VI. ELEMENTS DE SOLUTIONS ET LEURS IMPACTS
Le principal objectif est de mettre le bief fluvial dans un
état permettant d'assurer d'abord la protection des personnes, des biens
et des infrastructures. Le système vise également un état
d'équilibre permett ant à la population riveraine de retrouver
les usages économiques, récréatifs, industriels,
résidentiels et agricoles.
VI.1 MESURES :
Un certain nombre de mesures consistent à :
1' Une étude de méthodes de protection des
quartiers riverains au marigot de Khor ; 1' Une continuité du suivi
bathymétrique de la brèche et de tout le bief ;
1' Poursuivre les endiguements vers la partie sud de la langue
de Barbarie et le
rehaussement des quais. Les endiguements servent à la
protection contre les crues en
empêchant au cours d'eau d'inonder de vastes zones de
bas-fonds habitées ;
1' Protéger les berges de Guet Ndar à l'Hydrobase
et de Ndar Toute à Goxumbacc ; 1' Une mise en place d'un système
d'assainissement adéquat ;
1' Une restructuration du quartier de Pikine ;
1' Un nettoyage du lit et des berges aux environs de la ville
;
1' Une fonctionnalité continue des deux stations de
pompage situées à Diaminar et Léona-Diameguène ;
1' Une ronde d'une équipe mobile de pompage à
l'intérieur des quartiers lors de l'hivernage pour évacuer les
eaux pluviales.
Tous ces aspects peuvent être associées à un
plan de gestion :
1' Modulation de l'ouverture des vannes du barrage de Diama ;
1' Ouverture concertée de la réserve de Bango ;
1' Informer périodiquement les autorités
administratives sur l'évolution de la crue ; 1' Suivi et contrôle
des ouvrages de protection ;
1' Renforcer le partenariat avec les sociétés
d'exploitation agricoles comme la Société d'aménagement et
d'exploitation des eaux du delta (SAED) et la Compagnie sucrière
sénégalaise (CCS) à la gestion des crues annuelles.
VI.2 AMENAGEMENTS
VI. 2.1 OBJECTIFS D 'AMENA GEMENT
L'élaboration des plans de réaménagement a
été guidée par les objectifs suivants :
assurer au lit du fleuve dans le bief une géométrie
et une pente atteignant l'équilibre morpho-sédimentologique;
favoriser la stabilisation naturelle de la brèche;
favoriser la végétalisation des talus et surfaces
dénudées pour minimiser les effets du ruissellement;
favoriser la création ou la reconstitution d'habitats
fauniques en permettant la circulation et la migration des espèces.
Vi 2.2 SCENARIOS D 'AMENA GEMENT
Dans le cadre de cette étude un certain nombre de
scénarii seront proposés. Chaque cas retenu aura probablement des
impacts environnementaux. Ces scénarii peuvent être
regroupés en quatre catégories principales d'interventions visant
la stabilisation des berges, des lits, des plaines d'inondation et des
talus.
VI.2.2.1 Stabilisation des berges Stabilisation par
enrochement
L'érosion des berges résulte habituellement de
l'action d'un certain nombre de facteurs dont l'élévation du
niveau des eaux, l'augmentation de la vitesse du courant, l'action des vagues
et le déplacement latéral du lit. La nature des matériaux
constituant les berges et leur pente sont aussi des paramètres
influençant l'érosion.
Figure 46- Coupe de la stabilisation par
enrochement
Ce type de scénario a consisté à mettre
en place une protection par enrochement (fig.46). Les enrochements servent
à empêcher l'érosion et les affouillements. Ils se
composent de pierres de remblai, posées sur des géotextiles
(formant une couche d'assise) pour éviter les affouillements. On
pourrait également mettre des revêtements bitumineux ou des
couvertures maintenues par des crampons.
Stabilisation végétale
Les parties supérieures des talus stabilisés par
enrochement peuvent être complétées, à de nombreux
endroits, par des interventions de stabilisation végétale.
