A partir de Kayes, le fleuve entre dans le bassin
inférieur; la vallée s'élargit et atteint 10 à 15
Km en période de crue. La vallée alluviale se subdivise en haute
vallée, de Kayes à Matam ; moyenne vallée, entre Matam et
Podor et basse vallée, de Podor à Dagana.
Le haut bassin ou bassin inférieur correspond à
la région dite guinéenne ou domaine du Fouta Djalon. C'est une
zone de hauts plateaux, constituée d'un substrat cristallin et
gréseux imperméable ; les altitudes y culminent à 1538 m
au Mont Loura, dans le massif de Mali en Guinée. Les fortes pentes
expliquent un réseau hydrographique vigoureux, dominé par le
Bafing, le Bakoye et la Falémé principaux affluents du
Sénégal. C'est la zone où le fleuve reçoit
l'essentiel de ses apports en eau.
Dans le domaine guinéen, la saison pluvieuse s'installe
en mars et finit en décembre. Les mois de juillet, août et
septembre cumulent l'essentiel de la pluviométrie. Les mois « secs
» sont janvier et février. C'est le domaine des savanes péri
forestières avec des îlots de forêts denses. Ces formations
forestières sont reliques de la forêt dense ouest africaine. Le
paysage de savane qui leur sert de toile de fond se constitue de façon
très irrégulière soit pour des raisons édaphiques
(dans les bas fonds cuirassés ou sur les bowé) soit
à cause de l'action anthropique (savanes de versants). Cette action se
présente sous forme d'activités agricoles, d'exploitation
forestière, de feux de brousse, ou d'élargissement de l'espace
habité.
La vallée du fleuve Sénégal
s'étend de Bakel à Dagana et correspond au cours moyen du fleuve.
Le lit du fleuve s'élargit sur une plaine alluviale. La vallée se
caractérise par la diversité des formes du paysage. C'est une
région de basses altitudes composées de plateaux et de
plaines.
Un microrelief caractéristique (cuvettes et
levées fluvio-deltaïques) marque de façon transversale le
modelé de la vallée : le dieri, zone non inondable et le waalo,
zone inondée. Il existe de nombreux défluents tels que
Doué dans la rive gauche, Diawane et Koundi en territoire
mauritanien.
Les savanes constituent au niveau de la vallée du
fleuve Sénégal, la formation phytogéographique dominante.
Elles se différencient suivant leur physionomie en savane boisée,
arborée, arbustive et herbeuse.
L'essentiel du bassin du fleuve s'étale dans ce domaine
nord-soudanien qui assure la transition entre les zones pluvieuses
guinéennes et le Sahel. La pluviométrie est de 600 à 700
mm par an et la saison pluvieuse s'étend de juillet à
septembre.
II.1.3.3. Aperçu sur le delta du fleuve
Sénégal
A la latitude de Richard-Toll, les hautes levées sont
relayées par une vaste zone d'inondation d'altitude moyenne
inférieure à 2 m IGN, c'est ainsi que le fleuve
pénètre dans le delta. Le lit du fleuve s'élargit et
atteint 400 à 500 m de large avec des profondeurs supérieures
à 6 m dans le grand bras et de l'ordre de 3 m dans le petit bras. Le
profil longitudinal du Sénégal indique que le lit du fleuve se
situe, sur 450 km, à des altitudes inférieures à celui de
la mer (en dessous du 0,00 m IGN).
Le delta se caractérise par une morphologie très
complexe due à l'action combinée du climat, de la mer, du fleuve
et du vent. C'est une vaste plaine d'inondation, plate et monotone,
légèrement accidentée au sud-ouest par la présence
de massifs de dunes ogoliennes. Du point de vue géomorphologique, le
delta se présente comme un vaste ensemble de topographie basse
constitué de plaines inondables et de bas plateaux, parcourue par un
réseau de chenaux anastomosés. Le fleuve alimente de part et
d'autre de son cours deux dépressions naturelles, le lac Rkiz en
Mauritanie et le lac de Guiers au Sénégal, une série de
cuvettes argileuses de décantation (Ndiael, Khant, Nguine, Djoudj) et
tout un réseau de marigots et de mares (Djoudj, Gorom-Lampsar, Djeuss)
coulant le plus souvent sur des sols salés.
Figure 2- Carte de situation de la zone du
delta
La formation du delta du Sénégal remonte
à la période post-nouakchottienne (6800 - 4 200 BP) qui
correspond à une régression consécutive à une
baisse du niveau marin ; une lagune s'est ainsi formée derrière
un puissant cordon littoral (Kane, 1985). La morphologie du cours
inférieur du fleuve Sénégal est alors celle d'un delta
dont les défluents sont capturés à l'Holocène par
le cours principal brusquement détourné vers le sud. Le delta du
Sénégal a été classé parmi le type
extrême des deltas à prédominance très nette des
effets de houle, qui a pour résultat une dérive littorale
édifiant des cordons littoraux parallèles à la côte.
En effet, sur plusieurs kilomètres, le fleuve longe l'océan
Atlantique dont il n'est séparé que par une étroite bande
de terre, la Langue de Barbarie, flèche littorale sableuse
édifiée par les courants de dérive littorale induits par
la houle du nord-ouest.
Les espèces Acacia raddiana, Acacia senegal, Acacia
seyal dominent la strate arborée des steppes du domaine sahélien.
D'autres formations azonales sont constituées par
écosystèmes particuliers composés de
végétaux aquatiques. Les plans d'eau du delta et les rives
renferment des conditions favorables au développement de ces types de
formations.
Du point de vue climatique, le delta est inclus dans le
domaine sahélien qui se définit par l'irrégularité
et la variabilité spatio-temporelle fort marqué des
précipitations. C'est une région soumise à l'influence des
alizés maritimes soufflant de l'anticyclone des Açores, ce qui
lui confère un climat très doux par rapport au reste du pays.
Au delà de l'uniformité de son relief, le delta
peut se différencier en deux secteurs, suivant ses
caractéristiques hydrologiques, hydrodynamiques et
sédimentologiques :
- l'estuaire, partie terminale du bassin au modelé
très marqué par la salinité ;
- la Langue de Barbarie, longue flèche sableuse
alignée NNW-SSE dont l'extrémité détermine la
position de l'embouchure.