Cette étude sur les déterminants de l'adoption
du dispositif amélioré d'étuvage du riz dans la commune de
Glazoué est une contribution à une meilleure connaissance des
perceptions des transformatrices sur ses atouts et contraintes. Elle a
l'avantage d'identifier les facteurs d'ordre technique, économique et
organisationnel pouvant constituer un frein ou un catalyseur pour l'adoption du
dispositif tout en contribuant à la connaissance du système
postrécolte du riz dans la commune de Glazoué.
Dans la commune de Glazoué, la quasi-totalité
du riz local consommé et commercialisé est étuvé.
L'étuvage est réalisé traditionnellement par les femmes
dont beaucoup jouent le rôle de commerçantes. La transformation
artisanale est presque exclusivement réalisée au moyen de
décortiqueuses de type "Engelberg", entraînés pour
la plupart par des moteurs diesels.
Après l'analyse des résultats obtenus, il
apparaît évident que la qualité du riz cargo dépend
principalement de la conduite des opérations post-récoltes
notamment celles de l'étuvage. En effet, la méthode
traditionnelle d'étuvage qui jusque là est pratiquée par
les transformatrices de la commune de Glazoué n'est pas performante et
ne favorise pas l'obtention d'un riz de bonne qualité répondant
au goût des consommateurs locaux. Les consommateurs choisissent leur riz
principalement en fonction de la propreté, du taux de brisure et de la
couleur pour le riz non cuit, du pouvoir gonflant, du goût et de la
texture pour le riz cuit. Ces déterminants de choix constituent autant
de critères de préférence dont le riz étuvé
avec la méthode traditionnelle n'arrive pas à satisfaire. Le
dispositif amélioré d'étuvage permet d'obtenir du riz
cargo répondant aux préférences des consommateurs, en
témoigne les notes supérieures à quatre donnés
à ce riz par les consommateurs tous critères confondus. Ainsi, la
qualité du riz obtenu au décorticage constitue le premier
avantage lié à l'utilisation du dispositif amélioré
exprimé par la totalité des transformatrices
enquêtées. En plus de ceci, le dispositif amélioré
présente aussi l'avantage de favoriser un séchage rapide du
paddy, le transvasement facile du paddy après cuisson et rend moins
pénible le travail d'étuvage du riz. L'utilisation du dispositif
contribue à la réduction du risque lié à un mauvais
séchage du paddy après étuvage qui constitue une
contrainte majeure à l'étuvage traditionnel surtout en
période de pluie où selon les perceptions, l'activité
d'étuvage du riz devient plus rentable.
Malgré ces avantages du dispositif, il présente
bien des contraintes. Les contraintes majeures liées au dispositif
amélioré sont : son coût d'acquisition élevé
et sa consommation élevée en bois pour les petites
transformatrices. Les transformatrices ne perçoivent pas la
rapidité de la cuisson et par conséquent la réduction de
la consommation en bois qu'à partir de plusieurs (au moins 2) lots de
paddy étuvés. Ceci pourra constituer un frein pour l'adoption du
dispositif par les petites transformatrice qui n'étuvent que de
très petites quantités de paddy. Les observations sur le terrain
montrent qu'il existe une corrélation entre le type de foyer
utilisé par la transformatrice et sa perception de la durée de
cuisson et par conséquent de la consommation en bois. En effet la
plupart des transformatrices utilisent un foyer constitué de trois
pierres. Ce qui fait qu'au cours de la cuisson, il en résulte une perte
énorme en énergie, allongeant le temps de cuisson et par
conséquent la consommation en bois.
L'analyses des acteurs intervenant dans la promotion du riz
étuvé et du dispositif montre que plusieurs acteurs interviennent
directement dans la vulgarisation du dispositif. Au rang de ces acteurs qui
vulgarisent le dispositif, on distingue trois réseaux : le réseau
des ONGs, du CeCPA et des organisations paysannes. A l'intérieur de
chaque réseau, les acteurs agissent en synergie. Mais cette coordination
d'action n'existe pas entre les réseaux. Ceci a pour conséquence
une mauvaise organisation des interventions qui ne permet pas à tous les
groupements de bénéficier des formations alors que dans le
même temps d'autres en reçoivent plusieurs.
Aussi, le choix des groupements comme pôle de
démonstration du dispositif constituet-il un biais pour sa diffusion
dans la mesure où le niveau de fonctionnement de ces derniers n'offre
pas la possibilité d'essai du dispositif à la masse. Or, selon
Rogers (1983), la possibilité d'essai est une caractéristique
importante déterminant l'adoption d'une innovation. De plus, les
professionnels de l'étuvage que nous pouvons assimiler aux " paysans
progressistes" n'appartiennent pas aux groupements. L'orientation de la
vulgarisation vers les groupements ne permet donc pas à ces derniers
d'avoir accès aux informations de première main sur le
dispositif. Et, nul n'ignore la déformation de l'information lorsqu'elle
passe d'une main à une autre. C'est là que se trouve le biais.
Dans le cas d'espèce, la vulgarisation s'adresse prioritairement aux
petites transformatrices au détriment des grandes transformatrices au
lieu d'une combinaison des deux. Ceci montre les limites de ce mode
d'intervention qui tend d'ailleurs à devenir une panacée au
niveau des structures d'intervention et surtout des ONGs. Par ailleurs, nous
avons remarqué qu'il n'existe pas de relation entre les artisans
formés pour la duplication du dispositif et les transformatrices
(utilisateurs potentiels) ; conséquence, ces
dernières n'ont pas souvent d'information sur le lieu
d'approvisionnement du dispositif et des modalités d'achat d'une partie
de l'ensemble (achat du bac uniquement par exemple) pouvant concourir à
la réduction du coût d'adoption.