Figure 47- Coupe de stabilisation
végétale
Cette technique consiste à stabiliser la partie
supérieure du talus au moyen de fagots, matelas de branches, boutures,
plants en caissette, etc (fig.47). De façon générale, la
réalisation de cette technique va nécessiter l'utilisation de
parties d'arbustes indigènes localisés à proximité
du site par exemple dans la zone de Gandiole et les branches ramassées
aux abords du fleuve.
Épi déflecteur
A certains endroits, il sera opportun de remplacer
l'enrochement précédemment proposé par un épi
déflecteur ou bien d'incorporer un tel épi à l'enrochement
dans le but de protéger davantage la berge (fig.48).
Figure 48- Vue de dessus de l'épi
déflecteur
Un tel ouvrage a pour but de dévier les eaux de la
berge et ainsi limiter l'érosion. Dans certains cas, les épis
vont aussi contribuer à augmenter ou à maintenir le potentiel
faunique du bief fluvial.
VI.2.2.2 Stabilisation des lits
La crue de 1999 et même en moindre importance celle de
2003 ont provoqué des phénomènes de dégradation et
d'aggradation du lit du fleuve. Cet ajustement naturel permet au fleuve de
retrouver éventuellement un état d'équilibre. Cependant,
ce retour naturel vers un état d'équilibre dynamique peut
s'avérer très long et causer entre temps des pertes
considérables de terrain. Ainsi les interventions peuvent consister
à redéfinir le lit du fleuve dans le bief, paver, draguer ainsi
que démanteler des embâcles.
Redéfinition des tracés du lit dans la
partie proximale de l'embouchure
Lors des crues de 1999 et celle de 2003, l'augmentation de la
vitesse du courant et de l'épaisseur de la lame d'eau a provoqué
de multiples perturbations du lit des cours d'eau. On peut ainsi faire
ressortir trois principaux types de problèmes : élargissement du
lit dans le bief, déplacement septentrional de l'embouchure ou formation
de méandres dans le secteur de Gandiole.
La détermination du nouveau lit du fleuve devrait donc
être réalisée en tenant compte notamment de l'interaction
entre les apports d'eau, la charge sédimentaire du bassin versant, la
nature géomorphologique du milieu, les caractéristiques
d'écoulement, la pente du cours d'eau et l'utilisation du territoire.
Construction de seuils
Au niveau de l'entrée de la brèche, les
modifications ont entraîné une pente moyenne du lit
supérieure à la pente d'équilibre et les vitesses
d'écoulement trop élevées. La mise en place d'un seuil
à la rupture de pente existante permettrait de garder un faible
dénivelé entre l'amont et l'aval de façon à
minimiser les excavations et d'avoir une hauteur d'eau subséquente
à l'aval du pont (fig.49). La construction de ce seuil aurait
également permis de réduire la pente longitudinale du bief et
d'obtenir une vitesse maximale acceptable du matériel sableux
constituant son lit et ses berges. La présence de ce seuil permettrait
la reconstitution naturelle du lit du fleuve par le dépôt des
sédiments migrant vers l'aval et aurait contribué à
stabiliser les berges susceptibles de s'effondrer.
Figure 49- Coupe du seuil en enrochement
Ce seuil possède donc une faible
dénivelée. De plus, une fosse de dissipation d'énergie
pavée serait aménagée au pied du seuil possédant
une pente de parement aval forte vers l'aval. Le dimensionnement de cette fosse
permet entre autres de confiner le ressaut hydraulique et de faciliter la
remontée vers la sortie de la brèche.
Pavage des lits
Le pavage du lit est préconisé pour éviter
un encaissement trop important du fleuve associé au
phénomène de dégradation du lit.
Le pavage consiste à enrocher le lit par de la pierre
de calibre suffisant pour supporter les forces tractrices maximales
engendrées par l'écoulement. Le calibre de la pierre et
l'épaisseur du pavage devraient être dimensionnés de
façon à résister à une crue de
2000m3s-1.
