5.4.2. Le décorticage du riz paddy
Le décorticage du riz paddy consiste à le
débarrasser des balles et sons de façon à le rendre
comestible. En effet, le riz tel qu'on le récolte, est constitué
du grain proprement dit ou caryopse, protégé de glumes et de
glumelles. On le rend comestible grâce au décorticage qui le
débarrasse des balles (enveloppe très dure) en conservant ou non,
tout ou parti des couches dures du péricarpe, qui contient l'ensemble
des sels minéraux et des vitamines.
Dans la commune de Glazoué, on distingue deux
systèmes de décorticage : le décorticage manuel et le
décorticage mécanique.
5.4.2.1 Le décorticage manuel
Le décorticage est réalisé
traditionnellement par les femmes au moyen de mortier et de pilons. Pour
obtenir un riz décortiqué, les femmes effectuent deux à
trois pilages successifs. Chaque pilage est suivi d'un vannage.
L'opération se déroule en deux phases : le décorticage
proprement dit et le polissage. Le polissage consiste à ajouter du grain
de sable fin ou des glumes au riz cargo issu du décorticage et à
piler jusqu'à l'obtention des grains un peu plus lisses. Selon
Houndékon (1996), une femme décortique en moyenne 5,13 kg de
paddy étuvé en une heure et 7 kg pour le riz non
étuvé avec un rendement moyen de 65% dont 5% de petites
brisures.
Le décorticage manuel est considéré comme
très pénible par les femmes qui sont disposées à
payer pour faire réaliser cette opération par des prestataires
(les meuniers). Selon nos enquêtes, le système de
décorticage manuel n'est pratiqué par les femmes que pour de
très petites quantités de paddy. L'existence de
décortiqueuses dans nos villages d'étude est un facteur qui
favorise cette option.
Notons que le riz décortiqué manuellement
comporte généralement beaucoup d'impuretés (cailloux,
pierres et grains non décortiqués) qui demandent beaucoup de
travail de triage lors de sa préparation. Ce qui diminue sa
qualité.
5.4.2.2. Le décorticage
mécanique
Le décorticage mécanique est, dans la zone
d'étude, le système de décorticage le plus
pratiqué. Il s'agit du décorticage réalisé à
l'aide de décortiqueuse de type Engelberg. La décortiqueuse de
type Engelberg est composée essentiellement d'une Trémie
d'aluminium,
d'un arbre cannelé en fonte, tournant à
l'intérieur d'un carter muni d'un tamis à la base, et d'une lame
d'acier jouant un rôle de freinage des grains (voir photo 4).
Photo 4: Décortiqueuse de type
Engelbert
Le décorticage est effectué par un principe de
friction / cisaillement lors du passage des grains entre le cylindre et la
lame. Les décortiqueuses Engelberg utilisées dans notre zone
d'étude sont actionnées par des moteurs thermiques Diesel. Selon
Houndékon (1996), la capacité horaire de ces moulins est
d'environ de 100 kg. On distingue deux versions de décortiqueuse de type
Engelberg : la version mobile et la version fixe. C'est cette dernière
qui est rencontrée dans notre zone d'étude. Le prix
pratiqué par les décortiqueuses est de 10FCFA /kg à
Glazoué et 12 FCFa /kg à Magoumi et à
Ouèdèmè.
5.5. La commercialisation du riz local
La commercialisation du riz paddy est assurée
exclusivement par des commerçants privés dans la commune de
Glazoué. Le circuit de commercialisation du paddy comporte trois types
de commerçants : les grossistes collecteurs, les grossistes
transformateurs et les détaillants transformateurs. Les grossistes
collecteurs sont ceux qui achètent le riz à bas prix au moment de
la récolte, le stockent pour le revendre deux à six voir dix mois
après. En effet, le paddy est mis dans des sacs de jutes puis entreposer
dans des magasins, sur du bois ou des briques, pour le stockage. Les grossistes
collecteurs s'assurent du séchage complet des grains paddy avant leur
achat pour le stockage. Elles s'assurent que le paddy est complètement
sec lorsque la balle se détache facilement du grain en le frottant entre
la paume des deux mains ou lorsque le grain produit un son aigu sous la dent.
Selon les commerçants, lorsque le paddy n'est pas bien sec, il se
développe des moisissures dans le stock qui créent de dommage au
paddy ; ce qui constitue des pertes. Le paddy non bien sec se conserve mal.
Les grossistes transformateurs ont pour but non pas de
revendre le paddy brut mais de s'approvisionner en matière
première pour la transformation. Ils achètent le paddy soit des
producteurs soit des collecteurs. Les détaillants transformateurs sont
ceux qui achètent le paddy en petite quantité auprès du
producteur ou du collecteur grossiste, l'étuvent et le font
décortiquer et procèdent aussitôt à sa vente. La
figure 6 présente le circuit de commercialisation du riz local dans la
commune de Glazoué.
PRODUCTEURS
COLLECTEURS
GROSSISTES
DETAILLANTS TRANSFORMATEURS
MEUNIERS DECORTIQUEURS
CONSOMMATEURS
DETAILLANTS
GROSSISTES TRANSFORMATEURS
Décorticage
Figure 6 : Circuit de commercialisation du riz local
Source : Enquête, 2006
> Les unités/instruments de mesure
Le tableau 11 montre les instruments de mesure du riz dans la
zone d'étude ainsi que leurs équivalences en kilogrammes. Les
équivalences concernent la contenance des unités en riz paddy.
Tableau 11: instruments de vente du riz
Nom de l'instrument/unité Equivalence en
kilogramme (kg)
Bassia 33.25
Tchaga 25
Sogo 1.75
Tongolo 0.7
Source : Enquête, 2006
> Les taxes
Le commerçant doit faire face à deux types de
taxe sur le marché de Glazoué. Il s'agit de la taxe communale qui
s'élève à 100 FCFA par sac de riz cargo et la taxe de
gestion du marché ou droit de place fixée à 100 FCFA par
« marché ».
> Le financement
Pour financer leurs activités, les transformatrices et
commerçantes ont besoin de capital. De nos enquêtes, il ressort
qu'il s'agit d'un facteur limitant et les principales sources de financement
sont les fonds propres, les prêts auprès des amis et parents. Les
transformatrices pensent qu'elles sont exclues du secteur financier formel
compte tenu des exigences pour l'octroi de crédit à ce niveau.
Elles trouvent le taux d'intérêt appliqué par les
institutions formelles de crédit (CLCAM5, CREP6,
ASF7) élevé, le délai de remboursement
inadéquat ainsi que les garanties exigées inopportunes. Les
besoins de financement généralement exprimés par les
transformatrices sont les crédits pour l'achat du paddy en
période d'abondance où les prix sont bas. En effet, en
période d'abondance (Décembre- Janvier), le prix de la bassine ou
"bassia" oscille autour de 4000 FCFA contre 7500FCFA en période de
pénurie (Juillet- Septembre).
5 CLCAM : Casse Locale de Crédit Agricole Mutuel
6 CREP : Caisse Rural d'Epargne et de Prêt 7 ASF :
Association des Services Financiers
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