faire appel à l'économie
expérimentale pour voir si on peut déboucher sur des
comportements d'innovation robustes. En annexe, seront présentées
les principales démonstrations (en anglais).
PREMIÈRE PARTIE
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