II. 2.2. LA LANGUE DE BARBARIE ET L 'EMBOUCHURE DU FLEUVE
SENEGAL
C'est le cordon littoral situé à l'ouest de
l'île de Saint-Louis. Il est pris en escorte par l'océan
atlantique et le Petit Bras du fleuve Sénégal. Sur plusieurs
kilomètres, le fleuve Sénégal longe l'océan
Atlantique dont il est séparé par ce cordon littoral sableux : la
Langue de Barbarie qui se présente sous la forme d'une longue
flèche sableuse fragile et instable, façonnée par le jeu
de la dynamique littorale (fig.4). Son extrémité détermine
la position de l'embouchure du fleuve Sénégal.
Figure 4-Vue de dessus de la partie sud de la Langue
de Barbarie
Elle abrite les quartiers de Guet Ndar, Ndar Toute et
Goxumbaac menacés par l'avancée de la mer qui grignote de plus en
plus la plage avec des risques de d'invasion des habitations. Ces quartiers
sont souvent entourés de murs de protection délabrés.
Autrefois ces quartiers pêcheurs, limités par le cimetière
musulman au sud, sont aujourd'hui étendus du côté sud par
de nombreux campements touristiques et d'autres habitations qui longent le
cordon littoral jusqu'à l'hydrobase.
Au cours du siècle dernier, l'embouchure du fleuve
Sénégal a fréquemment migré vers le sud,
entraînant dans sa progression la flèche littorale de la Langue de
Barbarie. De 1850 à nos jours, vingt (20) ruptures d'inégale
importance ont été enregistrées sur la Langue de Barbarie.
Les plus notables ont eu lieu en 1894 et 1959, la plus récente est
intervenue en 1973. Depuis cette date, le cordon sableux poursuit sa
trajectoire vers le sud ; la poursuite de cette trajectoire méridionale
implique à la fois la mobilisation et le dépôt de
sédiments sur le bord nord du cordon et l'érosion du bord sud.
KANE (1997) estime le volume annuel de sable apporté à la pointe
de la Langue de Barbarie à environ 600 000 m3.
L'embouchure du fleuve Sénégal a donc touj ours
été sujette à une forte mobilité spatiotemporelle
(KANE, 1997 ; DIA, 2000 ; LAMAGAT, 2000). L'emplacement actuel de l'embouchure
au sud de Saint-Louis daterait du milieu du XVIIe siècle.
D'anciennes embouchures plus septentrionales seraient encore reconnais sables
près des Maringouins et du marigot de Boydet.
GAC et al. (1982) avaient avancé
l'hypothèse d'une périodicité de quatorze (14) ans pour
les affaissements du cordon littoral et cela en relation avec la
périodicité évoquée pour les variations de la
remontée saline dans le lit mineur du Sénégal. Cette
hypothèse se trouve aujourd'hui remise en cause, du fait de
l'arrêt des remontées salines dans le fleuve et la non survenue de
rupture sur la Langue de Barbarie depuis 1973. Evénements à
imputer
entièrement ou en partie à l'artificialisation du
régime du fleuve, notamment par la construction des deux grands
barrages.
Les forts courants marins entraînent une
sédimentation marine obligeant le fleuve à éroder la cote
et occasionnant l'allongement de la Langue de Barbarie. La flèche
sableuse est donc soumise à un intense alluvionnement qui fait que la
profondeur du bief diminue considérablement empêchant un
déversement correct des eaux en mer et occasionnant des inondations
à Saint-Louis et dans ses environs (Dia, 2000).
Le colmatage progressif de l'embouchure actuelle est une
réalité qui transparaît dans tous les entretiens
réalisés avec les pêcheurs de la zone, eu égard aux
difficultés qu'ils ont à passer du fleuve à l'océan
et vice versa. Cette situation justifie toute la polémique qui a
engendré l'ouverture d'une embouchure artificielle à
proximité de Saint-Louis à 7 km du PK0(PontFaifherbe), un peu au
nord du Parc National de la Langue de Barbarie.
L'espace occupé par le parc a fait l'objet de
nombreuses mutations liées à l'évolution de l'embouchure
du fleuve Sénégal qui s'est régulièrement
déplacé selon le rapport de force entre la houle et les eaux
continentales.
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