Dragage du fleuve
Bien que dans certaines sections du fleuve, des
quantités importantes de sédiments ont été
transportées par les débits de crue, à d'autres endroits
où la pente était moindre, ces mêmes sédiments se
sont déposés. Les accumulations se sont retrouvées souvent
sur des distances du PK0 à l'embouchure. Ces dépôts ont eu
pour effet de réduire de façon importante les sections
d'écoulement du fleuve dans le bief aval en comblant le lit et en
rehaussant le fond.
Des travaux de dragage seraient nécessaires afin de
dénuder le lit du fleuve et de reconstruire une section
d'écoulement suffisante. Une telle démarche a pour objectif
d'éviter des débordements additionnels en période de crue
et d'assurer ainsi la sécurité des personnes et de leurs
biens.
Nettoyage et démantèlement des
embâcles
Le passage de la crue a provoqué de fortes zones
d'érosion occasionnant le dépôt de branches d'arbres et de
débris de toutes sortes en plus des ordures ménagères. Ces
accumulations de bois ont créé des obstacles majeurs à la
libre circulation de l'eau. Dans certains cas, elles ont provoqué la
formation d'embâcles présentant des dangers potentiels pour les
pirogues mais également source de colmatage du lit du fleuve. Leur
nettoyage sous l'appui de la main d'oeuvre des populations et leur
sensibilisation à ce sujet seraient bénéfiques.
VI.2.2.3 Stabilisation des plaines
inondables
De nombreux dommages ont été observés
bien au-delà des limites naturelles du fleuve. Dans le secteur de Pikine
et des environs de Khor, les eaux ont en effet débordé du lit
mineur et considérablement élargi le lit majeur. Cette situation
a laissé place à de vastes plaines de débordement
très perturbées durant les périodes d'inondations.
Des travaux de terrassement et de nivellement pourraient
être réalisés sur ces plaines inondables fortement
perturbées. Ces interventions permettront notamment de modeler les rives
du fleuve, pour permettre un débordement sécuritaire lors des
crues.
Du point de vue économique, les scénarii
entraînant la construction d'ouvrages permanents, des investissements
lourds pour les travaux de dragage et d'entretien sont assez coûteux.
Elles dépendent de l'étendue de la zone à draguer et du
type et de la capacité des autorités à assumer les frais
économiques.
Cependant la formulation plus précise de ces
recommandations requièrent des informations complémentaires sur
:
les aspects environnementaux : qualité des eaux,
salinité, végétation, répartition des habitats ;
les aspects économiques : coûts des investissements
et de l'entretien associés a chaque scénario;
les aspects hydrauliques : effets à long terme sur les
processus de formation du cordon littoral et le plan d'eau en amont de Diama
;
les aspects sociaux : urbanisation future ; agriculture,
pêche, santé ...
D'autre part les deux réservoirs que sont le lac de
Guiers et le barrage de Diama permettent aussi de stocker une quantité
assez importante des eaux de la crue :
Le barrage permet de contrôler les écoulements
dans le bas estuaire ; le laminage du débit de pointe à Diama
à 1500 m3.s-1 diminue la hauteur de pointe crue.
La faisabilité d'un stockage amont supplémentaire serait d'un
apport considérable dans la recherche de solution. Elle aura
également des implications qui demandent un examen plus
poussé.
Le lac de Guiers, avec une superficie de l'ordre de 300
km2, offre des possibilités à cet égard. Si le
niveau du lac est relevé de 0.5 m, cela va créer un stockage
additionnel de 150 millions m3 (DGPRE ,2001). En y ajoutant les
possibilités de stockage offertes par le Ndiael et le lac R'kiz,
l'amplitude de la crue pourrait être baissée de façon
sensible.
Dorénavant l'étude pourrait être
approfondie, pour l'accomplissement de ces différentes
possibilités notamment avec une série de données de
période humide pour laquelle les volumes drainés par le fleuve
sont beaucoup plus importants.
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